La course à l'IA propulse le bénéfice trimestriel du taïwanais TSMC à un niveau record
information fournie par Boursorama avec AFP 16/10/2025 à 12:17

Le géant taïwanais des semi-conducteurs TSMC a dévoilé jeudi un bénéfice record au 3e trimestre, porté par la demande grandissante en puces pour l'intelligence artificielle (IA) et la téléphonie mobile.

Le logo de l'entreprise taïwanaise TSMC sur la façade de son siège, le 21 novembre 2024 à Hsinchu (Taïwan) ( AFP / I-Hwa CHENG )

Taiwan Semiconductor Manufacturing Company, qui compte les mastodontes Apple (iPhone) et Nvidia parmi ses clients, est un des plus importants bénéficiaires de la course à l'IA. Ses clients, parmi lesquels Nvidia et Apple (iPhone), investissent des milliards de dollars dans les puces, serveurs et centres des données (data centres).

"La demande en IA continue en fait d'être très forte - plus forte que ce que nous pensions il y a trois mois", a admis le président directeur général de l'entreprise, CC Wei, au cours d'un briefing.

TSMC a indiqué avoir dégagé un bénéfice net en hausse de 39,1% sur un an au 3e trimestre, à 452,3 milliards de nouveaux dollars de Taïwan (12,7 milliards d'euros), un record pour un trimestre.

Ce résultat dépasse les prévisions d'un panel d'analystes constitué par Bloomberg News, qui tablait sur 11,4 milliards d'euros.

Le chiffre d'affaires a progressé de quelque 30%, ateignant également un niveau plus élevé qu'anticipé.

Les semi-conducteurs et puces électroniques produits par TSMC sont utilisés dans une large gamme de produits militaires ou grand public, allant des missiles aux smartphones.

La publication de ces résultats intervient après une reprise des tensions commerciales entre Pékin et Washington.

"Spectaculaire"

En particulier, le président Donald Trump, comme son prédécesseur Joe Biden, tente de limiter l'accès de la Chine aux puces de dernière génération, notamment utilisées pour le développement de l'IA, afin de conserver une avance technologique dans le domaine.

Mais quel que soit l'état des relations commerciales entre Washington et Pékin, CC Wei a dit jeudi s'attendre à une croissance de l'IA "particulièrement spectaculaire" et "très positive".

Car les dépenses liées à l'IA sont en augmentation au niveau mondial. Elles devraient atteindre quelque 1.500 milliards de dollars en 2025, selon le cabinet américain Gartner, et plus de 2.000 milliards en 2026, soit près de 2% du PIB mondial.

Avant la publication des résultats de TSMC, Dilin Wu de Pepperstone anticipait l'impact positif des ventes du nouveau modèle d'iPhone d'Apple, mais aussi le fait que "les clients dans le domaine de l'IA comme Nvidia et AMC commandent de plus en plus de puces avancées". Et d'ajouter: "Cela montre que la technologie de TSMC et ses capacités sont encore difficiles à reproduire".

Selon Mme Wu, les entreprises "pourraient avancer leurs livraisons pour éviter les restrictions et devancer" ainsi tout nouveau droit de douane. En particulier "les clients de puces IA et de GPU", des microprocesseurs surpuissants adaptés au développement de l'intelligence artificielle (IA) générative, et "certainement" du côté du marché chinois.

La concentration de la production de semi-conducteurs à Taïwan en a longtemps fait un "bouclier de silicium", protégeant l'archipel d'une attaque de la Chine, qui le revendique comme une partie de son territoire, et encourageant les Etats-Unis à le défendre. Mais la croissance de la demande en technologies liées à l'intelligence artificielle a alimenté l'excédent commercial de Taïwan avec les Etats-Unis, plaçant l'île dans le collimateur de Donald Trump.

Face aux pressions américaines, Taipei s'est déjà engagé à augmenter ses investissements aux Etats-Unis, à acheter davantage d'énergie américaine et à porter ses dépenses pour la défense à plus de 3% de son PIB.

TSMC a, lui, annoncé en mars un investissement d'au moins 100 milliards de dollars aux Etats-Unis.

Dans le même temps, Washington encourage Taipei à produire davantage sur le sol américain. Le ministre du Commerce Howard Lutnick a même proposé récemment à Taïwan de partager la production de semi-conducteurs avancés moitié-moitié avec Washington, idée rejetée début octobre par Taipei.