L'adhésion de l'Ukraine à l'UE est en bonne voie, Kiev demande à la Hongrie de ne pas bloquer le processus
information fournie par Boursorama avec Media Services 04/11/2025 à 16:38

Le processus d'adhésion, long et complexe, exige l'unanimité des 27 États membres à chaque nouvelle étape.

Viktor Orban et Volodymyr Zelensky à Kiev, en Ukraine, le 2 juillet 2024. ( AFP / GENYA SAVILOV )

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a dit mardi 4 octobre espérer que Viktor Orban n'allait pas bloquer le processus d'adhésion à l'Union européenne de l'Ukraine, alors que Bruxelles souhaite justement l'accélérer.

"Nous aimerions vraiment que le Premier ministre hongrois nous soutienne ou du moins qu'il ne nous bloque pas", a-t-il déclaré au cours d'un forum sur l'élargissement de l'UE organisé par Euronews à Bruxelles.

Entamée tambour battant au lendemain de l'invasion russe en février 2022, la procédure en vue de l'entrée de l'Ukraine dans l'Union européenne est à l'arrêt depuis plusieurs mois. Ce processus d'adhésion, long et complexe, exige l'unanimité des 27 États membres à chaque nouvelle étape . Or le chef du gouvernement hongrois a décidé de geler de facto le processus d'adhésion en usant de son droit de veto.

La Commission européenne cherche des solutions et envisage désormais de demander un "mandat" pour poursuivre les discussions au sein des groupes de travail, sans avoir à réclamer un feu vert pour chaque étape de la négociation, a expliqué mardi Marta Kos, commissaire européenne chargée de l'Élargissement, en présentant devant la presse un rapport d'étape décrivant l'état des pourparlers entre l'UE et dix pays qui cherchent à la rejoindre.

Encore faut-il que Budapest accepte ce "mandat", a reconnu Marta Kos.

Lutte anticorruption

En attendant, l'Ukraine et la Moldavie, continuent à "travailler sur les réformes" exigées par Bruxelles , afin d'être prêtes le jour où la Hongrie, espèrent ces deux pays, lèvera enfin son veto, a expliqué Marta Kos. Et en dépit de la guerre, l'Ukraine "a continué à démontrer un engagement remarquable envers le chemin d'adhésion à l'UE", s'est félicité la commissaire croate.

Seul ombre au tableau, selon la Commission, la lutte contre la corruption. "Les tendances négatives récentes, notamment une pression croissante sur les agences spécialisées dans la lutte contre la corruption et sur la société civile, doivent être inversées de manière décisive", note ainsi l'exécutif européen.

Une loi avait supprimé cet été l'indépendance de deux organismes anticorruption clés, déclenchant aussitôt les premières manifestations d'importance en Ukraine depuis le début de l'invasion russe. Cette décision avait provoqué la colère de Bruxelles, contraignant l'Ukraine, très dépendante de l'aide européenne, à battre en retraite.

Pas de quoi néanmoins compromettre la suite des négociations, que Kiev voudrait voir conclues d'ici à 2028. "Il y a toutes les raisons de s'attendre à un résultat positif pour nous" , avait jugé lundi le président ukrainien. Bruxelles soutient cet objectif "ambitieux" mais réclame une "accélération du rythme des réformes", en particulier en ce qui concerne le respect de l'Etat de droit.

"Ecoutez votre peuple"

Les négociations d'adhésion avec les pays candidats sont divisés en "chapitres", selon les thèmes retenus, et l'UE estime que tous peuvent être ouverts d'ici à la fin de l'année. Encore faut-il convaincre la Hongrie, fermement opposée à l'entrée de l'Ukraine. Or chaque ouverture de "chapitre" est décidée à l'unanimité. Ce veto hongrois empêche également la Moldavie d'aller de l'avant, ce pays et l'Ukraine négociant ensemble avec Bruxelles leur adhésion.

Les négociations avec la Géorgie sont également au point mort mais pour une toute autre raison. Le parti au pouvoir à Tbilissi a décidé de tourner le dos à l'Union européenne, interrompant "de facto" les négociations. "Si vous êtes sérieux au sujet de l'UE, alors écoutez votre peuple et arrêtez d'emprisonner les leaders de l'opposition et les journalistes (...) Ensuite, nous pourrons discuter", a lancé Marta Kos à l'adresse du gouvernement géorgien

A l'opposé, la Commission européenne se félicite des progrès accomplis par le Monténégro. "C'est le pays le plus avancé dans le processus d'adhésion à l'UE", qu'il pourrait rejoindre dès 2028, selon la commissaire européenne.

Pour d'autres nations des Balkans, le résultat est plus mitigé. En Bosnie, la "crise politique" dans l'entité serbe a "compromis les progrès vers l'adhésion à l'UE". Et en Serbie, "les réformes ont considérablement ralenti", déplore la Commission européenne, qui regrette également le recours à un "narratif anti-UE" de la part de plusieurs responsables politiques serbes.