L'intersyndicale n'a pas obtenu de réponses à Matignon, nouvelle mobilisation le 2 octobre
information fournie par AFP 24/09/2025 à 18:41

La secrétaire générale de la CFDT Marylise Léon, à gauche, Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, à droite, et Murielle Guilbert, au centre, codéléguée générale du syndicat SUD, après une réunion avec le Premier ministre Sébastien Lecornu à Matignon, le 24 septembre 2025 à Paris ( AFP / Alain JOCARD )

"Une occasion manquée": l'intersyndicale a estimé mercredi, après plus de deux heures d'entretien à Matignon, que le Premier ministre n'avait pas répondu à leurs revendications et a annoncé une nouvelle journée de mobilisation le 2 octobre.

"Le Premier ministre (Sébastien Lecornu) n'a apporté aucune réponse claire aux attentes des travailleurs et des travailleuses", a déploré au nom de l'intersyndicale la numéro un de la CFDT Marylise Léon.

Reçues pour leur part dans l'après-midi, les trois organisations patronales représentatives, Medef, CPME et U2P, se sont félicitées que la politique de l'offre n'ait pas été remise en cause au cours de ce rendez-vous.

Toujours sans gouvernement et en quête d'un compromis notamment avec les socialistes pour faire passer un budget, le Premier ministre recevait l'ensemble de l'intersyndicale (CFDT, CGT, FO, CFE-CGC, CFTC, Unsa, FSU et Solidaires), en présence des ministres démissionnaires Catherine Vautrin (Travail, Santé et Solidarités), Astrid Panosyan-Bouvet (Travail et Emploi) et Laurent Marcangeli (Fonction publique).

Arrivés ensemble à Matignon, les syndicats en sont ressortis ensemble pour exprimer leur mécontentement.

Ils ont annoncé une nouvelle journée de grèves et de mobilisation le 2 octobre, une date qui doit encore être confirmée mercredi en fin de journée par l’intersyndicale. Marylise Léon sera l'invitée du 20H00 de France 2.

Seul potentiel motif de satisfaction, l'enterrement d'une nouvelle réforme de l'assurance chômage semble "bien parti", a indiqué Marylise Léon à l'AFP. Mais ce n’est pas le cas du doublement des franchises médicales ou de la suppression de 3.000 postes de fonctionnaires et M. Lecornu n'a donné "aucun élément précis" sur la justice fiscale, a regretté Sophie Binet.

La numéro 1 de la CGT a fustigé "deux heures de langue de bois", lançant: "J'aurais été plus efficace à préparer des banderoles".

Laurent Escure, secrétaire général de l'Unsa, n'a entendu qu'un "discours de la méthode" en lieu et place d'"engagements".

Quant à la réforme des retraites de 2023, point central des revendications syndicales, "ça fait partie des sujets qui ont été le moins clairs", a déploré Mme Léon, Sophie Binet regrettant que le Premier ministre n'ait "pas dit un mot" d'une éventuelle suspension.

- "Faire grève massivement" -

Amir Reza-Tofighi, secrétaire général de la CPME (D), arrive à Matignon le 24 septembre 2025 à Paris ( AFP / Alain JOCARD )

Depuis son arrivée à Matignon, où il avait d'emblée promis "des ruptures" sur le fond, le Premier ministre a déjà reçu les organisations représentatives une à une. Au terme de leur journée de grève et de manifestations du 18 septembre, il avait convié les syndicats à revenir le voir.

Ceux-ci lui avaient lancé un "utimatum", lui demandant de répondre à leurs revendications avant mercredi sous peine d'une nouvelle mobilisation.

Mercredi en début d'après-midi, c'était au tour des organisations patronales d'être reçues à Matignon, en présence des ministres démissionnaires Eric Lombard (Economie) et Catherine Vautrin (Travail et Santé).

Ils sont pour leur part arrivés et repartis séparément.

Selon Patick Martin, le président du Medef, le Premier ministre "est parfaitement conscient qu'il faut envoyer des signaux sur le partage des efforts, sur l'équité (fiscale) mais surtout sur la lutte contre la fraude", sans "mettre en péril le modèle économique".

Amir Reza-Tofighi, le président de la CPME, a indiqué que son mouvement était "à 200% pour" lutter contre la suroptimisation fiscale par certains contribuables, mais "qu'il ne fallait pas créer de nouveaux impôts". Il a perçu un possible "geste" pour réduire encore un impôt de production pesant sur les entreprises, la CVAE.

Michel Picon, le président de l'U2P (entreprises de proximité), s'est montré encore plus enthousiaste en termes de justice fiscale: "Si on ne dit pas aux Français que les efforts seront partagé par tous ils ne seront acceptés par personne".

C'est ainsi qu'il refuse de participer à un meeting patronal qu'organise Patrick Martin le 13 octobre, tandis que la CPME va sonder ses membres sur une participation.

Selon plusieurs sources, syndicales et patronales, M. Lecornu a confié mercredi qu'il était "le plus faible Premier ministre de la Ve République". "Je ne suis pas Édouard Philippe, je n'ai pas 350 députés sur lesquels m'appuyer", a rapporté Sophie Binet.

"Il est très conscient que ses marges de manoeuvre sont étroites", a expliqué Patrick Martin. "Il n'a pas toutes les cartes", selon Amir Reza-Tofighi.

Le Premier ministre va annoncer "en fin de semaine, quelques arbitrages ou orientations qu'il va prendre", a indiqué Michel Picon à l'issue de l'entretien.

Les députés insoumis ont demandé mercredi aux autres groupes de gauche de l'Assemblée nationale de signer une motion de censure commune contre le Premier ministre Sébastien Lecornu qui sera déposée "dès l'ouverture de la session parlementaire", le 1er octobre.