"La Commission européenne doit sévir" : la France accentue la pression sur Shein
information fournie par Boursorama avec Media Services 06/11/2025 à 10:52

"La Commission a diligenté certaines enquêtes, elle doit maintenant les assortir de sanctions" qui peuvent "aller jusqu'à 6% du chiffre d'affaires mondial", selon la diplomatie française.

( AFP / JULIE SEBADELHA )

La France a appelé l Commission européenne à "sévir" contre la plateforme de vente en ligne Shein qui est "de toute évidence en infraction avec les règles européennes", a exhorté jeudi 6 novembre le ministre français des Affaires étrangères. Shein, qui vient d'ouvrir son premier magasin physique en France, est empêtré dans un scandale de poupées sexuelles à l'effigie d'enfants.

"Ça fait trois ans que les règles ont été adoptées, la Commission européenne doit sévir", a déclaré Jean-Noël Barrot sur la radio franceinfo . "La Commission a diligenté certaines enquêtes, elle doit maintenant les assortir de sanctions" contre la plateforme asiatique, a-t-il ajouté.

Sur le plan national, il s'est félicité de la demande, du Premier ministre Sébastien Lecornu, de suspendre cette plateforme "le temps" que cette dernière se conforme aux lois françaises . Mais "je veux aller plus loin" en agissant sur le plan européen, a-t-il souligné.

La Commission européenne est saisie au sujet de "toutes les plateformes que ce soient les salles de marché, celles où on s'échange des produits ou que ce soit les réseaux sociaux" sans véritable effet, a-t-il souligné, citant les "abus qui posent des questions d'ordre public, de sécurité publique".

"Tout cela, nous l'avons encadré par des règles qui ne sont pas respectées. Donc la Commission européenne doit sévir", a-t-il martelé.

Des "règles fixées par des milliardaires chinois et américains"

Bruxelles "peut aller jusqu'à 6% du chiffre d'affaires mondial, ce qui n'est pas rien", a-t-il poursuivi déplorant le fait qu'on ait "laissé prospérer des grandes plateformes dont les règles sont fixées par des milliardaires chinois et américains et qui viennent perturber la vie économique, sociale, démocratique de la nation".

Il s'est par ailleurs interrogé sur les mesures à prendre sur l'ouverture des magasins Shein, qui concurrencent "le petit commerce".

"Si nous ne faisons rien, si nous laissons faire, nous allons voir les petits commerces disparaître de nos centres villes et du centre de nos villages et ce sera la mort de nos villes et nos villages", a-t-il mis en garde alors que Shein vient d'inaugurer sa première boutique physique au BHV, grand magasin au cœur de Paris.

Là encore, il a appelé à la mobilisation au niveau européen. "Les douanes doivent se mobiliser et pas uniquement les effectifs des douanes françaises", a-t-il dit, relevant la présence de gardes frontières européens qui peuvent contrôler davantage le "flux massif de petits colis qui vient inonder nos villes et nos villages de produits contrefaits, de produits mauvais pour la santé ou de produits illicites".

"Ce n'est pas possible. On doit reprendre le contrôle de nos frontières s'agissant des produits qui rentrent sur le territoire de l'Union européenne et de la France", a-t-il estimé.

L'arrivée de la plateforme, fondée en 2012 en Chine et désormais basée à Singapour, cristallise les tensions autour de la régulation du commerce en ligne et de la mode jetable.

La vente de poupées sexuelles d'apparence enfantine sur son site internet, constatée par la Répression des fraudes, a entraîné l'ouverture d'une enquête judiciaire. Shein a depuis assuré avoir interdit les produits de type "poupées sexuelles".