L'Iran dénonce le retour des sanctions de l'ONU, le rial à son plus bas historique information fournie par AFP 28/09/2025 à 14:11
L'Iran a dénoncé dimanche comme "injustifiable" le rétablissement des sanctions de l'ONU à son encontre, dix ans après leur levée, en plein désaccord avec les Occidentaux sur son programme nucléaire.
La monnaie nationale iranienne, le rial, a atteint un plus bas historique face au dollar après l'annonce des sanctions, selon des sites de suivi des changes: un dollar s'échangeait, selon le taux informel au marché noir, à environ 1,1 million de rials, contre environ 900.000 début août.
Allant d'un embargo sur les armes à des mesures économiques, les lourdes sanctions ont été rétablies samedi après un feu vert du Conseil de sécurité consécutif à l'échec des négociations. Mais le trio européen -Allemagne, France et Royaume-Uni- ainsi que les Etats-Unis ont assuré que cela ne marquait pas la fin de la diplomatie.
Le programme nucléaire de l'Iran empoisonne de longue date les relations avec les Occidentaux qui, avec Israël, soupçonnent Téhéran de vouloir se doter de la bombe atomique. L'Iran dément et défend son droit au nucléaire civil.
"Toute action visant à porter atteinte aux intérêts et droits du peuple d'Iran fera l'objet d'une réponse ferme et appropriée", a indiqué le ministère iranien des Affaires étrangères, au lendemain du rappel par Téhéran de ses ambassadeurs dans les trois pays européens.
Le ministère a dénoncé le retour "injustifiable" des sanctions "illégales".
Dans la capitale Téhéran, plusieurs personnes ont exprimé à l'AFP leur inquiétude d'une aggravation de la situation économique.
"Nous serons ruinés. Les gens pourraient bien ne plus pouvoir vivre comme ils le font aujourd'hui", a déclaré Nasim Company, une chercheuse de 56 ans.
"Même avant la hausse du dollar, les prix augmentaient. De la viande aux taxis, les conditions de vie étaient déjà difficiles", a affirmé Helia, une graphiste de 33 ans.
- "Illégal" -
Selon l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA), l'Iran est le seul pays non doté de l'arme nucléaire à enrichir l'uranium à un niveau élevé (60%), proche du seuil technique de 90% nécessaire à la fabrication de la bombe atomique.
En 2015, la France, le Royaume-Uni, l'Allemagne, les Etats-Unis, la Russie et la Chine avaient conclu avec l'Iran un accord prévoyant un encadrement des activités nucléaires iraniennes en échange d'une levée progressive des sanctions internationales.
Mais les Etats-Unis, sous le premier mandat de Donald Trump, s'en sont retirés en 2018 en rétablissant leurs propres sanctions qui affectent durement l'économie iranienne.
En riposte, l'Iran s'est affranchi de certains engagements, notamment sur l'enrichissement d'uranium, plafonné à 3,67% par l'accord de 2015.
Dans l'une des clauses de ce pacte, l'Iran déclare que si les sanctions étaient rétablies dans leur ensemble ou en partie, il considérerait cela comme un motif pour cesser d'exécuter ses engagements au titre de l'accord dans leur ensemble ou en partie.
Mais Londres, Paris et Berlin (groupe E3), accusant Téhéran de ne pas respecter ses engagements, ont déclenché fin août le mécanisme dit "snapback" qui permet dans un délai de 30 jours de rétablir les sanctions levées en 2015.
L'Iran accuse en retour le trio européen de ne pas avoir respecté l'accord de 2015 car il n'a pas empêché le retour des sanctions américaines. Et il juge par conséquent "illégal" le déclenchement du "snapback".
La Russie et la Chine s'opposent à ces sanctions.
- "Gestes concrets" -
Malgré l'escalade, le groupe E3 a assuré vouloir chercher "une nouvelle solution diplomatique garantissant que l'Iran ne se dote jamais de l'arme nucléaire".
Les Etats-Unis ont demandé à Téhéran d'"accepter des discussions directes", et à une application "immédiate" des sanctions.
Après plusieurs réunions infructueuses, le trio européen avait jugé que Téhéran n'avait pas fait de "gestes concrets" pour répondre à ses trois conditions: reprise des négociations avec les Etats-Unis; accès de l'AIEA aux sites nucléaires sensibles; processus pour sécuriser le stock d'uranium enrichi.
En juin, Israël a déclenché une guerre de 12 jours contre l'Iran, son ennemi juré, en bombardant des sites nucléaires et militaires et en tuant commandants et scientifiques iraniens.
La guerre avait éclaté alors que les Etats-Unis étaient engagés dans des pourparlers indirects avec l'Iran. Les Etats-Unis ont eux aussi bombardé des sites nucléaires iraniens.
"L'objectif est clair: empêcher l'Iran d'accéder à l'arme nucléaire", ont affirmé dimanche les autorités israéliennes sur X, en saluant le retour des sanctions.
Israël maintient l’ambiguïté sur sa possession de l'arme atomique, mais selon l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, il détient 90 ogives nucléaires.