La Cour des comptes pointe les retards dans la sécurisation du Louvre information fournie par Reuters 06/11/2025 à 10:16
par Alessandro Parodi
Le musée parisien du Louvre mettra plusieurs années à corriger les retards accumulés dans le déploiement de mesures de sécurité destinées à protéger ses oeuvres, dénonce un rapport publié jeudi par la Cour des comptes, qui appelle parallèlement à une meilleure maîtrise des coûts.
En janvier, l'établissement a lancé un vaste projet de développement incluant un nouvel espace dédié à la "Joconde" de Léonard de Vinci ainsi que de nouvelles mesures de sécurité pour ses visiteurs et ses collections.
Sa réputation a été ternie le mois dernier par un spectaculaire vol commis en plein jour lorsque des bijoux d'une valeur évaluée à 88 millions d'euros ont été dérobés.
Ce cambriolage a suscité un vif débat en France sur les failles de sécurité du musée le plus visité au monde. Quatre personnes ont été arrêtées dans le cadre de l'enquête, mais le butin n'a pas été retrouvé.
SÉCURITE DÉFAILLANTE, DÉPENSES EXCESSIVES
Selon le rapport, seules 39% des salles du musée étaient équipées de caméras en 2024. Un audit de sécurité lancé en 2015 avait conclu que le Louvre était insuffisamment surveillé et mal préparé à une situation de crise. Ce diagnostic n'a toutefois débouché sur un appel d'offres pour des travaux de sécurisation qu'à la fin de l'année dernière.
"Ce n'est qu'en octobre 2025 que le musée a annoncé la notification des marchés de travaux, pour un démarrage prévu fin 2025 ou début 2026", écrivent les auteurs. "Le début des travaux prévus dans le schéma directeur de sûreté est annoncé par le musée au plus tôt pour le premier semestre 2026, mais plusieurs années seront nécessaires pour leur réalisation complète qui ne devrait aboutir selon le musée qu'en 2032."
La Cour des comptes pointe également des dépenses excessives liées à l'achat d'oeuvres et aux projets de relance post-pandémie, ainsi que des pertes de recettes dues à des inefficacités et à des fraudes sur la billetterie, qui ont contribué à l'incapacité du musée à moderniser ses infrastructures.
Même les initiatives de développement annoncées cette année n'ont pas été précédées d'études de faisabilité, ni techniques ni financières, et n'ont pas pris en compte les besoins en personnel, selon le rapport.
Parmi les dix recommandations formulées figurent une réduction des acquisitions, une hausse du prix des billets, ainsi qu'une refonte des infrastructures numériques et de la gouvernance.
Face au "sous-investissement prolongé" dont ont souffert les systèmes d'information, la Cour estime que "le musée doit renforcer sa fonction de contrôle interne qui reste peu développée à l'échelle d'un établissement de la taille du Louvre".
En réponse aux observations et recommandations émises, la présidente-directrice du musée du Louvre Laurence des Cars dit partager la plupart des recommandations de la Cour tout en déplorant que son rapport n'ait pas tenu compte du fait que la période de contrôle couvre à la fois la crise sanitaire ainsi que les Jeux de Paris 2024.
"Le Louvre regrette que ces deux éléments très impactants n'aient pas été pris en compte dans l'analyse que la Cour a faite de certaines décisions", écrit-elle.
(Alessandro Parodi, version française Nicolas Delame, édité par Blandine Hénauly)