La croissance européenne devrait se maintenir mais à un coût plus élevé, selon le FMI
information fournie par Reuters 14/10/2025 à 13:06

Un employé déplace des rouleaux d'acier à l'usine sidérurgique ArcelorMittal

La croissance économique de la zone euro devrait se maintenir malgré l'impact des droits de douane américains, mais cela se fera au prix d'une augmentation des dépenses publiques et d'une hausse de la dette, a déclaré mardi le Fonds monétaire international (FMI) dans une actualisation de ses Perspectives économiques mondiales.

Le bloc monétaire européen a été étonnamment résilient aux tensions commerciales cette année et les décideurs politiques se demandent si cette situation est durable ou si un revers est toujours à venir étant donné que les États-Unis sont de loin son plus grand marché d'exportation et que le taux de droit de douane effectif est passé de 2,3% à 13%.

La croissance économique dans la zone euro est désormais attendue à 1,2% cette année, au-dessus des 1% prévus en juillet, et en 2026, elle est attendue à 1,1%, soit une révision à la baisse par rapport aux 1,2% initialement prévus, a déclaré le FMI.

Cette performance, bien que relativement bonne, a un coût budgétaire élevé.

"L'incertitude accrue sur plusieurs fronts et la hausse des droits de douane en sont les principaux facteurs", a déclaré le FMI. "La reprise de la consommation privée soutenue par la hausse des salaires réels et l'assouplissement budgétaire en Allemagne en 2026 ne compensent qu'en partie."

Le solde budgétaire se détériorera principalement en raison des importants investissements allemands dans la défense et les infrastructures, qui porteront le ratio dette/PIB de la zone euro à 92% d'ici 2030, contre 87% en 2024, a indiqué le FMI.

Avec une croissance relativement stable et une dette en hausse, l'inflation devrait également rester proche de l'objectif de 2% de la Banque centrale européenne (BCE). C'est pourquoi le FMI prévoit un taux de dépôt stable à 2% jusqu'en 2029.

Le FMI a également noté que les exportateurs dans leur ensemble n'ont pas absorbé les droits de douane américains. Les prix à l'exportation des voitures allemandes vendues aux pays non membres de l'UE sont restés relativement stables jusqu'à présent, un signe encourageant pour le grand secteur industriel européen.

L’impact des mesures protectionnistes sur l’économie mondiale devrait néanmoins s’intensifier, en raison de l'estompement de nombreux facteurs ayant apporté un soulagement temporaire.

"De plus en plus de signes indiquent que les effets négatifs des mesures protectionnistes commencent à se faire sentir", a déclaré le FMI. "À mesure que l'économie mondiale se fragmente, les risques pesant sur les perspectives économiques s'accroissent."

Le FMI a fait valoir que les stratégies qui maintiennent l’activité en apparence résiliente, comme le détournement et la réorientation des échanges commerciaux, sont coûteuses et que le revers des changements de politique devient visible dans les données les plus récentes.

(Rédigé par Balazs Koranyi, version française Coralie Lamarque, édité par Kate Entringer)