L'offensive israélienne sur la ville de Gaza pourrait ne pas avoir lieu avant plusieurs semaines
information fournie par Reuters 11/08/2025 à 18:02

par Maayan Lubell

Le lancement de l'offensive israélienne sur la ville de Gaza pourrait prendre plusieurs semaines, laissant une marge de manoeuvre pour la conclusion d'un cessez-le-feu, même si le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré que l'opération serait lancée "assez rapidement".

Deux responsables qui étaient présents jeudi à la réunion du cabinet de sécurité israélien pour l'adoption du projet visant à prendre le contrôle de la ville de Gaza ont déclaré à Reuters que l'évacuation des civils des zones touchées pourrait n'être achevée qu'au début du mois d'octobre, ce qui laisserait du temps pour la poursuite d'un accord.

Le plan a suscité un tollé international quant aux dommages qu'il pourrait causer aux Gazaouis, en proie à la famine après 22 mois d'un conflit qui a dévasté la bande de Gaza.

Dimanche, Benjamin Netanyahu a convoqué des journalistes étrangers pour leur expliquer le plan concernant la ville de Gaza, la plus importante de l'enclave palestinienne.

Selon ce plan, Israël va autoriser d'abord les civils à quitter les zones de combat avant que l'armée n'entre dans la ville de Gaza, l'un des deux derniers bastions du Hamas selon Benjamin Netanyahu. La défaite du groupe islamiste palestinien dans la principale ville de l'enclave mettrait fin à la guerre, a-t-il affirmé.

Le ministre israélien des Finances, Bezalel Smotrich, membre du cabinet de sécurité qui a exigé des mesures plus sévères, a estimé que le plan était conçu pour faire pression sur le Hamas afin de relancer les négociations plutôt que pour le vaincre. Il a exhorté Benjamin Netanyahu à abandonner ce projet.

Les négociations indirectes entre Israël et le Hamas sur la proposition américaine d'un cessez-le-feu de 60 jours, incluant notamment la libération de la moitié des otages, se sont terminées le mois dernier dans une impasse, avec d'importantes divergences entre les deux parties.

Les médiateurs, l'Égypte et le Qatar, n'ont pas renoncé à relancer les négociations, selon un diplomate arabe. Selon ce dernier, la décision d'Israël de communiquer son plan d'offensive sur la ville de Gaza pourrait permettre de ramener le Hamas à la table des négociations.

Le diplomate a déclaré que le Hamas souhaitait s'engager dans des discussions constructives en vue d'un cessez-le-feu après avoir vu la volonté affirmée de Benjamin Netanyahu de prendre le contrôle de toute la bande de Gaza.

Basem Naim, haut responsable du Hamas, a déclaré que le groupe avait informé les médiateurs que le groupe militant palestinien était toujours intéressé par un accord de cessez-le-feu.

Benjamin Netanyahu n'a pas exclu d'opter pour un accord. Une source proche du Premier ministre a déclaré que si une proposition pertinente émergeait, elle serait soumise au cabinet de sécurité israélien.

Interrogé dimanche sur la possibilité d'interrompre la nouvelle offensive en faveur d'un cessez-le-feu, Benjamin Netanyahu a adopté publiquement une position plus ferme.

"Nous visons la libération des 20 (otages vivants) dans le but de vaincre le Hamas. Nous parlions d'un accord partiel, nous avons opté pour un accord partiel, mais nous avons été détournés de notre but", a-t-il déclaré. "Nous allons détruire le Hamas, nous ne nous arrêtons pas, nous avançons", a-t-il ajouté.

UNE OFFENSIVE "INUTILE"

Benjamin Netanyahu a également indiqué qu'il avait donné des instructions à l'armée israélienne pour l'accélération de ses plans en vue de la nouvelle offensive.

"Je veux mettre fin à la guerre le plus rapidement possible et c'est pourquoi j'ai demandé aux FDI (Forces de défense israéliennes, NDLR) de raccourcir le calendrier pour la prise de contrôle de la ville de Gaza", a-t-il déclaré.

Les plans présentés au cabinet de sécurité jeudi pourraient cependant prendre environ cinq mois pour être finalisés, selon les deux fonctionnaires présents à la réunion.

Les remarques du Premier ministre israélien évoquant la ville de Gaza comme le dernier bastion du Hamas font écho aux déclarations faites avant une autre offensive, dans le sud de la bande de Gaza, il y a plus d'un an.

En avril 2024, lors d'une précédente série de négociations sur un cessez-le-feu, Benjamin Netanyahu s'était engagé à poursuivre l'assaut de Rafah, à l'extrême-sud de l'enclave, pour vaincre la dernière brigade du Hamas qui s'y trouvait.

Le Hamas, affaibli par les pertes de ses dirigeants, est réduit depuis longtemps à une force de guérilla dans les ruines de la bande de Gaza. Malgré cela, Benjamin Netanyahu se heurte au scepticisme que suscite son nouveau plan. Le chef militaire israélien l'a notamment qualifié de piège mortel.

Yair Lapid, chef de l'opposition israélienne, a qualifié l'initiative du Premier ministre de "danger pour Israël et sa sécurité". "Elle est inutile" a-t-il également dit.

"Les otages mourront, les soldats mourront, l'économie s'effondrera et la position internationale d'Israël s'effritera."

(Reportage complémentaire d'Alexander Cornwell à Tel Aviv et de Nidal al-Mughrabi au Caire ; version française Etienne Breban ; édité par Blandine Hénault)