Les positions de Moscou et Kyiv en vue d'éventuelles négociations de paix
information fournie par Reuters 17/10/2025 à 16:56

Le président américain Donald Trump a annoncé jeudi qu'il rencontrerait prochainement son homologue russe Vladimir Poutine pour discuter des moyens de mettre fin à la guerre entre la Russie et l'Ukraine.

Voici les principales positions affichées aujourd'hui par Moscou et Kyiv - et des Occidentaux - dans la perspective d'éventuels pourparlers de paix :

TERRITOIRES

La Russie contrôle plus de 116.000 km2 en Ukraine, soit un peu moins de 20% de la superficie du pays, selon l'armée russe.

Moscou affirme que la Crimée, annexée en 2014, les oblasts de Donetsk et Louhansk - qui forment la région du Donbass dans l'est du pays - ainsi que les oblasts de Zaporijjia et Kherson, dans le sud du pays, font partie intégrante de la Russie, ce que conteste la communauté internationale.

Vladimir Poutine avait détaillé en 2024 des propositions de paix réclamant que l'Ukraine se retire de l'ensemble de ces régions, ce qui incluait de vastes zones non contrôlées par Moscou.

Selon trois sources proches du Kremlin, le président russe a demandé uniquement, lors de son entretien en tête à tête avec Donald Trump à Anchorage en août dernier, que l'Ukraine se retire des zones qu'elle contrôle encore dans l'oblast de Donetsk, soit environ 20% de la province ou 5.300 km2.

La Russie exige aussi la reconnaissance par les pays occidentaux de son annexion de la Crimée, s'appuyant sur l'exemple de la reconnaissance du Kosovo malgré l'opposition de la Russie et de la Serbie.

Le président ukrainien Volodimir Zelensky a admis que certains territoires occupés par les forces russes pourraient être reconnus "de facto" et temporairement par Kyiv mais exclut toute reconnaissance "de jure" (de droit).

Volodimir Zelensky ajoute qu'il n'est pas habilité à abandonner des territoires et que tout retrait des forces ukrainiennes exposerait davantage l'Ukraine comme ses alliés européens à la menace de nouvelles attaques russes.

OTAN

L'une des principales conditions posées par Moscou comme préalable à un accord de paix est l'engagement des Occidentaux à cesser tout élargissement de l'Alliance atlantique vers l'est de l'Europe.

Lors du sommet de Bucarest en 2008, les pays membres de l'Otan sont convenus d'intégrer à terme l'Ukraine et la Géorgie mais ont repoussé le processus d'adhésion sine die. Ils se disent prêts à adresser à l'Ukraine une invitation à rejoindre l'Alliance quand ils l'auront décidé et qu'ils jugeront les conditions réunies.

En 2019, l'adhésion à l'Otan et l'Union européenne comme objectif stratégique a été inscrite dans la Constitution ukrainienne et tout changement réclamerait la tenue d'un référendum.

Donald Trump a exclu pour sa part l'entrée de Kyiv dans l'Otan, perspective présentée par Moscou comme l'un des motifs de son "opération militaire spéciale" lancée en février 2022, soit l'invasion de l'Ukraine par l'armée russe.

GARANTIES DE SÉCURITÉ

L'Ukraine cherche à obtenir de ses alliés la garantie qu'elle ne sera pas à nouveau envahie par la Russie mais les Occidentaux redoutent tout engagement contraignant qui les précipiterait dans une guerre avec la Russie.

L'UE et l'Otan se concentrent jusqu'ici sur un soutien logistique et militaire, sur la préparation des infrastructures et sur la dissuasion stratégique.

La Russie souhaite remettre sur la table des propositions discutées en mars-avril 2022 qui prévoyaient que Kyiv renonce à ses ambitions atlantistes et accepte un statut de neutralité permanente en échange de garanties de sécurité fournies par les cinq membres permanents du Conseil de sécurité des Nations unies - Etats-Unis, Russie, Chine, France, Royaume-Uni.

Kyiv et ses alliés européens jugent que la Russie ne peut pas être considérée comme un garant fiable et que la neutralité de l'Ukraine rendrait le reste de l'Europe vulnérable.

Moscou veut également limiter les capacités des forces armées ukrainiennes, une hypothèse rejetée par l'Ukraine.

COMMERCE ET AVOIRS GELÉS

Après son entretien avec Vladimir Poutine jeudi, Donald Trump a déclaré que les échanges commerciaux russo-américains pourraient reprendre en cas d'accord de paix.

Le partenariat "sans limites" forgé entre la Russie et la Chine depuis la guerre en Ukraine inquiète à Washington où certains proposent d'éloigner Moscou de Pékin en le rapprochant des Etats-Unis.

De son côté, la Russie espère mettre fin à l'interdiction d'utiliser le dollar dans ses transactions et d'avoir de nouveau accès aux institutions financières occidentales.

Les Européens étudient quant à eux les moyens de financer la défense et la reconstruction de l'Ukraine avec les quelque 210 milliards d'euros d'avoirs russes gelés dans des comptes en Occident, ce qui constituerait un vol pour Moscou.

La Russie a uniquement suggéré que cet argent soit employé à la reconstruction des régions ukrainiennes sous son contrôle.

ENFANTS

La "first lady" Melania Trump dit avoir ouvert, depuis le sommet d'Anchorage, une ligne de communication avec Vladimir Poutine afin de rapatrier en Ukraine ou en Russie des enfants "déplacés" par les combats. L'Ukraine a également obtenu la libération d'enfants ukrainiens par le biais du Qatar.

(Rédigé par Guy Faulconbridge et Olena Harmash, Jean-Stéphane Brosse pour la version française, édité par Kate Entringer)