Les internes attaquent les hôpitaux universitaires en justice sur leur temps de travail
information fournie par Boursorama avec Media Services 01/12/2022 à 15:16

Trois syndicats d'interne en médecine et en pharmacie ont annoncé jeudi 1er décembre avoir assigné en justice les centres hospitaliers universitaires de France. Ils les accusent de ne pas respecter leur plafond légal de 48 heures de travail par semaine

Jeudi 1er décembre, l'Isni, l'Isnar-IMG (médecine) et la FNSIP-BM (pharmacie) ont annoncé avoir attaqué la trentaine de centres hospitaliers universitaires (CHU) de France. Les trois syndicats accusent les CHU d'abuser des internes en ne respectant pas leur plafond légal hebdomadaire de 48 heures de travail .

Le 22 juin, la haute juridiction administrative avait enjoint aux hôpitaux publics de se doter d'un "dispositif fiable, objectif et accessible permettant de décompter" le temps de travail de leurs médecins et internes.

Les trois syndicats s'étaient basés sur cette décision pour lancer un ultimatum à tous les CHU de France, afin de leur laisser" une chance de mettre en œuvre des réponses concrètes à ce problème", écrivent les trois syndicats dans un communiqué commun dévoilé en juillet.

En l'absence de progrès sérieux, les trois syndicats d'internes ont décidé le 28 novembre d'attaquer les CHU en justice, "pour que le droit du travail des internes soit enfin respecté", mentionne un communiqué. Les assignations ont été déposées devant les tribunaux administratifs.

19% des étudiants en médecine ont des idées suicidaires

Selon un sondage de juillet 2021 cité par les syndicats, 70% des internes déclarent dépasser les 48 heures hebdomadaires, et la moitié 58 heures. "Ce dépassement organisé du temps de travail a de lourdes conséquences sur notre santé mentale", soulignent ces organisations.

En 2021, une enquête syndicale avait montré que "75% des étudiants en médecine présentaient des symptômes anxieux, 67% des symptômes de burn-out, 39% des symptômes dépressifs et 19% des idées suicidaires".

"En refusant de prendre au sérieux le dépassement de notre temps de travail, les CHU pérennisent ces conditions", estiment les trois syndicats, dénonçant "le cynisme de la situation", qui sert à "pallier le manque de moyens de l'hôpital public".

Les internes affirment assurer, "à un salaire dérisoire de 5,42 euros par heure réellement travaillée", un "travail de secrétariat, de brancardage, d'aide opératoire". Autant de salariés que "le CHU n'a plus à employer", estiment-ils.

"Le dépassement du temps de travail ne sert pas à notre formation, mais à notre exploitation", accusent-ils également.