La BCE devrait maintenir ses taux inchangés jusqu'en 2027 - économistes
information fournie par Reuters 22/10/2025 à 14:35

La présidente de la Banque centrale européenne (BCE), Christine Lagarde

par Indradip Ghosh

BANGALORE - La Banque centrale européenne (BCE) en a fini avec ses baisses de taux d'intérêt, l'inflation restant désormais proche de la cible de 2% et l'économie progressant à un rythme constant, estiment une majorité croissante d'économistes interrogés par Reuters.

Si l'inflation de la zone euro a légèrement accéléré en septembre à 2,2%, contre 2% en août, la BCE a estimé dans son compte rendu de la réunion des 10 et 11 septembre que sa politique était "suffisamment solide" pour faire face à d'éventuels chocs inflationnistes.

La banque centrale a maintenu ses taux inchangés en septembre et a présenté une évaluation légèrement optimiste de l'économie de la zone euro.

NOUVELLE PAUSE PRÉVUE LE 30 OCTOBRE

La BCE, qui a réduit son taux de dépôt de 200 points de base entre juin 2024 et juin 2025 pour contrer l'inflation, le maintiendra inchangé à 2% le 30 octobre pour la troisième réunion consécutive, selon les 88 économistes interrogés par Reuters entre le 15 et le 22 octobre.

Près de 72% (63 sur 88) estiment par ailleurs que la BCE maintiendra son taux de dépôt inchangé cette année, tandis que 57% (45 sur 79) ne prévoient aucun changement d'ici fin 2026.

Un peu moins de la moitié des personnes interrogées s'attendaient le mois dernier à ce que les taux restent inchangés à la fin de 2026. Les contrats à terme sur taux d'intérêt prévoient une baisse de 25 points de base d'ici la fin de l'année prochaine.

"L'absence de ralentissement dans les données récentes sur l'activité (économique) et l'inflation ferme la porte à une nouvelle "baisse préventive" de la BCE. Nous supprimons ce qui aurait été la dernière baisse de notre prévision et prévoyons désormais que le taux directeur restera à 2% jusqu'à la fin de 2026", a déclaré Shaan Raithatha, économiste chez Vanguard.

Ce statu quo attendu en Europe contraste avec les prévisions de deux autres baisses des taux par la Réserve fédérale américaine (Fed) cette année, alors que l'affaiblissement du marché du travail l'emporte sur les risques d'inflation, alimenté en partie par les droits de douane imposés par Washington sur ses principaux partenaires commerciaux, selon un sondage indépendant réalisé par Reuters.

Christine Lagarde, présidente de la BCE, a dit le mois dernier que la zone euro gérait mieux que prévu les barrières commerciales américaines, ce qui permet aux risques inflationnistes de rester "assez contenus".

L'inflation se situera en moyenne autour de 2% chaque année jusqu'en 2027, selon les médianes des sondages, une prévision largement inchangée par rapport au mois dernier.

PERSPECTIVES DE CROISSANCE STABLES

Les perspectives de croissance restent par ailleurs stables dans la zone euro, grâce aux espoirs d'une augmentation des dépenses budgétaires, notamment de la part de l'Allemagne, la plus grande économie du bloc.

L'économie des pays partageant l'euro devrait ainsi croître de 1,2% en 2025, de 1,1% en 2026 et de 1,4% en 2027, selon les enquêtes.

Ces perspectives comportent toutefois des risques de détérioration.

La plupart des économistes (24 sur 30) ont déclaré qu'il était plus probable que l'économie de la zone euro connaisse une croissance plus lente que prévu au cours de l'année à venir plutôt qu'une croissance plus rapide qu'attendu.

"La résilience de la zone euro est le moteur de la stabilité des perspectives (...) Mais le risque reste clairement orienté à la baisse, tant en termes de croissance que d'inflation", souligne Carsten Brzeski, responsable mondial de la macroéconomie chez ING.

"L'instabilité politique risque fort de freiner la croissance française. En Allemagne, nous constatons actuellement un recul de l'optimisme en matière de croissance et il se pourrait bien que les effets des mesures de relance se fassent sentir plus tardivement que prévu", a-t-il précisé.

L'économie allemande devrait croître de seulement 0,2% cette année et de 1,1% en 2026, ce qui est largement inchangé par rapport aux prévisions de juillet, malgré l'optimisme suscité par les projets d'investissement dans les infrastructures.

La croissance en France sera de 0,6% cette année et de 0,9% en 2026, selon les sondages.

(Rédigé par Indradip Ghosh, enquêtes de Renusri K et Debrah Gomes ; version française Diana Mandia, édité par Kate Entringer)