Les Tchèques élisent leurs députés, Babis en tête des sondages mais sans certitude de gouverner information fournie par AFP 03/10/2025 à 16:09
Les électeurs tchèques votent vendredi et samedi pour des législatives que l'ancien Premier ministre Andrej Babis pourrait remporter, mais sans l'assurance d'une majorité.
A 71 ans, le milliardaire né en Slovaquie ambitionne de reprendre les rênes du pays qu’il a dirigé entre 2017 et 2021, promettant plus de justice sociale et de réduire l'aide à l'Ukraine.
Les bureaux de vote ont ouvert à 12H00 GMT et fermeront à 20H00 GMT, avant de rouvrir samedi de 06H00 GMT à 12H00 GMT, avec des résultats attendus dans la soirée.
Avec 30% environ des intentions de vote, le mouvement ANO ("Action des citoyens mécontents", "OUI" en tchèque) de M. Babis devance la coalition gouvernementale de centre droit "Ensemble" de Petr Fiala (20%).
Jusqu'ici, le pays d'Europe centrale de 10,9 millions d'habitants, membre de l'Union européenne (UE) et de l'Otan, soutient Kiev face à l'invasion russe.
Il a aussi accueilli plus de 500.000 réfugiés ukrainiens dont 300.000 y vivent toujours. Ce qui alimente les reproches de nombreux électeurs contre le gouvernement de Petr Fiala, dont ils estiment qu'il a négligé la population tchèque.
Selon une analyse de l'institut de recherche PAQ, un tiers des foyers Tchèques vivent moins bien aujourd'hui que lors du précédent scrutin.
Jeudi soir, lors de leur dernier débat télévisé, Andrej Babis a jugé que Prague aidait déjà suffisamment Kiev.
"Chaque année, nous envoyons 2,5 milliards d'euros dans le budget à Bruxelles. Et la nouvelle proposition pour le nouveau budget comprend une grande somme pour l'Ukraine", a-t-il souligné.
Face à lui, M. Fiala a mis en garde : "Resterons-nous un pays prospère, sûr et libre, ou allons-nous nous diriger quelque part vers l'est?".
"Je ne me sens pas bien par rapport à la situation actuelle, j'ai peur de la Russie et donc, je crains également que des partis qui ne partagent pas ces mêmes craintes puissent gouverner", a déclaré à l'AFP Jan Burysek, un entrepreneur de 60 ans, parmi les premiers à voter à Prague.
"Nous ne devrions pas tourner le dos à l'Ukraine et à l'aide à l'Ukraine", a estimé Magdalena Servitova, une bibliothécaire de 50 ans qui ne veut pas "que des partis racistes ou extrémistes prennent le pouvoir".
La veille, Jaroslav Kolar, un géographe de 68 ans, réclamait lui du "changement (...) On ne peut pas suivre Bruxelles aveuglément".
Formé en 2021, l’exécutif de M. Fiala comprend également le parti centriste STAN (environ 12% dans les sondages), tandis que les Pirates, crédités de 9%, l'ont quitté en 2024.
Cependant, même ensemble, ces formations ont peu de chance de trouver à nouveau une majorité stable. Or elles ont exclu une alliance avec M. Babis, autoproclamé "trumpiste" et proche du Hongrois Viktor Orban.
- Réseaux prorusses -
Ses adversaires reprochent à Andrej Babis de confondre les intérêts de la République tchèque avec ceux de son groupe chimique et alimentaire.
Septième fortune du pays selon Forbes avec 3,9 milliards de dollars, il doit être jugé pour fraude aux subventions européennes.
Parmi ses alliés potentiels figurent le mouvement d’extrême droite SPD, crédité de 12% des votes, ainsi qu'une liste appelée la "Voix des automobilistes" et une coalition de gauche radicale.
L'autre inconnue du scrutin, qui doit pourvoir 200 sièges, sera l'attitude du président de la République Petr Pavel, un indépendant élu en 2023 contre M. Babis. L'ancien chef des forces de l'Otan qui veut garantir l'avenir du pays dans l'UE, a laissé entendre qu'il pourrait avoir du mal à nommer Premier ministre M. Babis, cofondateur avec M. Orban du groupe parlementaire eurosceptique "Patriotes pour l'Europe".
Josef Mlejnek, de l'université Charles, dit à l'AFP ne pas s'attendre à "un changement fondamental" si M. Babis gagnait. "C'est un homme d'affaires pragmatique et la seule chose qui lui importe est" de récupérer le pouvoir.
La campagne a toutefois suscité l’intérêt de réseaux prorusses. Le Centre tchèque de recherche sur les risques en ligne a signalé une activité accrue sur TikTok, avec des contenus favorables aux partis antisystème.
La Commission européenne a organisé "une réunion d'urgence avec TikTok" à ce sujet jeudi, a déclaré vendredi le porte-parole Thomas Regnier, ajoutant: "Nous voyons aujourd'hui qu'apparemment les autorités tchèques sont satisfaites du fait que TikTok ait supprimé plusieurs bots".