La tension reste vive entre Inde et Pakistan, nouveaux échanges de tirs
information fournie par Reuters 28/04/2025 à 12:47

par Fayaz Bukhari Shivam Patel

Des échanges de tirs entre soldats indiens et pakistanais se sont de nouveau produits dans la nuit de dimanche à lundi à la frontière entre les deux pays, dans un climat de tensions exacerbé depuis un attentat meurtrier au Cachemire indien le 22 avril.

Pour la quatrième nuit consécutive, l'Inde a annoncé avoir riposté à des tirs d'armes légères de la partie pakistanaise. Elle précise que l'incident n'a pas fait de blessé.

L'armée pakistanaise a décliné toute commentaire.

Les autorités indiennes accusent le Pakistan d'être derrière l'attaque contre des touristes qui a fait 26 morts - 25 Indiens et un ressortissant népalais - dans la région de Pahalgam mardi dernier.

La police du Cachemire indien a diffusé la semaine dernière des avis de recherche pour trois assaillants présumés "impliqués" dans l'attaque, dont deux d'origine pakistanaise, qui n'ont toujours pas été retrouvés.

Selon des sources sécuritaires et des survivants, les hommes armés, qui ont surgi d'une forêt dans la prairie de Bairasan, ont séparé les hommes en fonction de leur identité et de leur origine et tué les Hindous à bout portant.

New Delhi estime que des membres armés du Front de résistance, une branche du groupe islamiste Lashkar-e-Taiba, basé au Pakistan, sont à l'origine de cet attentat qui avive le risque d'escalade entre les deux puissances nucléaires.

QUELQUE 500 INTERPELLATIONS

Le Front de résistance a démenti "catégoriquement" sur le réseau X toute implication, alors qu'un message de revendication avait laissé croire dans un premier temps à sa responsabilité. Le mouvement affirme avoir été victime d'une "cyberintrusion" lui imputant à tort l'attaque.

Les forces de sécurité indiennes ont interpellé quelque 500 personnes aux fins d'interrogatoire, perquisitionné un millier de maisons et mené des recherches dans les forêts de cette zone touristique, a déclaré lundi à Reuters un responsable de la police locale.

Au lendemain de l'attaque, l'Inde a pris une série de sanctions contre le Pakistan, issu de la partition de 1947. Les deux nations, qui se disputent la souveraineté du Cachemire, se sont affrontées à trois reprises - en 1947, 1965 et 1999.

Le gouvernement indien a notamment décidé de suspendre le traité de l'Indus 1960 sur le partage des eaux entre les deux Etats, accusant Islamabad de soutenir le "terrorisme transfrontalier".

Il a en outre ordonné la fermeture du seul point de passage terrestre entre les deux pays, au Pendjab, puis sommé les attachés de défense pakistanais de quitter le territoire indien et rappelé ses propres attachés de défense à Islamabad.

Tous les visas accordés aux ressortissants pakistanais ont été annulés.

En représailles, le Pakistan a fermé son espace aérien aux compagnies aériennes indiennes, dénonçant "une guerre de l'eau".

La Chine a appelé lundi les deux pays à faire preuve de retenue, soulignant que toute mesure de nature à apaiser la situation serait la bienvenue.

Le commandement militaire pakistanais a annoncé lundi avoir tué 71 islamistes ces trois derniers jours, des combattants qui tentaient d'entrer au Pakistan depuis le territoire afghan.

(Reportage Fayaz Bukhari et Shivam Patel à Srinagar, Asif Shahzad à Islamabad et Sakshi Dayal à New Delhi, version française Sophie Louet, édité par Bertrand Boucey)