L'Asie du Sud-Est touchée par un puissant séisme, plusieurs morts information fournie par Reuters 28/03/2025 à 15:24
*
Séisme d'une magnitude de 7,7, selon l'USGS
*
Effondrement d'un gratte-ciel à Bangkok, 81 personnes sous les décombres
*
Des bâtiments et des ponts effondrés en Birmanie
*
Etat d'urgence dans plusieurs régions birmanes
(Actualisé tout du long)
Un puissant séisme a secoué vendredi l'Asie du Sud-Est, provoquant la mort de plusieurs personnes, la destruction d'un gratte-ciel en construction en Thaïlande et l'effondrement de plusieurs bâtiments en Birmanie voisine, où la junte au pouvoir a déclaré l'état d'urgence dans certaines régions.
Les premiers bilans, rapportés par des témoins, font état d'au moins trois personnes tuées dans la ville de Taungu, dans le centre de la Birmanie, après l'effondrement partiel d'une mosquée. Les médias locaux, de leur côté, font état d'au moins deux personnes décédées et 20 autres blessées après l'effondrement d'un hôtel à Aungpan, une autre ville du centre de la Birmanie.
La junte militaire au pouvoir n'a pas avancé de bilan provisoire mais a lancé un appel aux dons de sang et de fournitures médicales pour aider les personnes hospitalisées.
A Bangkok, capitale de la Thaïlande, un pays frontalier avec la Birmanie, les secouristes étaient à la recherche de 81 personnes coincées dans les décombres du gratte-ciel en construction, a rapporté le ministère thaïlandais de la Défense.
Selon le gouverneur de Bangkok, Chadchart Sittipunt, la chute de l'immeuble en construction a fait au moins trois morts.
L'Institut d'études géologiques des Etats-Unis (USGS) a estimé la magnitude du séisme à 7,7. Ce séisme a été suivi d'une puissante réplique ainsi que de plusieurs autres plus modérées.
Il s'est produit à une profondeur de 10 kilomètres et l'épicentre a été localisé à 17,2 km de Mandalay, la deuxième plus grande ville de Birmanie avec environ 1,5 million d'habitants.
Dans le pays, le séisme a provoqué l'effondrement de bâtiments dans cinq villes et villages, ainsi que la chute d'un pont ferroviaire et d'un pont routier sur l'autoroute Rangoun-Mandalay, ont rapporté les médias d'État.
"Nous sommes tous sortis en courant de la maison, tout tremblait. J'ai vu un immeuble de cinq étages s'effondrer sous mes yeux. Dans ma ville, tout le monde est dans la rue et personne n'ose retourner à l'intérieur des bâtiments", raconte à Reuters un témoin de la scène.
L'armée au pouvoir en Birmanie a déclaré l'état d'urgence dans six régions, dont celle de Naypyidaw, la capitale du pays, ont rapporté des médias d'Etat.
"L'État enquêtera rapidement sur la situation et mènera des opérations de sauvetage tout en fournissant une aide humanitaire", a-t-elle écrit sur la messagerie Telegram.
MOMENT CRITIQUE
Ce séisme est un nouveau défi pour la junte, qui fait face à une guerre civile contre une insurrection armée.
Les combats ont fait plus de trois millions de déplacés, selon l'Onu, alors que plus d'un tiers de la population a besoin d'assistance humanitaire.
Le tremblement de terre intervient à un moment critique pour le pays asiatique, selon Joe Freeman d'Amnesty International, qui avance que les coupes de l'administration américaine de Donald Trump ont sensiblement affecté l'aide humanitaire en Birmanie.
Pour Nyi Nyi Kyaw, enseignant birman à l'Université de Bristol au Royaume-Uni, le séisme intervient "au moment où la Birmanie est la plus vulnérable (...) depuis des décennies".
"Une grande partie de la société civile a fui le pays et les organisations qui sont sur place ne sont pas en mesure de gérer les efforts de secours en cas de catastrophe", ajoute-t-il.
"La Birmanie est incapable de faire face au choc et à ses conséquences", estime Nyi Nyi Kyaw.
Le gouvernement d'unité nationale (NUG), opposé à la junte militaire, a pour sa part fait état d'un bilan provisoire de 12 morts.
"C'est très sérieux, nous avons besoin d'assistance technique et humanitaire de la communauté internationale", a déclaré à Reuters Zin Mar Aung, ajoutant que les Forces de Défense du peuple, affiliées au NUG, vont être déployées pour délivrer de l'aide humanitaire.
BÂTIMENTS EFFONDRÉS
Depuis qu'elle a renversé le gouvernement élu de la prix Nobel de la paix Aung San Suu Kyi en 2021, la junte peine à gouverner le pays avec une économie et des services essentiels, comme celui de la santé, au plus bas.
Des routes, ponts et immeubles ont été endommagés par le séisme, a déclaré la Croix Rouge, ajoutant que des inquiétudes se portaient sur des barrages de grande ampleur.
Des images publiées sur les réseaux sociaux en provenance de Mandalay, ancienne capitale royale de la Birmanie, montrent des bâtiments effondrés et des débris éparpillés dans les rues. Reuters n'a pas pu vérifier dans l'immédiat l'authenticité de ces publications.
Une femme également présente sur les lieux du drame, Htet Naing Oo, a rapporté à Reuters qu'un salon de thé s'était effondré, piégeant plusieurs personnes à l'intérieur.
"Nous n'avons pas pu entrer. La situation est très grave", a-t-elle dit.
La grande horloge de Mandalay et une partie du mur du palais de la ville ont également été endommagées, d'après les images diffusées par les médias locaux.
A Taungu, où au moins trois personnes sont décédées, selon deux témoins oculaires, après l'effondrement partiel d'une mosquée, l'un a déclaré à Reuters: "Nous étions en train de réciter des prières lorsque les secousses ont commencé (...) Trois personnes sont mortes sur le coup".
A Aungpan, les médias locaux ont rapporté qu'un hôtel s'était entièrement effondré, tandis que l'ONG Democratic Voice of Burma, qui produit des programmes de radio et de télévision, a rapporté que deux personnes étaient mortes et que 20 autres étaient coincées sous des décombres.
La Bourse thaïlandaise a annoncé un arrêt complet de ses opérations et une reprise lundi.
(Devika Nair, Sameer Manekar et Gnaneshwar Rajan à Bangalore et Devjyot Ghoshal à Bangkok; rédigé par Raju Gopalakrishnan; version française Claude Chendjou)