Japon: l'inflation accélère en mars à 3,2% (gouvernement) information fournie par Boursorama avec AFP 18/04/2025 à 07:43
La hausse des prix à la consommation au Japon (hors produits frais) s'est établie à 3,2% sur un an en mars, accélérant après avoir glissé à 3% en février et se maintenant à un niveau élevé, selon des chiffres gouvernementaux publiés vendredi.
Ce chiffre est en ligne avec la prévision des experts sondés par Bloomberg (+3,2%) et signale des tensions inflationnistes tenaces dans l'archipel.
Ce maintien de l'inflation, qui retrouve le niveau de janvier, s'explique notamment par un bond de 25,4% des prix des céréales, tirés par une envolée record de 92,5% sur un an des prix du riz, base essentielle de la cuisine japonaise.
Pour tenter d'enrayer l'historique renchérissement du riz depuis l'été dernier, sur fond de mauvaise récolte en 2023 et de fortes perturbations dans la distribution, le gouvernement a commencé à débloquer des centaines de milliers de tonnes de ses réserves stratégiques de riz, mis aux enchères.
Les produits alimentaires frais se sont globalement renchéris, avec notamment les prix du chou, autre aliment phare, qui ont plus que doublé (+111,6%) en l'espace d'un an, après des records de chaleur estivale suivis de fortes pluies qui ont ruiné les récoltes -- une modération après des flambées de 200% en janvier et 130% en février.
Non ajustée, l'inflation dans son ensemble (produits frais inclus) a toutefois ralenti à 3,6%, juste en deçà des attentes du marché qui tablait sur sa stabilisation à 3,7%.
Très surveillée par le marché, l'inflation sous-jacente, corrigée des prix volatils de l'énergie et des produits alimentaires frais, s'est hissée à 2,9% en mars, accélérant par rapport à février (+2,6%).
Se maintenant très au-delà de la cible d'environ 2% fixée par la Banque du Japon (BoJ), ce niveau devrait inciter l'institution à poursuivre les hausses de ses taux d'intérêt.
Après les avoir relevés par deux fois en 2024 puis à nouveau en janvier, elle a décidé cette semaine un statu-quo face aux incertitudes économiques.
L'économie nippone reste donc fragile: le Japon a vu la croissance de son PIB s'essouffler à 0,1% en 2024 (en termes réels, corrigés de l'inflation).
Et la guerre commerciale engagée par Donald Trump pourrait pénaliser à la fois les exportations nippones (automobile, acier...) et plomber davantage la consommation en entretenant l'inflation, fragilisant deux piliers de la quatrième économie mondiale.
L'archipel nippon, après avoir subi pendant des décennies une inflation quasi-inexistante et même la déflation, a connu un virage depuis deux ans et demi, avec une hausse des prix à la consommation systématiquement supérieure ou égale à 2% depuis avril 2022.
Pour l'endiguer, la BoJ avait entamé en mars 2024 un resserrement de ses taux, après dix ans de politique monétaire ultra-accommodante où ils étaient restés quasi-nuls.
Alors que cette inflation plombe les dépenses des ménages (elles ont reculé de 1,1% l'an dernier) et pèse sur l'activité, le Premier ministre Shigeru Ishiba a fait adopter en décembre un plan de relance équivalant à 136 milliards d'euros censé doper le pouvoir d'achat, avec des enveloppes aux ménages et le rétablissement des subventions à l'énergie.