L'Italie et l'Espagne déploient des navires pour protéger la flottille en route vers Gaza
information fournie par Reuters 25/09/2025 à 18:14

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Un déploiement des navires militaires européens sans précédent

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L'Italie affirme qu'il ne s'agit pas d'un geste hostile à l'égard d'Israël

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La flottille rejette l'idée de déposer l'aide à Chypre

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Israël met en garde de "conséquences"

par Alvise Armellini et Anna Uras

L'Italie et l'Espagne ont déployé des navires pour venir en aide à la flottille d'aide internationale en route pour Gaza, celle-ci ayant été attaquée par des drones alors qu'elle tentait d'acheminer de l'aide vers l'enclave palestinienne.

La flottille internationale Global Sumud utilise une cinquantaine de bateaux civils pour tenter de briser le blocus naval imposé par Israël à Gaza, avec à son bord de nombreux avocats et militants, dont l'activiste suédoise Greta Thunberg.

Des représentants de la flottille ont déclaré avoir été attaqués dans la nuit de mardi à mercredi par des drones, dans les eaux internationales au large de la Grèce. Personne n'a été blessé, mais les navires ont été endommagés.

Selon l'organisation, les drones ont largué des grenades assourdissantes et de la poudre urticante sur les navires. La flottille a accusé Israël d'être à l'origine de l'attaque.

Le ministère italien de la Défense, Guido Crosetto, a indiqué que la frégate envoyée mercredi, quelques heures après l'attaque contre la flottille, serait remplacée par un autre navire pour protéger les passagers des bateaux civils.

"Il ne s'agit pas d'un acte de guerre, ni d'une provocation : c'est un acte d'humanité, qui est un devoir d'un État envers ses citoyens", a déclaré Guido Crosetto à la chambre haute du parlement, à propos de la décision d'envoyer un navire.

Cette décision risque d'aggraver les tensions avec Israël, qui s'oppose fermement à l'initiative civile d'acheminer aide et nourriture aux gazaouis.

Le ministère italien des Affaires étrangères a fait savoir que la Belgique, la France et d'autres pays européens avaient demandé à Rome d'aider à fournir, si nécessaire, une assistance à leurs citoyens présent sur les navires.

L'Italie a suggéré que l'aide pourrait être déposées à Chypre et remises au Patriarcat latin de Jérusalem de l'Église catholique, qui les distribuerait ensuite à Gaza. La présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni, a déclaré qu'Israël soutenait cette idée.

La délégation italienne de la flottille a rejeté jeudi cette proposition.

"Notre mission reste fidèle à son objectif initial : briser le siège illégal (d'Israël) et apporter une aide humanitaire à la population assiégée de Gaza", a déclaré le groupe italien dans un communiqué.

Le Patriarcat latin de Jérusalem a dit ne pas commenter les informations selon lesquelles il était en pourparlers à ce sujet.

L'Espagne a également annoncé le déploiement d'un navire de guerre jeudi pour aider la flottille, rejoignant l'Italie dans un geste sans précédent des gouvernements européens.

MENACE DE "CONSÉQUENCES"

Giorgia Meloni, alliée traditionnelle d'Israël, a souligné mercredi qu'aucun recours à la force militaire n'était prévu par la marine italienne et a critiqué l'initiative de la flottille, la qualifiant de "gratuite, dangereuse et irresponsable".

Le ministère israélien des Affaires étrangères n'a pas répondu directement à l'accusation de la flottille selon laquelle l'Etat hébreu serait responsable de l'attaque de drones.

Il a également invité les bateaux civils à déposer l'aide humanitaire dans n'importe quel port proche d'Israël, laissant aux autorités israéliennes le soin de l'acheminer jusqu'à Gaza, sous peine d'en subir les conséquences.

Le ministre israélien des Affaires étrangères, Gideon Saar, a déclaré, dans un message sur X, que le rejet par la flottille de la proposition italienne de déposer l'aide à Chypre montrait "que leur véritable objectif était de provoquer et de servir le Hamas".

"Israël n'autorisera pas les navires à pénétrer dans une zone de combat active et ne permettra pas la violation d'un blocus naval légal", a-t-il écrit.

La flottille a déclaré tôt jeudi que ses navires avançaient désormais à vitesse réduite dans les eaux territoriales grecques, où ils ont été soumis à une "activité modérée de drones" pendant la nuit, et qu'ils se dirigeaient vers les eaux internationales "plus tard dans la journée".

Certains des membres de la flottille ont également décidé de débarquer pour être remplacés par d'autres militants, a déclaré à Reuters Annalisa Corrado, députée européenne du Parti démocrate, parti d'opposition italien, qui se trouve à bord de l'un des bateaux.

"Il est clair que les tensions augmentent et qu'avec elles, les risques augmentent également. Ceux qui débarquent ont décidé que ces niveaux de risque ne sont plus compatibles avec ce qu'ils sont prêts à supporter."

Les précédentes tentatives d'activistes pour briser le blocus naval de Gaza ont été stoppées par l'armée israélienne.

En 2010, dix militants turcs ont été tués par des commandos israéliens lors de leur assaut sur le navire Mavi Marmara, à la tête d'une flottille en direction de Gaza.

(Avec Sara Rossi à Milan, May Angel à Jérusalem, Anna Uras à Bologne, Joshua McElwee et Giulia Segreti à Rome, rédigé par Alvise Armellini et Keith Weir ; version française Etienne Breban, édité par Kate Entringer)