Le Royaume-Uni durcit sa politique d'asile
information fournie par AFP 17/11/2025 à 12:26

Des migrants tentent de traverser la Manche avec des bateaux de passeurs au large de la plage de Gravelines, dans le Nord, le 27 septembre 2025 ( AFP / Sameer Al-DOUMY )

Le gouvernement travailliste britannique présente lundi une grande réforme pour durcir sa politique d'asile et d'immigration, espérant décourager les arrivées de migrants sur de petits bateaux qu'il peine à endiguer et qui alimentent la montée de l'extrême droite dans le pays.

Voici les mesures déjà connues, et déjà très critiquées, de cette réforme défendue par la ministre de l'Intérieur Shabana Mahmood comme "la plus ambitieuse" mise en place au Royaume-Uni pour réduire l'immigration irrégulière.

- Statut temporaire pour les réfugiés -

Le statut de réfugié va devenir temporaire. Les réfugiés devront "rentrer dans leur pays d'origine dès qu'il sera jugé sûr" et leur situation sera réexaminée tous les 30 mois.

Ils devront attendre 20 ans, contre cinq actuellement, pour demander un titre de résidence permanente, une mesure largement inspirée du modèle danois.

Les possibilités d'appels en cas de refus d'asile seront réduites.

En parallèle, le gouvernement a promis d'ouvrir de nouvelles voies d'immigration légale, sans plus de détail à ce stade.

Depuis le 1er janvier, 39.292 personnes sont arrivées au Royaume-Uni à bord de petites embarcations, soit plus qu'en 2024. La quasi-totalité demandent l'asile une fois sur le territoire britannique.

- Accès aux aides limité -

Le gouvernement travailliste prévoit de supprimer le soutien financier automatique de l'Etat aux demandeurs d'asile.

Actuellement, le gouvernement leur verse une allocation hebdomadaire et leur fournit un hébergement, mais le recours - coûteux - à des hôtels pour loger les demandeurs d'asile est très critiqué.

Des migrants attendent un bateau de passeurs pour traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le Nord, le 27 septembre 2025 ( AFP / Sameer Al-DOUMY )

Les aides sociales seront également supprimées "pour ceux qui ont le droit de travailler et qui peuvent subvenir à leurs besoins" mais ne le font pas, ou encore pour les personnes condamnées.

Le gouvernement n'a pas démenti lundi une information du tabloïd The Sun, selon laquelle il envisage de puiser dans les ressources (argents, biens) des personnes demandant l'asile pour financer leur hébergement.

"Il est normal que les personnes possédant des biens contribuent à leur prise en charge", a déclaré le secrétaire d'Etat à l'immigration Alex Norris sur Times radio.

- Révision de l'application de la CEDH -

Le gouvernement veut modifier l'application au Royaume-Uni de la Convention européenne des droits de l'homme pour faciliter les expulsions.

La ministre de l'Intérieur britannique Shabana Mahmood lors du congrès du parti travailliste le 29 octobre 2025 ( AFP / Oli SCARFF )

Shabana Mahmood compte réduire le champ de son article 8 sur le droit au respect de la vie privée et familiale. Seules les personnes ayant des membres de leur famille proche déjà au Royaume-Uni (enfants, parents) pourront rester dans le pays.

Londres entend aussi réformer la loi sur l'esclavage moderne, découlant de l'article 3 de la CEDH, pour réduire son champ d'application devant les tribunaux en matière de demande d'asile.

A terme, le Royaume-Uni souhaite ouvrir des négociations pour modifier cet article.

Les demandes d'asile ont augmenté de 18% en 2024, alors qu'elles baissaient de 13% dans l'ensemble de l'Union européenne sur la même période, selon les chiffres du gouvernement. Plus de 400.000 demandes ont été enregistrées depuis 2021, contre 150.000 sur la période 2011-2015.

- Menaces sur les visas -

Le gouvernement menace de restreindre l'octroi de visas à l'Angola, la Namibie et la RDC, qu'il accuse de ne pas coopérer suffisamment pour réadmettre leurs ressortissants en situation irrégulière.

Ils ont "un mois" pour améliorer les choses, a prévenu lundi Alex Norris sur la chaîne Sky News.

Des migrants à bord de bateaux de passeurs tentent de traverser la Manche au large de la plage de Gravelines, dans le Nord, le 27 septembre 2025 ( AFP / Sameer Al-DOUMY )

Selon Londres, cela concerne "des milliers" de personnes en situation irrégulière actuellement au Royaume-Uni.

D'autres pays pourraient aussi être ciblés, notamment ceux qui affichent "des taux élevés de demandes d'asile" de personnes entrées légalement au Royaume-Uni.

- Un plan déjà critiqué -

Shabana Mahmood doit présenter la totalité de son plan devant le Parlement lundi après-midi, mais les premières mesures suscitent une vive opposition au sein du Labour et d'ONG d'aides aux demandeurs d'asile.

Le député travailliste Tony Vaughan a déploré une rhétorique qui encourage une "culture de la division", tandis que l'association Refugee Council a qualifié ces mesures de "dures" et "inutiles".

Le secrétaire d'Etat Alex Norris a rejeté lundi toute "considération de politique" politicienne, alors que certains accusent le Labour, à la peine dans les sondages, de vouloir chasser sur les terres du parti anti-immigration Reform UK, largement en tête des intentions de vote.