La gauche au défi d'incarner une alternative crédible à Bayrou information fournie par AFP 27/08/2025 à 16:37
La gauche, qui a unanimement annoncé qu'elle voterait contre la confiance à François Bayrou le 8 septembre, se trouve confrontée au défi d'incarner une alternative crédible au Premier ministre, mais en étant plus divisée qu'au moment du Nouveau Front populaire il y a un an.
Toutes les formations politiques du Nouveau Front populaire, y compris le PS, qui avait refusé de voter la censure en février et négocié avec le gouvernement sur le budget 2025, ont promis de faire chuter le Premier ministre, et se projettent déjà dans l'après-Bayrou.
"La logique voudrait que le président de la République laisse sa chance à la gauche", estime le président du groupe socialiste à l'Assemblée nationale, Boris Vallaud. Marine Tondelier, la patronne des Ecologistes, considère également qu'il reste un peu moins de deux semaines "pour préparer ce qui se passera ensuite".
Comme lors des législatives anticipées de juin 2024, quand la gauche s'était réunie dans l'urgence au sein du NFP, elle a appelé ses partenaires, y compris La France insoumise, à travailler ensemble pour proposer une alternative politique.
Mais le contexte n'est plus le même. Les divergences se sont exacerbées entre socialistes et insoumis et Jean-Luc Mélenchon a déjà installé le match de la prochaine présidentielle entre lui et Raphaël Glucksmann, le dirigeant de Place publique.
Ce dernier, partenaire des socialistes, avait accepté à contrecoeur l'accord du Nouveau Front populaire et plaide désormais pour qu'il y ait en 2027 "deux offres politiques" à gauche, la sienne et celle de LFI, qui "ne sont pas solubles l'une dans l'autre".
Les socialistes et Ecologistes, avec les ex-insoumis de l'Après et Générations, ont déjà affirmé dans un communiqué commun être "prêts" à être l'alternative à François Bayrou.
"Je ne vois pas trop comment la gauche va réussir à se mettre d'accord. Elle est plus divisée qu'en 2024, où déjà un Premier ministre de gauche avec toutes les composantes du NFP était minoritaire à l'Assemblée", remarque le politologue Rémi Lefebvre.
De toute façon, "il n'y a pas de discussions avec LFI", souffle un socialiste.
La plupart des partis de gauche vont présenter dans les prochains jours leurs propositions de budget, basées sur la recherche de recettes supplémentaires, avec un effort demandé aux plus aisés, dans l'idée de défendre leur crédibilité sur le sujet.
Et chacun échafaude des scénarios.
- "Politique fiction" -
Marine Tondelier rappelle que plusieurs options avaient été envisagées l'an dernier, comme la non participation de LFI à un gouvernement, avec soutien parlementaire chaque fois qu'il irait dans le bon sens.
"Je ne vois pas trop cette option-là", remarque Rémi Lefebvre, car "ça serait pour LFI une manière d'entériner le fait qu'elle a perdu la bataille du leadership à gauche". Or Jean-Luc Mélenchon a d'ores et déjà revendiqué un Premier ministre insoumis.
Mais les Insoumis auraient des difficultés à justifier de censurer un gouvernement de gauche "dont l'objectif serait de ne pas présenter un budget d'austérité comme celui de Bayrou", souligne un député socialiste, qui défend l'idée "d'un gouvernement de gauche minoritaire", capable de faire des compromis, après "deux gouvernements de droite minoritaires" qui n'en ont pas ou peu fait.
Le patron des socialistes Olivier Faure s'exprimera dans les prochains jours aux universités du PS à Blois. "La ligne qu'on va défendre c'est pas du tout celle d'un gouvernement d'union républicaine du LR au PS", affirme le même député. "Il n'y a rien qui peut justifier ça."
Quant à l'option d'un candidat issu de l'aile droite des rangs socialistes, comme l'ex-Premier ministre Bernard Cazeneuve, dont le nom était déjà revenu précédemment, c'est "de la politique fiction", assure le même.
Tout comme un retour de Lucie Castets, l'éphémère candidate du NFP pour Matignon, en 2024, admettent plusieurs élus de gauche.
"Je doute qu'on réitère le processus de juillet 2024, avec des réunions pour désigner quelqu'un", estime un élu socialiste. "Le sujet n'est pas +qui+ mais +qu'est-ce qu'on propose+"