La victoire du RN sur l'Algérie à l'Assemblée est-elle un premier pas vers "l'union des droites" ?
information fournie par Boursorama avec Media Services 31/10/2025 à 11:01

Selon un sondage Ifop publié il y a deux semaines par l'hebdomadaire Valeurs Actuelles, plus de huit sympathisants sur dix du Rassemblement national et des Républicains seraient favorables à une "coalition des droites"

Marine Le Pen et les députés du groupes RN à Paris, le 30 octobre 2025. ( AFP / ANNE-CHRISTINE POUJOULAT )

L'Assemblée nationale a voté jeudi 30 octobre une résolution visant à "dénoncer" l'accord franco-algérien de 1968. Au-delà du fond, ce vote a été qualifié d'"historique" par Marine Le Pen. Et pour cause : c'est la première fois qu'un texte présenté par le parti d'extrême-droite est adopté, grâce aux voix de la droite et de l'extrême-droite réunies. Premier pas vers un rapprochement durable ou simple alliance de circonstance ?

Le RN avait inscrit le texte au programme de sa journée réservée à l'Assemblée nationale. Il a été adopté grâce aux voix de LR et d'Horizons, pour le plus grand bonheur d'Éric Ciotti, l'ex-président de LR qui plaide pour "l'union des droites". Le député des Alpes-Maritimes s'est empressé de remercier les députés LR et Horizons qui ont voté le texte "pour leur cohérence", permettant son adoption à une voix près. La veille, il avait estimé que l'approbation de cette résolution serait "un premier signe" de la part de son ancien parti pour défendre ensemble "des idées qu'on a toujours défendues".

Il est vrai que la dénonciation de l'accord de 1968 avec l'Algérie est un sujet qui fait consensus à droite. Le président des Républicains, Bruno Retailleau, l'avait demandée en début d'année, lorsqu'il était ministre de l'Intérieur, face au refus d'Alger de reprendre ses ressortissants sous obligation de quitter le territoire français (OQTF). Le président des députés LR, Laurent Wauquiez, a d'ailleurs appelé ses membres à "se mobiliser" pour soutenir le texte : "Si le fond correspond à ce qu'on défend, on vote", a-t-il expliqué.

Même son de cloche chez Horizons, le parti de l'ancien Premier ministre Édouard Philippe qui s'était lui-même déclaré favorable à la dénonciation de l'accord, comme l'a rappelé la députée Agnès Firmin-Le Bodo sur le réseau social X. "Un vote en cohérence avec les idées, c'est normal non ?" , a-t-elle écrit, précisant que cela ne signifiait pas pour autant "être en accord avec le RN".

En écho aux propos de ses dirigeants, qui ne cessent de répéter que la France penche résolument à droite, le vote devrait ravir ses électeurs qui souhaitent un rapprochement avant la présidentielle de 2027.

L'union de la droite sans le RN ?

Selon un sondage Ifop publié il y a deux semaines par l'hebdomadaire Valeurs Actuelles , plus de huit sympathisants sur dix du Rassemblement national et des Républicains seraient favorables à une "coalition des droites". Mais les partis restent très méfiants. Marine Le Pen a réitéré mercredi ne pas être favorable à cette "arlésienne" que constitue à ses yeux "l'union des droites", lui préférant "l'union des patriotes".

Mêmes réticences chez les Républicains (LR). Ses dirigeants rappellent que le parti lepéniste avait joint ses voix l'an dernier à celles des Insoumis et de la gauche pour faire tomber le gouvernement du LR Michel Barnier.

Laurent Wauquiez, qui reproche au RN d'être "de gauche sur le plan économique" , plaide non pas pour une union, mais pour "un rassemblement de la droite" qui irait du ministre macroniste Gérald Darmanin à Sarah Knafo, eurodéputée de Reconquête!, le parti d'Eric Zemmour, sans englober le parti de Marine Le Pen.

"C'est le seul rassemblement qui puisse parvenir à faire dérailler le train du RN et répondre à une vraie attente", a-t-il dit à l' AFP , tout en souhaitant que cet ensemble parvienne à désigner un candidat unique à la présidentielle dès mai, juste après les muncipales de mars.

Au printemps, Laurent Wauquiez avait présenté la cheffe du gouvernement italien, Giorgia Meloni, comme "un modèle pour la droite" pour être parvenue à la tête du pays grâce à une large coalition de droite. D'autres personnalités de LR partagent cette idée, à l'image de David Lisnard, le président de l'influente Association des maires de France (AMF) qui s'est également déclaré favorable à une primaire "d'une grande entente" allant des centristes de l'UDI (Union des démocrates et indépendants) à Sarah Knafo.

Des prises de position qui inquiètent d'autres candidats potentiels à la présidentielle comme Xavier Bertrand, le président LR des Hauts-de-France qui se targue d'avoir battu à deux reprises Marine Le Pen dans sa région. Il a appelé le président du parti, Bruno Retailleau, à lever les "ambiguïtés" sur les relations entre son parti et le RN.