La distribution d'aide suspendue à Gaza, l'Onu va voter sur un cessez-le-feu information fournie par Reuters 04/06/2025 à 15:51
par Nidal al-Mughrabi, Crispian Balmer et Michelle Nichols
La Fondation humanitaire de Gaza (FHG), organisation soutenue par les États-Unis, a annoncé qu'elle ne distribuerait pas d'aide mercredi en demandant à l'armée israélienne d'assurer la sécurité des civils aux abords de ses sites de distribution, au lendemain de la mort de dizaines de Palestiniens.
La FHG a précisé avoir demandé à l'armée israélienne de "guider la circulation des piétons de manière à minimiser les risques de confusion ou d'escalade", de donner des directives plus claires aux civils et d'améliorer la formation de ses soldats pour garantir la sécurité des civils.
"Notre priorité absolue reste d'assurer la sécurité et la dignité des civils qui reçoivent de l'aide", a déclaré un porte-parole de la FHG.
Mercredi, un porte-parole de l'armée israélienne a mis en garde les civils contre tout déplacement dans les zones menant aux sites de distribution d'aide de la FHG, les présentant comme des "zones de combat" alors qu'Israël mène une offensive totale à Gaza.
Au même moment, une frappe aérienne israélienne faisait 18 morts, dont des femmes et des enfants, dans une école hébergeant des familles déplacées près de la ville de Khan Younès.
Le nouveau système de distribution d'aide aux plus de deux millions d'habitants de l'enclave, placé sous la surveillance d'une société paramilitaire américaine et sous le contrôle de l'armée israélienne, est vivement critiqué par les agences de l'Onu et les organisations humanitaires internationales.
Outre les conditions d'accueil indignes auxquelles doivent se soumettre les récipiendaires de l'aide, plusieurs dizaines d'entre eux ont été tués ou blessés lors de plusieurs incidents pendant lesquels des soldats israéliens ont ouvert le feu.
Lors du dernier en date, mardi, l'armée israélienne a dit avoir tiré sur un groupe de personnes qu'elle considérait comme une menace près d'un site de distribution de la FHG. Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a déclaré qu'au moins 27 personnes avaient été tuées et des dizaines d'autres blessées. La FHG a déclaré que le drame s'était produit loin de son site.
Les Palestiniens qui ont pu récupérer un peu d'aide mardi ont décrit de nouvelles scènes de chaos alors que l'ensemble de la population de Gaza est désormais menacée de famine, selon les experts de l'Onu.
VETO AMÉRICAIN AU CONSEIL DE SÉCURITÉ ?
Le porte-parole du secrétaire général des Nations unies, Stéphane Dujarric, a une nouvelle fois fustigé le système de distribution d'aide mis en place par les Etats-Unis et Israël.
"C'est inacceptable. Les civils risquent - et dans plusieurs cas perdent - leur vie simplement en essayant d'obtenir de la nourriture", a-t-il dit mardi, dénonçant "une recette pour le désastre".
Les Nations unies accusent depuis longtemps la politique du gouvernement israélien et l'anarchie qui règne à Gaza d'entraver l'acheminement et la distribution de l'aide humanitaire. Israël accuse le Hamas de voler l'aide, ce que le groupe nie.
Dans ce contexte, le Conseil de sécurité des Nations unies doit se prononcer mercredi sur un projet de résolution exigeant "un cessez-le-feu immédiat, inconditionnel et permanent à Gaza, respecté par toutes les parties".
Le projet de texte, consulté par Reuters, exige également la libération de tous les otages détenus par le Hamas, ainsi que la levée immédiate de toutes les restrictions à l'entrée de l'aide et sa distribution sûre et sans entrave, y compris par l'Onu, dans l'ensemble de l'enclave.
Le texte va être soumis au vote des 15 membres du Conseil à la demande de ses dix membres élus. Il sera adopté si aucun des cinq membres permanents n'y oppose son veto. L'administration Trump, qui tente de négocier un cessez-le-feu tout en affichant un soutien total au gouvernement israélien, n'a pas encore fait connaître clairement ses intentions.
"Il est plus que temps d'agir", a déclaré à Reuters Samuel Zbogar, l'ambassadeur à l'Onu de la Slovénie - un des dix membres élus du Conseil de sécurité. "Il est de notre responsabilité historique de ne pas rester silencieux."
(Rédigé par Michelle Nichols et Nidal al-Mughrabi; version française Tangi Salaün, édité par Kate Entringer)