Les Américains restent confrontés à une inflation persistante information fournie par Boursorama avec AFP 24/10/2025 à 17:20
Les Américains continuent de faire face à une inflation qui s'inscrit dans la durée au-dessus de l'objectif de 2% voulu par la Réserve fédérale (Fed), une hausse des prix, notamment portée par la remontée de ceux de l'énergie, qui pèse de plus en plus sur leur pouvoir d'achat.
Selon les données publiées vendredi par le département du Travail, près de dix jours après la date initialement prévue, l'indice CPI a continué à s'accélérer en septembre dans la première économie mondiale, pour s'établir désormais à 3% sur un an, contre 2,9% un mois plus tôt.
La publication de cet indice a été repoussée à cause de la paralysie budgétaire ("shutdown") de l’État fédéral, qui a eu notamment pour effet la suspension de l'ensemble des publications macroéconomiques depuis le début du mois.
L'indice CPI est ainsi le seul indicateur publié, en retard cependant, car il est considéré comme essentiel, dans la mesure où les pensions de retraite des Américains sont revalorisées selon son évolution.
Sur un mois, les prix à la consommation ont en revanche légèrement décéléré, à 0,3%, contre 0,4% au mois d'août, malgré une hausse des prix de l'énergie.
Ils se sont ainsi établis en deçà des anticipations des analystes, qui s'attendaient à 0,4% de hausse, selon le consensus publié par briefing.com.
"L'inflation est en dessous des attentes du marché grâce à la politique économique du président Trump", a posté sur X la porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt.
Mais le shutdown "risque d'entraîner l'absence de publication de l'inflation pour octobre, ce qui laisser les entreprises, les marchés, les familles et la Réserve fédérale dans le flou", a-t-elle ajouté.
L'inflation dite sous-jacente, c'est-à-dire excluant les éléments considérés comme volatils que représentent l'alimentation et l'énergie, a également connu un léger ralentissement sur un mois, à 0,2%, ainsi que sur un an, à 3% (contre 3,1% un mois plus tôt).
- La Fed attendue au tournant -
"Ce n'est pas la forte hausse des prix que tout le monde craignait avec la mise en place des droits de douane", a souligné dans une note le chef économiste de HFE, Carl Weinberg, pour qui "rien ici ne semble montrer que la Fed pourrait renoncer à abaisser ses taux".
Les économistes anticipent depuis plusieurs mois que les droits de douane mis en place par le président américain Donald Trump, actuellement à un taux moyen effectif de 17% selon le Budget Lab de l'Université Yale, risquaient de tirer à la hausse l'inflation, sans s'accorder cependant sur l'ampleur de celle-ci.
Mais "si de nombreuses entreprises ont jusqu'ici limité la pression sur les coûts" provoquée par les droits de douane "en augmentant leurs inventaires et réduisant leurs marges, ces coussins sont en train de se réduire peu à peu, nous anticipons un choc cumulé provoqué par les droits de douane de 0,8 point de pourcentage d'ici début 2026", a prévenu dans une note le chef économiste EY, Gregory Daco.
Sans surprise, l'indice CPI était aussi particulièrement attendu par Wall Street, sevré d'indicateurs depuis le début du mois.
Le fait que l'inflation ait moins progressé qu'anticipé est plutôt bien reçu par les investisseurs, les principaux indices de la place new-yorkaise étant orientés à la hausse à l'ouverture.
"Le marché prend clairement note de cette dernière publication, qui pointe très vraisemblablement vers une nouvelle baisse des taux de la Fed", a de son côté estimé Kevin Ford, dans une note pour Convera.
Le Comité de politique monétaire de la Fed (FOMC) doit en effet se réunir mardi et mercredi prochain, les marchés anticipant une nouvelle baisse de 0,25 point, qui porterait ses taux directeurs dans une fourchette prévue entre 3,75% et 4%, selon l'outil de veille de CME, FedWatch.
Signe que les investisseurs anticipent bien cette baisse à venir, les taux des obligations américains à 10 ans sont en baisse, de même que le dollar face à l'euro.
"Si l'on regarde les prix à la consommation actuellement, on s'oriente vers une baisse", avait estimé avant la publication de l'indice CPI auprès de l'AFP Tim Urbanowicz, pour Innovator Capital Management.
Néanmoins, "nous ne devons pas seulement voir l'inflation se maintenir, mais baisser pour que cet abaissement des taux soit justifiée"', a-t-il ajouté.