Le gouvernement tranche sur la rémunération des docteurs juniors en médecine générale information fournie par AFP 28/08/2025 à 19:18
Les futurs docteurs juniors en médecine générale, sur lesquels le gouvernement compte pour lutter contre la désertification médicale, connaissent désormais leur rémunération, tranchée par le gouvernement.
L'exécutif a publié jeudi au Journal officiel trois décrets et arrêtés fixant les primes auxquelles pourront prétendre ces futurs docteurs juniors (en quatrième année d'internat de médecine générale), ainsi que leurs maîtres de stage, ces praticiens qui les accueilleront dans leurs cabinets.
Ces décisions étaient très attendues par les intéressés, alors que le système doit entrer en vigueur le 1er novembre 2026 et que des négociations étaient en cours depuis plusieurs mois.
Au final, les quelque 3.700 docteurs juniors généralistes toucheront, pour leur mission d'un an, 2.792 euros bruts mensuels, selon les chiffres publiés jeudi par l'intersyndicale nationale des internes (Isni) et l'Anemf (association des étudiants en médecine).
A cette rémunération de base s'ajoutera parfois une prime semestrielle de 500 euros, si le jeune praticien réalise "au moins 200 actes ou consultations par mois en moyenne sur le semestre".
Les docteurs juniors exerçant en zone d'intervention prioritaire - les moins bien dotées en médecins - toucheront en plus une prime mensuelle de 1.000 euros bruts.
Selon les textes au JO, les maîtres de stage, qui accueilleront et encadreront les jeunes médecins dans leur cabinet, toucheront des "honoraires pédagogiques" de 600 euros mensuels bruts par étudiant, plus une "indemnité de compensation des charges liées à l'encadrement spécifiques", de 1.200 euros bruts par mois.
Pourra s'y ajouter une prime mensuelle de 800 euros bruts, si le maître de stage exerce en zone d'intervention prioritaire, en zone d'action complémentaire - autre type de zone sous-dotée - ou en quartier prioritaire de la politique de la ville.
Et une prime de 400 euros bruts mensuels, si le maître de stage accepte de superviser son interne quand celui-ci fait des gardes les nuits et week-ends.
Jusqu'à présent, les futurs généralistes ne faisaient que trois années d'internat avant d'être entièrement diplômés.
Mais le gouvernement a rajouté, à partir de 2026, une année d'internat supplémentaire, celle des "docteurs juniors", sur lesquels il compte pour aller épauler les généralistes, notamment en zone sous-dotée.
"Cette réforme attendue depuis des années n'est pas une simple évolution technique: c'est une décision politique forte pour l'avenir de la médecine générale et pour l'égalité d'accès aux soins", a estimé Yannick Neuder, le ministre chargé de la Santé, dans un message sur le réseau social Linkedin.
Dans un communiqué commun, l'Isni et l'Anemf ont regretté que le gouvernement ait choisi un système de rémunération fixe, et non de rétrocession d'honoraires perçus comme elles le réclamaient.
Elles ont cependant estimé que le montant de la rémunération obtenu était "une victoire certaine" pour les futurs docteurs juniors généralistes, "alors que le modèle initial du gouvernement prévoyait une rémunération inférieure" à celle des docteurs juniors des autres spécialités.
De son côté, l'Isnar-IMG, une organisation centrée sur les internes en médecine générale, a donné "0/20 à la copie du gouvernement", dénonçant une rémunération "anti-pédagogique, inégalitaire et salariale".
"Les conditions d'accueil des docteurs juniors restent brouillonnes" et les futurs maîtres de stage pour l'instant "absents", a-t-elle également averti.