Les Européens temporisent sur la reconnaissance de la Palestine, Trump raille Macron
information fournie par Reuters 25/07/2025 à 20:00

(Actualisé avec communiqué E3, déclarations de Starmer, députés britanniques)

Grande-Bretagne, Allemagne et Italie ont temporisé vendredi sur la question de la reconnaissance d'un Etat palestinien, au lendemain de l'annonce du président français Emmanuel Macron en ce sens, soulignant les divergences d'approche des Européens en la matière.

Le président américain Donald Trump a de son côté tourné en dérision l'annonce de son homologue Emmanuel Macron, qui s'est engagé à reconnaître un Etat palestinien en septembre, affirmant que cette décision "ne changera rien".

"Ce qu'il (Macron) dit n'a aucune importance", a déclaré Donald Trump à des journalistes à la Maison blanche. "C'est un bon gars. Je l'aime bien, mais sa déclaration n'a aucun poids. Ça ne va rien changer."

La décision d'Emmanuel Macron a également été vivement critiquée par le gouvernement israélien alors que le Premier Benjamin Netanyahu comme Washington semblent vouloir tourner le dos aux

négociations

en vue d'un accord de cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

L'annonce du président français est intervenue peu avant que le Premier ministre britannique Keir Starmer n'indique qu'il tiendrait vendredi une réunion d'urgence avec l'Allemagne et la France sur la situation humanitaire dans la bande de Gaza.

Les trois pays ont appelé Israël à lever toutes les restrictions sur l'acheminement d'une aide humanitaire dans la bande de Gaza et à permettre à l'Onu et aux ONG de mener à bien leur travail afin de lutter contre la famine dans le territoire palestinien. "La catastrophe humanitaire à laquelle nous assistons à Gaza doit cesser immédiatement", ont-ils dit.

S'exprimant sur le sujet de la reconnaissance d'un Etat de Palestine, Keir Starmer a déclaré qu'il y était favorable "sans équivoque" mais "dans le cadre d'un plan plus large qui débouchera sur une solution à deux Etats et une sécurité durable pour les Israéliens et les Palestiniens".

Un tiers des députés de la Chambre de communes, soit plus de 220 élus issus majoritairement du Labour, ont adressé vendredi un courrier au Premier ministre travailliste pour l'exhorter à reconnaître un Etat palestinien.

Berlin, dont la position à l'égard d'Israël est fortement influencée par les conséquences de la Shoah, a fait savoir qu'elle n'avait pas l'intention d'emboîter le pas de Paris "à court terme".

"La sécurité d'Israël est d'une importance capitale pour le gouvernement allemand", a déclaré vendredi le porte-parole du gouvernement, soulignant que la priorité de Berlin est de parvenir aux "avancées attendues depuis longtemps" vers une solution à deux Etats.

Le ministre italien des Affaires étrangères, Antonio Tajani, a dit pour sa part vendredi que la reconnaissance d'un Etat palestinien devait intervenir simultanément avec la reconnaissance d'Israël par la nouvelle entité.

"Un Etat palestinien qui ne reconnaît pas Israël signifie que le problème ne sera pas résolu", a-t-il déclaré lors d'une réunion de Forza Italia, membre de la coalition gouvernementale de la présidente du Conseil, Giorgia Meloni.

UNE LONGUE QUÊTE

Le président palestinien Mahmoud Abbas, dans un communiqué saluant la démarche française, a félicité les dirigeants de l'Arabie saoudite d'avoir joué "un rôle clé pour encourager la décision de la France de reconnaître l'Etat de Palestine", a rapporté l'agence de presse officielle palestinienne Wafa.

"Le président Abbas a exhorté tous les pays, en particulier les nations européennes qui n'ont pas encore reconnu l'Etat de Palestine, à le faire sur la base de la solution à deux États approuvée au niveau international", a déclaré Mahmoud Abbas.

L'Arabie saoudite a fait pression sur la France pour qu'elle reconnaisse la Palestine au cours de l'année écoulée, via des initiatives menées par le ministre saoudien des Affaires étrangères Faisal ben Farhan, a déclaré une source proche de la cour royale.

Les Palestiniens cherchent depuis longtemps, via un processus de paix négocié, à créer un Etat indépendant en Cisjordanie, à Gaza et à Jérusalem-Est – des terres conquises par Israël lors de la Guerre des Six Jours, en 1967.

Les détracteurs de l'Etat hébreu l'accusent d'avoir détruit les perspectives d'un Etat palestinien en multipliant la construction de colonies juives en Cisjordanie et en rasant une grande partie de Gaza depuis le début du conflit actuel.

L'Organisation de libération de la Palestine a reconnu le droit d'Israël à exister en paix en 1993, au début du processus de paix soutenu par les Etats-Unis qui a mis en place l'Autorité palestinienne, dirigée par Mahmoud Abbas, dans ce que les Palestiniens espéraient être un tremplin vers la création d'un État.

Mais le Hamas et les autres groupes islamistes palestiniens qui dominent à Gaza et s'opposent fréquemment aux forces israéliennes en Cisjordanie refusent de reconnaître Israël. La charte fondatrice du Hamas, en 1988, appelait à la destruction d'Israël, même si ses dirigeants ont parfois proposé une trêve à long terme avec Israël en échange d'un État palestinien viable sur l'ensemble du territoire palestinien. Mais Israël y voit surtout une ruse.

(Reportage Miranda Murray et Andreas Rinke à Berlin, Ali Sawafta à Ramallah, Pesha Magid à Ryad, Angelo Amante à Rome; version française Claude Chendjou, édité par Augustin Turpin et Kate Entringer)