L'Ethiopie accuse l'Erythrée de "se préparer activement à une guerre" contre elle information fournie par AFP 08/10/2025 à 10:29
Financement de groupes armés, ingérence, tentative de déstabilisation: l'Ethiopie accuse son voisin érythréen ,ainsi qu'une faction du Front de libération du Peuple du Tigré (TPLF), parti qui a dominé la vie politique éthiopienne pendant presque trente ans, de se préparer "activement à une guerre" contre elle.
Les relations entre l'Ethiopie et l'Erythrée sont extrêmement tendues depuis plusieurs mois.
Dans un courrier au secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, daté du 2 octobre et dont l'AFP a obtenu mercredi une copie, le ministère éthiopien des Affaires étrangères a également accusé Asmara et "une faction extrémiste du TPLF" de "financer, mobiliser et diriger" des groupes armés, notamment en région Amhara, où l'armée fédérale est confrontée depuis plusieurs années à des rebelles.
"La collusion entre le gouvernement érythréen et le TPLF est devenue plus évidente ces derniers mois", a affirmé Addis Abeba, pour qui son voisin érythréen est le "principal artisan de ces activités néfastes" et cherche à "déstabiliser et fragmenter l'Ethiopie".
Interrogés par l'AFP sur ces accusations, le ministre érythréen de l'Information Yemane Ghebremeskel et le TPLF, n'ont pour l'heure pas donné suite.
L'Ethiopie et l'Erythrée ont connu ces dernières années des relations en dents de scie. L'Erythrée a obtenu son indépendance de l'Ethiopie en 1993 après une longue lutte armée. Une sanglante guerre qui a fait plusieurs dizaines de milliers de morts a opposé les deux pays de la Corne de l'Afrique entre 1998 et 2000 à cause de différends frontaliers.
Les relations se sont réchauffées en 2018 avec l'arrivée au pouvoir du Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed, qui a conclu un accord de paix avec le président Issaias Afeworki, qui dirige l'Erythrée d'une main de fer depuis 1993.
Cet accord a valu au premier de recevoir le prix Nobel de la paix l'année suivante. L'armée érythréenne a épaulé les forces fédérales éthiopiennes durant la sanglante guerre du Tigré entre 2020 et 2022, qui a fait au moins 600.000 morts, selon une estimation de l'Union africaine.
- Accès à la mer -
Depuis la fin du conflit, les relations sont à nouveau à couteaux tirés, Asmara accusant son voisin enclavé de lorgner le port d'Assab.
Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed répète depuis plusieurs mois sa volonté pour le pays, deuxième plus peuplé du continent avec quelque 130 millions d'habitants, d'avoir un accès à la mer qu'il a perdu depuis l'indépendance de l'Erythrée, par le biais de moyens légaux.
"L'Éthiopie a exprimé à plusieurs reprises sa volonté d'engager des négociations de bonne foi avec le gouvernement érythréen", a assuré le ministre des Affaires étrangères éthiopien Gedion Timothewos dans la lettre.
"Le gouvernement érythréen doit respecter la souveraineté et l'intégrité territoriale de l'Éthiopie et s'abstenir de toute ingérence dans ses affaires intérieures", ont également souligné les autorités éthiopiennes.
En mars, dans un contexte déjà tendu entre les deux voisins, Asmara avait exhorté "la communauté internationale à "faire pression" pour que l'Ethiopie respecte "la souveraineté et l'intégrité territoriale de ses voisins" avant de qualifier de "fausses accusations" les "préparatifs présumés de l'Erythrée en vue d'une guerre contre l'Ethiopie".
L'Erythrée, l'un des pays les moins peuplés du continent avec quelque 3,5 millions d'habitants, s'est rapproché récemment de l'Egypte, qui entretient également des relations tendues avec l'Ethiopie.
Addis Abeba a également ciblé une faction du TPLF, qui a dominé d'une main de fer l'Ethiopie de 1991 à 2018, avant d'être marginalisé à la suite de l'arrivée au pouvoir de M. Abiy.
Le parti n'a plus d'existence légale depuis sa radiation en mai par la commission électorale, mais ses membres continuent d'administrer de fait la région septentrionale, frontalière de l'Erythrée. Les relations se sont tendues ces derniers mois entre l'administration fédérale et l'administration locale.