Le Congrès américain avance vers une fin de la paralysie budgétaire
information fournie par AFP 11/11/2025 à 05:56

Le Capitole de Washington, siège du Congrès américain, le 5 novembre 2025 ( AFP / Mandel NGAN )

Le Sénat américain a adopté lundi un texte qui, une fois approuvé par la Chambre des représentants, lèverait la paralysie budgétaire après plus de 40 jours de "shutdown", mais qui est source de dissensions dans le camp démocrate.

La proposition de loi adoptée à 60 voix pour et 40 contre étend le budget actuel jusque fin janvier. Le texte doit désormais être débattu et adopté à partir de mercredi à la Chambre des représentants, avant d'atterrir sur le bureau de Donald Trump pour une promulgation qui mettrait officiellement fin à la paralysie d'une partie de l'Etat fédéral.

"Nourrissez tout le monde. Payez nos militaires, nos fonctionnaires et la police du Capitole. Mettez fin au chaos dans les aéroports. Le pays avant le parti", a clamé lundi sur X le sénateur démocrate John Fetterman, qui a voté en faveur de la mesure républicaine.

Le chef de la majorité républicaine au Sénat, John Thune, a écrit sur le même réseau social être heureux de soutenir "la voie vers la fin de ce +shutdown+ inutile, d'une manière responsable qui permette de payer rapidement les fonctionnaires et de rouvrir le gouvernement fédéral".

Avant le vote, le président américain s'était réjoui d'avoir obtenu suffisamment de voix démocrates au Sénat pour sortir de l'impasse.

"C'est dommage qu'il ait été fermé, mais on va rouvrir notre pays très rapidement", a déclaré Donald Trump devant la presse à la Maison Blanche.

Le chef républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, avait aussi exprimé son optimisme lundi concernant une sortie de la paralysie "cette semaine". "Notre long cauchemar national touche enfin à sa fin", a-t-il dit lors d'une conférence de presse.

Depuis le 1er octobre et le début du blocage, plus d'un million de fonctionnaires ne sont pas payés, le versement de certaines aides est fortement perturbé, tout comme le trafic aérien, avec maintenant des centaines d'annulations de vols chaque jour.

- "Souffrances prolongées" -

Au coeur du différend entre républicains et démocrates depuis plus de 40 jours: la question des coûts de santé.

Le parti de Donald Trump, majoritaire au Congrès, proposait une simple extension du budget actuel, tandis que l'opposition réclamait une extension de subventions pour le programme d'assurance santé "Obamacare", à destination principalement des ménages à bas revenus.

Ces subventions doivent expirer à la fin de l'année, et les coûts de l'assurance santé devraient ainsi plus que doubler en 2026 pour 24 millions d'Américains qui utilisent "Obamacare", selon KFF, un cercle de réflexion spécialisé sur les questions de santé.

En raison des règles en vigueur au Sénat, plusieurs voix démocrates étaient nécessaires pour adopter un budget même si les républicains y sont majoritaires. Au total, huit démocrates ont finalement voté pour un nouveau texte.

La sénatrice démocrate américaine Jeanne Shaheen, au palais présidentiel du Liban, à Baabda, le 26 août 2025 ( AFP / ANWAR AMRO )

"Des semaines de négociations avec les républicains ont montré clairement qu'ils ne discuteraient pas des questions de santé" pour mettre fin à la paralysie, a assuré dans un communiqué l'une d'entre eux, la sénatrice démocrate Jeanne Shaheen.

"Attendre plus longtemps ne fera que prolonger les souffrances que les Américains ressentent à cause du +shutdown+", a-t-elle ajouté.

Connus pour la plupart comme centristes, ces huit élus de l'opposition ont obtenu l'annulation du licenciement de milliers de fonctionnaires fédéraux par l'administration Trump depuis le début de la paralysie.

- "Pas de bonne foi" -

Ils sont en revanche repartis les mains presque vides sur les questions de santé, n'arrachant pas une extension des subventions dans le texte final, mais seulement une promesse du chef républicain du Sénat quant à la tenue d'un vote prochain sur cette question.

Une promesse creuse, ont dénoncé de nombreux élus démocrates, car le chef de la Chambre, Mike Johnson, a lui refusé de s'engager à prévoir un même vote à la chambre basse.

De nombreux élus et sympathisants démocrates appellent désormais à ce que des têtes tombent.

Le premier visé: Chuck Schumer, chef de la minorité au Sénat. S'il a voté non dimanche soir, il est soupçonné par de nombreux élus et sympathisants démocrates d'avoir poussé en coulisses pour que ces élus modérés parviennent à un accord avec les républicains.