L'actrice et circassienne Vimala Pons, le souffle au corps information fournie par AFP 12/10/2025 à 08:06
Elle aime raconter le monde de façon décalée et loufoque: Vimala Pons, qui présente sa nouvelle pièce, "Honda Romance", à Paris et en tournée, est une artiste fascinée par la manifestation du déséquilibre, sous toutes ses formes.
Comédienne, circassienne, actrice de cinéma, autrice, Vimala Pons, 42 ans, est tout cela à la fois. Et même davantage puisqu'elle co-signe la plupart des bandes-sons de ses spectacles, avec son partenaire de scène Tsirihaka Harrivel.
"Honda Romance", programmé à partir de mardi dans le cadre du Festival d'Automne au Théâtre de l'Odéon à Paris, est sa première pièce de troupe, avec dix interprètes, mêlant mouvements physiques extrêmes, humour, chant, musique (assurée également par Rebeka Warrior).
Vimala Pons s'y retrouve écrasée par un satellite de 42 kgs, puis soufflée par trois canons à explosion - utilisés dans le cinéma - qui lâchent des décharges impressionnantes de vent.
Dans un précédent spectacle, l'artiste portait un rocher factice chargé d'explosifs en équilibre sur sa tête et 13 kilos de vêtements, qu'elle effeuillait, tout en racontant sa vie.
"J'adore les autobiographies dont on floute les contours, j'aime le fait de ne pas être forcément frontale dans la narration d'une intimité", raconte l'artiste aux cheveux longs, frange, pantalon ample et baskets vert flashy, rencontrée par l'AFP peu avant la première.
Porter des objets incroyables - une machine à laver, une carcasse de voiture - tout en faisant correspondre son effort avec un jeu de mots poétique ou drôle est vite devenu sa signature, et ce dès la sortie du Centre national des arts du cirque (Cnac) de Châlons-en-Champagne, où elle a étudié après le Conservatoire national supérieur d'art dramatique de Paris.
- Consolation -
"Le déséquilibre", reconnaît-elle, est "une obsession viscérale". D'ailleurs, "Honda Romance" interroge notre équilibre, dans un monde "gavé d'informations", souligne-t-elle. Une exploration de "ce flux inarrêtable de nos pensées, qui donne lieu à un flux inarrêtable d'émotions", qu'elle interprète sur scène dans une transe.
Ancienne sportive de haut niveau, ayant pratiqué le karaté, le krav-maga et le tennis en championnat de France entre 8 et 16 ans, l'artiste s'est préparée, pour cette pièce, avec la méthode Tabata: "on apprend à aller au sol et à se relever", au sens propre comme au figuré, explique Vimala Pons, pour qui la scène est assurément "un endroit de consolation".
Touche-à-tout, elle a à son compteur d'autres pièces, "De Nos jours (Notes on the Circus)" en 2012, "Grande" en 2017, "Le périmètre de Denver" en 2021, un livre-audio à l'humour décalé "Mémoires de l'Homme Fente", (2020), une fiction sonore "Eusapia Klane", (2022) et deux expositions.
Celle qui a grandi en Inde auprès de parents hippies évolue aussi depuis 2011 dans le cinéma indépendant. Cette année, on la voit dans le film de la scénariste Baya Kasmi ("Mikado"), ou encore dans le dernier long-métrage ("Le Voyage essentiel") d'Alejandro Jodorowsky.
Parmi ses sources d'inspiration, elle cite la militante altermondialiste canadienne Naomi Klein, le philosophe stoïcien Sénèque, la femme de lettres Germaine de Staël, ou encore l'acteur et humoriste Adam Sandler.
L'artiste, qui a créé "Honda Romance" à la Comédie de Genève, a aussi travaillé en partie dans un centre d'art accueillant des artistes, dans un hôpital psychiatrique d'Aix-en-Provence ; soignants, patients et autres spectateurs ont pu partager l'avancement de son projet.
Pour Julien Gosselin, nouveau directeur du Théâtre de l'Odéon, la performeuse incarne le nouveau souffle qu'il entend donner à son institution - une jeune génération d'artistes proposant de "nouvelles formes", "fortes" et "risquées". Avec son "identité osée protéiforme", Vimala Pons défend "un théâtre à la fois exigeant esthétiquement et ouvert à tous les publics", disait-il à l'AFP en mai.
Le spectacle est en tournée jusqu'en juin, passant par Rennes, Paris à nouveau, Nantes, Chambéry, Strasbourg, ou Lyon.