Le procès de l'homme qui a poignardé Salman Rushdie s'ouvre aux USA
information fournie par Reuters 04/02/2025 à 14:33

Le procès de l'homme accusé d'avoir tenté d'assassiner l'écrivain Salman Rushdie lors d'une conférence à New York en 2022 s'ouvre mardi aux Etats-Unis avec la sélection du jury.

Hadi Matar, alors âgé de 24 ans en août 2022, s'est rué sur la scène de la Chautauqua Institution dans l'État de New York alors que Salman Rushdie était présenté au public.

L'auteur, qui était pour sa part âgé de 75 ans au moment des faits, a été poignardé à plusieurs reprises, une agression qui lui a coûté la vue à l'oeil droit et causé des dommages au niveau du foie.

Hadi Matar a plaidé non coupable aux accusations de tentative de meurtre au second degré. Salman Rushdie, qui a fait l'objet de nombreuses menaces de mort depuis la publication, en 1988, de son roman "Les Versets sataniques", sera l'une des premières personnes à témoigner lors du procès.

L'écrivain a publié des mémoires relatant l'attaque, et a affirmé lors de plusieurs entretiens qu'il pensait qu'il allait mourir sur la scène de l'institution ce jour-là.

Salman Rushdie, qui a grandi dans une famille musulmane du Cachemire, a dû se cacher en 1989 sous la protection de la police britannique après que l'ayatollah Rouhollah Khomeini, alors guide suprême de l'Iran, avait qualifié "Les Versets sataniques" de blasphématoires.

La fatwa (décret religieux) prononcée par l'ancien guide suprême de la Révolution iranienne incitait ses fidèles à assassiner l'écrivain et toute autre personne impliquée dans la publication du livre, avec plusieurs millions de dollars à la clé.

Le gouvernement iranien a décidé en 1998 de ne plus soutenir la fatwa, permettant à Salman Rushdie de reprendre une vie normale et de devenir un membre éminent des cercles littéraires de la ville de New York, où il habite depuis.

Lors d'une interview accordée au New York Post après l'attaque, l'assaillant dit avoir quitté son domicile dans le New Jersey après avoir eu vent de la conférence de l'auteur, déclarant ne "pas aimer" celui-ci et lui reprochant d'avoir attaqué l'islam. Hadi Matar, qui porte la double nationalité américaine et libanaise, s'est également montré surpris que sa victime ait survécu, a rapporté le New York Post.

Le procès a été reporté à deux reprises, la dernière fois après que l'avocat de la défense a essayé, sans succès, de le déplacer vers un autre lieu, arguant que Hadi Matar ne pouvait pas faire face à un procès juste à Chautauqua.

L'audience aura lieu dans le tribunal du comté de Chautauqua à Mayfield, une ville d'environ 1.500 habitants située près de la frontière canadienne. Si Hadi Matar est reconnu coupable de tentative de meurtre, il pourrait faire face à une peine maximale de 25 ans de prison.

Le jeune homme est également inculpé à l'échelon fédéral pour avoir tenté d'assassiner Salman Rushdie pour "acte de terrorisme au nom du Hezbollah" et pour avoir fourni un soutien matérial au groupe armé, que les États-Unis ont désigné comme organisation terroriste.

(Reportage Jonathan Allen à New York ; version française Pauline Foret, édité par Kate Entringer)