L'UE et la Grande-Bretagne sanctionnent la Russie sans attendre Washington information fournie par Reuters 20/05/2025 à 14:31
par Andrew Gray et Sam Tabahriti
L'Union européenne (UE) et la Grande-Bretagne ont annoncé mardi de nouvelles sanctions contre la Russie sans attendre les États-Unis, au lendemain d'un entretien entre Donald Trump et Vladimir Poutine qui n'a abouti à aucune promesse de cessez-le-feu en Ukraine.
Les nouvelles mesures viseront la "flotte fantôme" et des sociétés financières utilisées par Moscou pour contourner les sanctions occidentales.
Elles ont été annoncées sans que Washington ne prenne de mesures correspondantes, malgré les pressions publiques exercées par les dirigeants des pays européens pour que l'administration américaine se joigne à eux.
Les dirigeants de la Grande-Bretagne, de la France, de l'Allemagne et de la Pologne s'étaient rendus ensemble à Kyiv au début du mois et avaient menacé Moscou de nouvelles sanctions.
Les dirigeants européens ont ensuite téléphoné à Donald Trump avant son entretien avec Vladimir Poutine lundi pour lui demander de se joindre à eux et d'imposer des mesures plus sévères.
La Russie et l'Ukraine ont tenu vendredi leurs premiers pourparlers directs depuis plus de trois ans, mais n'ont pas réussi à s'entendre sur un cessez-le-feu.
L'Ukraine se dit prête à accepter le cessez-le-feu immédiat proposé par Donald Trump, tandis que la Russie souhaite d'abord des pourparlers. Les Européens estiment que la position de Moscou prouve que la Russie ne souhaite pas mettre un terme à la guerre.
"Poutine joue clairement la carte du temps, et malheureusement, nous devons dire que Poutine n'est pas vraiment intéressé par la paix", a déclaré le ministre allemand de la Défense, Boris Pistorius.
SANCTIONS "VÉRITABLEMENT DISSUASIVES"
Après avoir annoncé leurs sanctions mardi, Bruxelles et Londres ont tous deux laissé entendre que d'autres mesures de répression pourraient suivre.
Le ministre français des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, a par ailleurs appelé mardi à des "sanctions qui soient véritablement dissuasives".
"Bien sûr, ce serait utile que les États-Unis tapent du poing sur la table", a déclaré Jean-Noël Barrot dans un entretien sur France inter.
"Mais sans attendre les décisions américaines, prenons-nous en charge et dissuadons Vladimir Poutine de continuer cette guerre, poussons Vladimir Poutine à mettre fin à son fantasme impérialiste en actant des sanctions qui soient véritablement dissuasives", a-t-il ajouté.
Pour le ministre britannique des Affaires étrangères, David Lammy, "retarder les efforts de paix ne fera que redoubler notre détermination à aider l'Ukraine à se défendre et à utiliser nos sanctions pour restreindre la machine de guerre de Poutine".
Kaja Kallas, haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, a indiqué que de nouvelles sanctions étaient "en préparation".
"Plus la Russie mène la guerre, plus notre réponse sera sévère", a-t-elle écrit sur le réseau social X.
Ce dernier train de sanctions vise principalement à réprimer la flotte que la Russie utilise pour exporter du pétrole et contourner ainsi le plafond de 60 dollars le baril imposé par le G7 pour limiter ses revenus.
La Grande-Bretagne et l'Union européenne ont ajouté qu'elles s'efforceraient également d'abaisser ce plafond alors que les prix du pétrole ont reculé cette année.
Toutefois Kaja Kallas a clairement indiqué que les États-Unis devaient agir : "Nous sommes tous convenus et avons dit que s'ils n'acceptent pas un cessez-le-feu inconditionnel, comme l'a fait l'Ukraine il y a plus de 60 jours, nous prendrons des mesures fermes".
"Et c'est ce que nous voulons voir de la part de toutes les parties qui ont dit qu'elles agiraient en conséquence", a ajouté la cheffe de la diplomatie européenne.
Donald Trump a affirmé lundi, à l'issue d'un entretien téléphonique avec son homologue russe Vladimir Poutine, que la Russie et l'Ukraine allaient entamer "immédiatement" des négociations de paix en vue d'un cessez-le-feu. De son côté, le chef du Kremlin a déclaré que le processus prendrait du temps.
(Reportage Julia Payne, Bart Meijer, Andrew Gray, Lili Bayer et Sam Tabahriti, avec John Irish, rédigé par Bart Meijer et Ingrid Melander ; version française Kate Entringer)