Le cabinet de sécurité israélien approuve une prise de contrôle de Gaza
information fournie par Reuters 05/05/2025 à 17:04

(Actualisé avec nouvelle source, déclarations)

Le cabinet de sécurité du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a donné son accord à un plan visant à étendre graduellement l'offensive menée contre le Hamas dans la bande de Gaza et à prendre le contrôle du territoire, ont déclaré des responsables israéliens lundi.

Une telle opération ne serait cependant pas lancée avant la visite du président américain au Moyen-Orient, prévue la semaine prochaine, a affirmé un responsable au sein de la défense israélienne.

Ce délai pourrait laisser la porte ouverte à des négociations sur un cessez-le-feu et un accord de libération des otages, a déclaré Zeev Elkin, ministre chargé de la réhabilitation des frontières nord et sud d’Israël, au groupe audiovisuel public Kan.

Donald Trump est attendu du 13 au 16 mai dans la région du Golfe pour une tournée qui le mènera notamment en Arabie Saoudite, au Qatar et aux Emirats arabes unis.

"Il y a encore une fenêtre d'opportunité jusqu'à ce que le président (Donald) Trump termine sa visite au Moyen-Orient, si le Hamas comprend que nous sommes sérieux", a affirmé Zeev Elkin à Kan lundi.

Un porte-parole du gouvernement israélien a déclaré aux journalistes que l'appel des réservistes annoncé la veille par le commandant en chef de l'armée israélienne, Eyal Zamir, visait à étendre les opérations dans la bande de Gaza, et non pas à l'occuper.

Les troupes israéliennes ont déjà pris le contrôle d'environ un tiers de la bande de Gaza sur des zones qualifiées de "tampon" d'où elles ont évacué la population.

Au lieu de mener des offensives sur des zones spécifiques et de les abandonner ensuite comme l'armée l'a fait jusqu'à présent, les forces israéliennes vont désormais tenir les territoires conquis, jusqu'à ce que le Hamas soit vaincu ou accepte de désarmer et de quitter Gaza, a précisé Zeev Elkin.

Le plan approuvé par le cabinet israélien prévoit également le déplacement de la population civile de la bande de Gaza vers le sud de l'enclave et la distribution d'aide humanitaire pour empêcher le Hamas d'en prendre le contrôle mais sans levée du blocus, a ajouté le ministre, sans donner plus de précisions.

Une fois l'offensive lancée, a précisé le responsable de la Défense, la distribution de l'aide, alors gérée par l'Onu et des organisations non gouvernementales, serait confiée à des sociétés privées depuis Rafah, dans le sud de l'enclave.

L'armée israélienne a refusé de commenter ces informations.

APPEL DES RÉSERVISTES

Le secrétaire général du Conseil norvégien pour les réfugiés (NCR), Jan Egeland, a déclaré sur X lundi qu'Israël exigeait de l'Onu et des organisations non gouvernementales qu'elles interrompent leur système de distribution d'aide à Gaza.

"Ils veulent manipuler et militariser toute l'aide aux civils, nous obligeant à acheminer des fournitures via des plateformes conçues par l'armée israélienne, une fois que le gouvernement aura accepté de rouvrir les points de passage. Le NRC restera fidèle à ses principes humanitaires et, avec tous ses pairs, refusera de prendre part à ce nouveau projet", a déclaré le responsable.

Eyal Zamir a fait savoir dimanche que Tsahal avait déjà commencé à appeler des dizaines de milliers de réservistes pour préparer une campagne militaire renforcée dans l'enclave palestinienne.

"Nous intensifions la pression avec l'objectif de ramener (nos otages) et de vaincre le Hamas", a-t-il déclaré à des soldats, selon un communiqué publié par l'armée.

Israël a recommencé en mars à mener des assauts terrestres dans la bande de Gaza, en parallèle à des séries de bombardements, dans un contexte d'impasse dans les négociations sous supervision américaine destinées à prolonger l'accord de cessez-le-feu en vigueur jusqu'en janvier.

L'Eta hébreu bloque depuis le 2 mars l'entrée de toute aide à Gaza, en dépit des appels croissants de la communauté internationale pour éviter une catastrophe humanitaire dans le territoire.

Les autorités israéliennes accusent le Hamas de mettre la main sur l'ensemble des aides destinées aux civils, des accusations que le mouvement armé palestinien rejette.

D'après les autorités locales, plus de 52.000 Palestiniens ont été tués à Gaza depuis le début du siège total mené par Israël en réponse à l'attaque du Hamas le 7 octobre 2023 lors de laquelle 1.200 personnes ont été tuées selon les autorités israéliennes.

(Rédigé par Maayan Lubell, avec Emma Farge à Genève et Nidal al-Mughrabi au Caire ; version française Jean Terzian et Kate Entringer)