Les entreprises françaises commencent à aller mieux, certaines espèrent une reprise d'activité en fin d'année, selon plusieurs études
information fournie par Boursorama avec Media Services 15/07/2025 à 09:09

( AFP / ERIC PIERMONT )

"On n'en est pas au franc rebond, mais plusieurs indicateurs amorcent peut-être la fin des baisses inquiétantes", assure Philippe Mutricy, directeur des études de Bpifrance.

Serait-ce le début de la fin ? Enlisées depuis trois ans dans les incertitudes diverses, certaines entreprises françaises espérent une reprise d'activité en fin d'année, montrent des études publiées ce mois-ci.

La dernière enquête semestrielle de Bpifrance Le Lab, auprès de plus de 4.700 dirigeants de TPE-PME, s'intitule "Stabilisation". "On n'en est pas au franc rebond, mais plusieurs indicateurs amorcent peut-être la fin des baisses inquiétantes", avance Philippe Mutricy, directeur des études de Bpifrance. Les perspectives d'activité pour la fin d'année gagnent 15 points à +22 chez les PME de plus de 100 salariés, qui anticipent une hausse de 2,7 % de leur chiffre d'affaires en 2025. "Or, souligne Philippe Mutricy, ces grandes PME ressentent souvent les améliorations avant les autres, c'est peut-être un message positif".

Les entreprises exportatrices et innovantes affichent aussi des perspectives plus favorables : les opinions des dirigeants de ces entreprises sont devenues positives quant à une reprise de l'activité fin 2025.

Incertitudes face à Donald Trump

L'enquête a toutefois été réalisée avant que Donald Trump n'annonce samedi vouloir taxer les produits européens à 30% dès le 1er août. Les droits de douane américains, déjà à 10% depuis avril, et l'incertitude liée aux embardées du président Trump sur cette question pèsent sur des secteurs comme l'agroalimentaire, notamment la viticulture, la chimie ou l'ingénierie, selon l'enquête mensuelle de conjoncture de juin de la Banque de France : 6% des entreprises françaises se disent impactées. Néamoins, l'enquête montre une meilleure activité en juin. Elle s'explique par un regain après les trois longs ponts de mai, mais dépasse aussi les attentes des chefs d'entreprises, notamment dans l'industrie, les services marchands et le bâtiment.

Et ces derniers anticipent une nouvelle progression en juillet. "L'économie française se maintient plutôt", avec une "croissance ralentie, mais positive", a commenté sur RMC le gouverneur de la Banque de France, François Villeroy de Galhau. Celle-ci a été de 0,1% au premier trimestre. L'institution l'anticipe à 0,1% aussi au deuxième trimestre et à 0,6% pour l'année.

Autre signal d'un possible léger mieux : les défaillances d'entreprises, en forte hausse depuis 2023, se stabilisent, quoique à un niveau élevé. Selon le cabinet Altares, 16.586 procédures ont été enregistrées au deuxième trimestre, mais la hausse par rapport à 2024 se limite à 1,3%, "loin des +23% d'il y a un an". 65.000 emplois sont menacés par ces défaillances, soit une baisse de 6,5% sur un an.

Le moral des très petites entreprises est fragile

"La tendance est d'autant plus remarquable, souligne Altares, si l'on suit le détail mois par mois : après avril encore dans le rouge, (le mois de) mai a stoppé la hausse, et juin a confirmé le reflux". Cependant, tempère le directeur des études d'Altares Thierry Millon, "la conjoncture fragile et les perspectives incertaines minent la confiance des ménages et appellent à la prudence". Les Français alimentent en effet peu l'économie, avec un taux d'épargne à 18,8% au premier trimestre, un record depuis 45 ans (hors crise sanitaire).

Concernant les entreprises, la Banque de France a analysé les documents fiscaux 2024 de 1,6 million de PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) et livre un diagnostic globalement rassurant : elles abordent 2025 avec des fondamentaux solides, "marges résistantes, endettement en baisse, trésorerie stable". La banque centrale française note toutefois une "légère dégradation" de leur capacité de remboursement et estime que les plus fragiles pourront rencontrer des difficultés.

Et selon une enquête du SDI (syndicat des Indépendants), le moral des très petites entreprises est fragile : 86% des dirigeants ont un état d'esprit négatif, et 54% constatent une baisse de chiffre d’affaires au deuxième trimestre - ce qui est toutefois mieux qu'au premier trimestre, où 69% déclaraient une telle baisse.