Le pape Léon appelle le Moyen-Orient à rejeter "l'horreur de la guerre" information fournie par Reuters 02/12/2025 à 17:13
(Actualisé avec nouvelles déclarations et départ de Léon XIV)
par Joshua McElwee et Catherine Cartier
Le pape Léon XIV a achevé mardi au Liban sa première tournée à l'étranger en tant que chef de l'Église catholique, en exhortant les dirigeants du Moyen-Orient à entendre les appels à la paix de leurs peuples et à rejeter "l'horreur de la guerre".
Le premier souverain pontife originaire des Etats-Unis, s'adressant lors d'une messe à une foule de 150.000 personnes rassemblées sur le front de mer de Beyrouth, a également plaidé pour que le Liban s'attaque à des années de conflits, de paralysie politique et de marasme économique.
Léon XIV a déclaré que la région dans son ensemble avait besoin de nouvelles approches pour surmonter ses divisions politiques, sociales et religieuses.
"Le chemin de l'hostilité mutuelle et de la destruction dans l'horreur de la guerre a été emprunté trop longtemps, avec les résultats déplorables que tout le monde a sous les yeux", a-t-il dit. "Nous devons changer de cap. Nous devons éduquer nos cœurs à la paix !"
Léon XIV était arrivé dimanche au Liban, deuxième étape de sa première tournée à l'étranger en tant que souverain pontife, après un premier passage en Turquie au cours duquel il a souligné le danger pour l'humanité des nombreux conflits en cours et condamné la violence au nom de la religion.
Peu connu sur la scène internationale avant son élection le 8 mai, le pape a été suivi de près lors de ses premiers discours à l'étranger et de ses premiers échanges en dehors de l'Italie, majoritairement catholique.
Au Liban, il a appelé les chefs des différentes confessions religieuses à s'unir et a pressé les dirigeants politiques de maintenir leurs efforts de paix après la guerre qui a opposé l'année dernière Israël et le Hezbollah - soutenu par l'Iran -, alors même que les frappes israéliennes se poursuivent.
Le pape a également demandé à la communauté internationale "de ne s'épargner aucun effort pour promouvoir les processus de dialogue et de réconciliation" et à ceux qui détiennent "l'autorité politique et sociale" d'"écouter le cri de (leurs) peuples qui appellent à la paix".
"QUE LES ATTAQUES ET LES HOSTILITÉS CESSENT"
Dans un discours prononcé à l'aéroport de Beyrouth, quelques instants avant son retour à Rome, Léon XIV a fait sa première allusion aux frappes israéliennes, déclarant qu'il n'avait pu se rendre dans le sud du Liban car la région "connaît actuellement un état de conflit et d'incertitude".
"Que les attaques et les hostilités cessent", a-t-il demandé. "Nous devons reconnaître que la lutte armée n'apporte rien."
Le président libanais Joseph Aoun a demandé au pape de continuer à prier pour son pays. "Nous avons entendu votre message. Et nous continuerons à l'incarner."
Les foules, qui s'étaient rassemblées mardi sur les quais de Beyrouth plusieurs heures avant le début de la messe, ont agité des drapeaux du Vatican et du Liban tandis que Léon XIV parcourait les lieux dans sa papamobile, offrant sa bénédiction.
Plus tôt dans la journée, il avait visité un hôpital psychiatrique géré par des religieuses de l'ordre franciscain et prié près des décombres du port de Beyrouth, où une explosion chimique a ravagé une partie de la ville en 2020.
Cette explosion a fait plus de 200 morts et provoqué des milliards de dollars de dégâts, mais l'enquête sur ses causes est dans l'impasse et n'a pas permis d'en établir les responsabilités.
Le pape a prié et déposé une gerbe de fleurs sur les lieux de l'explosion, saluant une soixantaine de survivants et de proches de victimes de différentes religions qui brandissaient des photos des disparus.
Léon XIV a également offert à chacun un chapelet dans une pochette ornée de ses armoiries. Une femme en pleurs l'a salué et lui a demandé si elle pouvait l'embrasser, ce qu'il a accepté en l'étreignant.
Selon Cécile Roukoz, qui a perdu son frère dans l'explosion, le pape "élèvera la voix pour la justice et nous avons besoin de justice pour toutes les victimes".
Le Liban, qui compte la plus grande proportion de chrétiens du Moyen-Orient, a subi les répercussions de la guerre de Gaza, qui a elle-même déclenché un conflit entre Israël et le Hezbollah, avec une offensive dévastatrice de l'Etat hébreu.
Le pays, qui accueille un million de réfugiés syriens et palestiniens, peine également à surmonter une grave crise économique, conséquence de décennies de dépenses excessives qui l'ont plongé dans la récession et le surendettement en 2019.
(Reportage Joshua McElwee et Catherine Cartier, avec Maya Gebeily, version française Benjamin Mallet, édité par Sophie Louet)