Le réseau de froid, solution "vertueuse" pour climatiser information fournie par AFP 15/08/2025 à 08:38
A 13 mètres sous terre, la vague de chaleur pousse à plein régime les machines de la centrale: le réseau de froid de la Part-Dieu, au coeur de Lyon, permet au quartier d'affaires de se climatiser à moindre coût énergétique.
A l'extérieur, la vigilance canicule vient de tomber d'un cran mais les températures, avec des pointes à 35°C, continuent de faire souffrir les organismes. Pour se rafraîchir, les Lyonnais se réfugient autant qu'ils peuvent dans des lieux climatisés, comme le centre commercial de la Part-Dieu, le plus grand de France.
L'air frais qui les soulage trouve son origine dans une immense salle souterraine en béton immaculé, ouverte à l'occasion d'une visite à la presse, où des tuyaux de toutes tailles quadrillent le champ de vision.
La centrale ne recourt pas à un système classique qui, lors de la production de froid, rejette l'air chaud vers l'extérieur. "C'est le pire qu'on puisse faire" parce que cela aggrave les îlots de chaleur urbains, relève Gerald Campbell-Robertson, directeur général d'ELM, filiale de l'opérateur de la centrale Dalkia.
L'installation utilise de l'eau à rafraîchir, qu'elle trouve non pas dans une nappe phréatique comme c'est souvent le cas, mais à proximité, dans les parkings sous-terrains du quartier.
Le pompage des eaux d'infiltration est inévitable dans les parkings de ce type pour éviter les inondations, mais cette eau n'est pas toujours réutilisée - ce que les spécialistes appellent une "énergie fatale".
- Piscines de glace -
Lancée en 2020, en complément d'une première centrale datant des années 1970, la centrale de Mouton-Duvernet fonctionne de façon autonome 24h/24 et 7 jours/7. Seuls des techniciens et opérateurs de maintenance y passent de temps en temps.
Dans cette installation, l'eau à 15°C est refroidie à 5°C par deux machines de 47 tonnes. Elle parcourt ensuite les 14 kilomètres du réseau de froid, avant de revenir plus chaude - et le cycle de refroidissement recommence.
"L'eau tourne en permanence, depuis des années c'est la même", souligne Gerald Campbell-Robertson.
Dans le fond de la salle, quatre énormes piscines permettent en complément de stocker de la glace. "Ces bacs-là aujourd'hui sont très pleins, on les vide vers 12-14H00 quand il fera très chaud", explique le directeur.
"En terme énergétique, on voit que les solutions collectives de ce type sont plus vertueuses que des solutions individuelles", se félicite le président écologiste de la métropole Bruno Bernard.
"Avec 1kW électrique, on fait 11 kW de froid" soit un coefficient de performance de 11, explique Gerald Campbell-Robertson. C'est bien mieux qu'"une petite clim' mobile" (0,7) et même qu'une climatisation de type pompe à chaleur (2,5 à 3), selon lui.
- 18 millions -
Le réseau de la Part-Dieu précède l'élection des écologistes en 2020 à la tête de l'agglomération. Depuis, un autre réseau de froid a vu le jour dans le sud de Lyon, dans le quartier de Gerland, puisant son eau dans les alluvions du Rhône.
"Ce ne sont pas des petits investissements", observe M. Bernard - 18 millions d'euros pour Gerland. "Mais ce sont des modèles économiques viables au prix du marché", assure-t-il.
A la Part-Dieu, outre le centre commercial, la gare et de nombreux bâtiments comme le Campus Orange, l'hôpital et des data centers sont raccordés au réseau. Soit 750.000 m2 refroidis par la centrale, qui produit environ 27.000 MWh/an.
Petit bémol aux yeux de la collectivité: seulement quelques copropriétés ont fait le choix de se raccorder.
"Sur un bâtiment neuf, ça ne coûte pas plus cher de raccorder, il faut juste le penser dès le départ", argue Gerald Campbell-Robertson.
Sur le territoire de la métropole, deux réseaux supplémentaires, à la fois producteurs de froid et de chaud, sont attendus d'ici 2027. En France en 2023, on comptabilisait une quarantaine de réseaux de froid.