Le gouvernement veut liquider l'éditeur de "60 millions de consommateurs" d'ici à mars information fournie par AFP 14/10/2025 à 16:35
Le projet de budget du gouvernement prévoit la liquidation, d'ici à mars 2026, de l'Institut national de la consommation (INC), éditeur depuis 1970 du magazine "60 millions de consommateurs" qui pourrait lui être vendu à un acteur privé, selon un document consulté par l'AFP.
"L'établissement public" INC, qui emploie quelque soixante salariés, dont une vingtaine de journalistes, "est dissous et mis en liquidation (...) au plus tard le 31 mars 2026", indique le document budgétaire, confirmant une mesure dans les tuyaux depuis plusieurs mois et que doit préciser un décret.
Créé en 1966 et devenu un établissement public industriel et commercial (EPIC) en 1990, l'INC "a pour mission d'apporter un appui technique aux organisations de consommateurs" et "de produire et diffuser des informations, études, enquêtes et essais comparatifs auprès du grand public et des professionnels", est-il rappelé.
La "situation financière" de cette structure basée à Malakoff (Hauts-de-Seine) est de "plus en plus dégradée, avec un déficit d'exploitation croissant", et les perspectives "crédibles d'amélioration" sont "faibles", justifie le texte.
"Une solution dite de rebond présenterait un coût très élevé" sans garantie de retour à l'équilibre. "Dans ce contexte, il est proposé de retenir la solution de la cession de l'activité de presse" à "un acteur privé" et "la dissolution de l'établissement".
"Des démarches visant à la recherche d'un repreneur" du mensuel ont "été engagées" et pourront être poursuivies par le liquidateur. "En cas de cession", la "commission des participations et transferts" sera saisie notamment pour "émettre un avis sur la procédure", d'après le document.
Contacté par l'AFP, Lionel Maugain, délégué du SNME CFDT à l'INC, a redit l'opposition des salariés à ce "sacrifice" aux "raisons budgétaires pas du tout convaincantes".
"Avec un déficit de 719.000 euros" en 2024 pour un chiffre d'affaires de 11,6 millions d'euros, ce n'est pas l'INC qui "ruine les finances de la France", a-t-il fait valoir.
"Nous allons concentrer l'essentiel de nos efforts à convaincre les députés d'amender cette décision", a ajouté M. Maugain.
Le magazine, dont proviennent deux tiers des recettes de l'INC, compte quelque 80.000 abonnés, pour 20.000 à 30.000 exemplaires vendus en kiosque chaque mois, selon M. Maugain.
"Qui accepterait de reprendre" un titre dont la ligne éditoriale repose sur l'absence de publicité commerciale et le paiement d'études comparatives coûteuses, interroge-t-il ?
Les associations de consommateurs sont également vent debout contre la suppression de l'INC. "La santé et la sécurité des consommateurs sont en jeu", ont ainsi estimé un douzaine d'organisations comme Foodwatch, l'Union nationale des associations familiales (Unaf) ou encore Indecosa-CGT (association pour l'information et la défense des consommateurs salariés-CGT), dans un communiqué début octobre.
Dans un autre, Indecosa-CGT a appelé "à la mobilisation la plus large pour la sauvegarde" des agences comme l'INC qui "jouent un rôle majeur".
Fin 2024, l'association UFC-Que Choisir s'était dite intéressée par un rachat de "60 millions de consommateurs" à condition de ne pas le faire "tout seul".