L'armée israélienne sommée "d'exécuter" les prochaines décisions sur Gaza
information fournie par AFP 06/08/2025 à 21:08

Un char israélien le long de la frontière avec la bande de Gaza, le 5 août 2025 ( AFP / Jack GUEZ )

L'armée israélienne devra "exécuter" les décisions politiques sur la guerre dans la bande de Gaza, a affirmé mercredi le ministre de la Défense, à la veille d'un arbitrage gouvernemental attendu sur une nouvelle phase des opérations, qui suscite des réserves au sein de la hiérarchie militaire.

Selon la presse, qui agite la perspective d'une occupation totale du territoire palestinien, le Premier ministre Benjamin Netanyahu doit présider jeudi en fin d'après-midi une réunion du cabinet de sécurité, en charge des questions militaires.

Alors que M. Netanyahu a affirmé mardi qu'Israël devait vaincre "totalement" le Hamas et ramener les otages israéliens retenus à Gaza, les médias se font l'écho des réserves, voire de l'opposition du chef d'état-major, le lieutenant-général Eyal Zamir.

Selon la télévision publique Kan 11, il a mis en garde au cours d'une réunion mardi contre le "piège" que serait une occupation totale de Gaza.

Sur la foi de ses sources gouvernementales, la presse israélienne est unanime à prédire une extension des opérations militaires y compris dans les zones où pourraient être retenus les otages et dans les secteurs les plus densément peuplés.

Dans la bande de Gaza assiégée et bombardée, où se pressent chaque jour des milliers de Palestiniens autour des points de distribution de nourriture, la Défense civile a annoncé mercredi que 20 personnes avaient été tuées quand un camion chargé de vivres s'est retourné sur la foule.

- "Droit et devoir" -

Un femme observe le site d'une frappe israélienne dans un camp de déplacés à al-Mawasi, dans le sud de la bande de Gaza, le 5 août 2025 ( AFP / - )

Une responsable de Médecins sans frontières, Caroline Willemen, a décrit une situation humanitaire "dévastatrice" dans le territoire, où persiste "la crise de la faim".

Et "nous continuons de voir des patients se faire tirer dessus ou écraser sur les sites de distribution d'aide", a-t-elle ajouté sur les réseaux sociaux.

Les agences de l'ONU et les ONG ont appelé les autorités israéliennes à "abroger l'exigence introduite le 9 mars les obligeant à partager des informations personnelles sensibles sur leurs employés palestiniens, sous peine de devoir cesser leurs opérations humanitaires dans la bande de Gaza et en Cisjordanie" occupée d'ici septembre.

Selon le quotidien Maariv, le général Zamir a averti mardi "qu'une décision d'intensifier les combats pourrait entraîner la mort des otages encore en vie" et aurait réitéré "son opposition à une décision de conquérir entièrement la bande de Gaza", déjà occupée par Israël entre 1967 et 2005.

"C'est le droit et le devoir du chef d'état-major d'exprimer sa position dans les forums appropriés", a commenté le ministre de la Défense, Israël Katz.

"Mais après que des décisions sont prises par l'échelon politique, l'armée les exécutera avec détermination et professionnalisme (...) jusqu'à ce que les objectifs de la guerre soient atteints", a-t-il souligné sur X.

Un avion de l'armée allemande largue de l'aide humanitaire au-desus de la bande de Gaza, le 5 août 2025 ( AFP / Khalil MAZRAAWI )

Le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, a indiqué avoir rencontré mercredi le Premier ministre et jugé qu'"occuper Gaza est une très mauvaise idée" sur "le plan opérationnel, moral et économique".

En guerre contre le Hamas depuis l'attaque du 7 octobre 2023, le gouvernement israélien fait face à une pression croissante pour trouver une issue au conflit.

L'opinion israélienne s'alarme du sort des 49 otages toujours retenus à Gaza, dont 27 déclarés morts par l'armée, tandis qu'à l'international de plus en plus de voix s'élèvent face aux souffrances des plus de deux millions de Palestiniens, menacés de "famine généralisée" selon l'ONU.

Des Palestiniens se précipitent pour récupérer de l'aide humanitaire parachutée au-dessus de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 5 août 2025 ( AFP / Eyad BABA )

Ces derniers jours, la pression a encore grandi sur le Premier ministre après la diffusion par le Hamas et le Jihad islamique de vidéos de propagande montrant deux otages israéliens, Evyatar David et Rom Braslavski, très affaiblis et très amaigris, qui ont suscité colère et émotion en Israël et à l'étranger.

- Appels à évacuer -

Carte montrant les zones de la bande de Gaza militarisées par Israël ou soumises à des ordres d'évacuation non révoqués, selon de dernières données disponibles de l'Ocha au 30 juillet 2025 ( AFP / Olivia BUGAULT )

Israël a assoupli fin mai le blocus humanitaire qu'il avait imposé début mars au territoire palestinien mais les quantités autorisées à entrer, par voie terrestre ou largages aériens, sont jugées insuffisantes par l'ONU.

Après 22 mois de guerre, seules 1,5% des terres agricoles de Gaza sont désormais cultivables, selon un nouveau bilan satellitaire de l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO).

L'attaque du 7 octobre 2023 a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP réalisé à partir de données officielles.

L'offensive israélienne menée en représailles a fait au moins 61.158 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU.

L'armée israélienne a appelé mercredi la population à évacuer deux quartiers de Khan Younés (sud), où elle va élargir "le champ de ses opérations de combat", ainsi que plusieurs blocs d'immeubles du quartier d'Al-Zaytoun de la ville de Gaza.

L'armée a par ailleurs indiqué à l'AFP avoir procédé à l'élimination d'une "cellule terroriste" de 10 personnes à Daraj Tuffah, et éliminé plusieurs "terroristes" dans le sud du territoire.