Le Venezuela libère le Français Camilo Castro, en route vers Paris information fournie par AFP 16/11/2025 à 14:19
Après les sorties de prison de Cécile Kohler et Jacques Paris en Iran et la grâce de l'écrivain Boualem Sansal en Algérie, un Français détenu au Venezuela depuis fin juin, Camilo Castro, a été libéré et est attendu à Paris dimanche dans l'après-midi.
"Camilo Castro est libre. Je partage le soulagement de ses proches et remercie tous ceux qui ont œuvré à sa libération", a annoncé dimanche matin sur X le président Emmanuel Macron, assurant que "la France avance parfois sans bruit, mais toujours avec détermination et sang-froid".
"On ne peut pas se représenter (l'émotion que cela représente, NDLR) par rapport à toutes les joies qu'on a dans la vie, toutes les bonnes surprises, tous les soulagements", a réagi à l'AFP la mère de M. Castro, Hélène Boursier.
Professeur de yoga de 41 ans, Camilo Castro avait disparu le 26 juin au poste-frontière de Paraguachon, séparant le Venezuela de la Colombie, où il réside. Il s'y était rendu pour renouveler son visa de séjour colombien, selon sa famille, avant de disparaître.
Les autorités vénézuéliennes ont tardé à reconnaître qu'elles le détenaient et n'ont jamais communiqué le motif de son arrestation.
Son beau-père, Yves Guibert, qui a eu Camilo Castro au téléphone après sa libération quand il était à l'ambassade de France à Caracas, a confié qu'il "était extrêmement heureux d'être sorti, un peu surexcité et en même temps encore dans une forme d'inquiétude tant qu'il n'avait pas quitté le territoire du Venezuela".
Camilo Castro est "dans l'avion qui le ramène en France", a indiqué le ministre des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot sur X.
Il n'y a eu "aucune contrepartie" pour sa libération, a-t-il assuré sur France Inter et FranceinfoTV, ajoutant que M. Castro avait fait les frais "d'accusations sans fondements".
"Je salue le geste des autorités vénézuéliennes. Je remercie tout particulièrement mes homologues brésiliens et mexicains qui ont passé un certain nombre de messages en lien étroit avec moi", a-t-il ajouté.
Ce succès pour la diplomatie française survient après la sortie de prison, le 4 novembre, de Cécile Kohler et Jacques Paris, deux Français détenus en Iran depuis trois ans et désormais hébergés à l'ambassade de France à Iran, et la grâce obtenue le 12 novembre par l'Allemagne de l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré pendant un an par l'Algérie et désormais soigné en Allemagne.
- Tensions régionales -
Camilo Castro a indiqué vouloir que "la lutte continue pour ses co-détenus, parce qu'il y a des personnes de toutes nationalités qui sont encore là-bas", selon Thierry Galvez, coresponsable d'Amnesty International Midi-Pyrénées où est installé sa famille.
"Ce n'est pas parce que pour nous ça se termine bien qu'on va s'arrêter là. On pense aux autres, on ne va pas les oublier", a martelé sa mère, militante de longue date d'Amnesty International.
Le Venezuela est considéré comme un pays ayant recours à la pratique de la "diplomatie des otages", à l'instar notamment de l'Iran, arrêtant des ressortissants étrangers utilisés ensuite comme levier de négociation.
Cette libération intervient dans un contexte de vives tensions entre le Venezuela et les Etats-Unis.
Washington mène depuis septembre des frappes aériennes au large de l'Amérique latine contre des navires présentés, sans preuve, comme appartenant à des trafiquants de drogue et ont promis une récompense pour la capture du président vénézuélien Nicolas Maduro. Les frappes américaines ont coulé au moins 21 navires dans les eaux internationales et fait au moins 80 morts.
Selon Caracas, Washington utilise la lutte antidrogue comme prétexte pour imposer un changement de gouvernement à la tête du Venezuela et s'emparer du pétrole du pays.
Dans un rapport publié mi-juillet, Amnesty International a de son côté dénoncé la politique de "disparitions forcées" menée par le pouvoir vénézuélien contre des opposants et des ressortissants étrangers depuis la réélection de Nicolas Maduro.
"Les autorités vénézuéliennes semblent utiliser cette pratique pour justifier leurs récits sur les +conspirations étrangères+ et comme monnaie d'échange dans les négociations avec d'autres pays", avait accusé l'ONG de défense des droits humains.