Le commanditaire présumé d'un triple féminicide en Argentine arrêté au Pérou
information fournie par AFP 01/10/2025 à 07:24

Des proches des trois jeunes femmes assassinées participent à une marche pour la justice à Buenos Aires, le 27 septembre 2025 ( AFP / Luis ROBAYO )

La police péruvienne a arrêté mardi le commanditaire présumé d'un violent triple féminicide perpétré en Argentine, où ces crimes liés selon les autorités au narcotrafic ont provoqué l'indignation.

L'interpellation dans un camion transportant du poisson de "Petit J", soupçonné d'être un trafiquant, intervient près d'une semaine après la découverte, mercredi dernier, des corps mutilés de Morena Verdi et Brenda del Castillo, deux cousines âgées de 20 ans, et de Lara Gutiérrez, 15 ans.

Les dépouilles avaient été enterrées près d'une maison dans la grande banlieue sud de Buenos Aires, après, selon les autorités argentines, une séance de torture diffusée en direct sur un compte fermé sur les réseaux sociaux.

Alors que des milliers de personnes ont manifesté samedi à Buenos Aires pour réclamer justice, la ministre argentine de la Sécurité, Patricia Bullrich, a annoncé mardi sur X "la capture des deux fugitifs du triple crime" par la police péruvienne, dont le commanditaire présumé, "Petit J".

Agé d'environ 20 ans, ce Péruvien est soupçonné d'être un trafiquant qui menait ses activités criminelles depuis Zavaleta, un quartier précaire au sud de Buenos Aires. Un mandat d'arrêt international avait été émis à son encontre.

La ministre a également fait part de l'arrestation, toujours au Pérou, d'un autre suspect, Matias Ozorio. Âgé d'environ 23 ans, il serait le bras droit de "Petit J", selon les médias locaux citant des sources proches de l'enquête.

Au total, neuf personnes ont jusqu'à présent été arrêtées dans cette affaire.

Capture vidéo de l'interpellation à Lima au Pérou le 30 septembre 2025 du commanditaire présumé du meurtre de trois jeunes femmes en Argentine ( AFPTV / Carlos MANDUJANO )

A Lima, devant la presse, le directeur des enquêtes criminelles de la police péruvienne, le général Zenon Santos Loayza Díaz a expliqué aux journalistes que "Petit J" était entré au Pérou depuis l'Argentine en passant par la Bolivie et qu'il avait pour destination la ville de Trujillo, à 560 kilomètres au nord de la capitale péruvienne.

Grâce à des "outils technologiques", la police l'a localisé près de Chilca, à 75 kilomètres au sud de la capitale, "à bord d'un camion transportant du poisson". "Mais c'est à l'intérieur de la cabine, sur le siège arrière, que +Petit J+ a été retrouvé", a-t-il précisé.

Il a également indiqué que le suspect n'avait pas de casier judiciaire au Pérou, mais que selon les autorités argentines, il se livrait depuis deux ans à des "activités de tueur à gages" et de "microtrafic de cocaïne", et que son père a été assassiné en 2018.

- "Préjugés" -

Selon Javier Alonso, ministre de la Sécurité de la province de Buenos Aires, les trois victimes ont été piégées, croyant se rendre à une fête, et ont subi avant d'être tuées une séance de torture qu'auraient vue en direct 45 personnes membres d'un compte fermé de réseaux sociaux.

Leur sort devait apparemment servir d'exemple et permettre au chef d'un groupe criminel impliqué dans le trafic de drogue d'intimider ses membres.

Les trois victimes, dont l'une était mère d'un bébé d'un an, vivaient dans un quartier défavorisé, en banlieue de la capitale argentine.

Manifestation à Buenos Aires en Argentine le 27 septembre 2025 après le meurtre de trois jeunes femmes ( AFP / Luis ROBAYO )

Dans un entretien accordé à l'AFP, Federico Celedon, le cousin de Brenda et Morena, a déploré que "beaucoup de préjugés dans la société montrent du doigt le travail qu'elles faisaient", en référence au fait qu'elles se prostituaient, ce que selon lui la famille ignorait.

"Mais elles ont seulement été victimes d'un système qui ne leur laissait d’autre choix que d'accéder à +ce type de travail+ pour survivre" et ont eu la "malchance" de "se trouver au mauvais moment avec les mauvaises personnes" qui "profitent des femmes", a tancé l'homme de 26 ans.

Lors de la manifestation de samedi à l'appel de l'influente organisation "Ni una menos" (Pas une de moins) qui lutte contre les violences de genre, le père de Brenda, Leonel del Castillo, avait appelé à "protéger les femmes". Plus tôt, il avait dit n'avoir "pas pu reconnaître" le corps de sa fille, en raison des sévices subis.