Italie: le groupe azerbaïdjanais Baku Steel a soumis la "meilleure offre" pour l'aciérie ex-Ilva information fournie par Boursorama avec AFP 20/03/2025 à 15:18
Après avoir évincé il y a un an ArcelorMittal, l'Italie s'apprête à confier les rênes de son aciérie géante ex-Ilva au sidérurgiste azerbaïdjanais Baku Steel, dont l'offre de rachat visant à la relancer a été jugée "la meilleure".
L'offre de Baku Steel, appuyée par Azerbaijan Investment Company, un fonds d'investissement détenu à 100% par l'Etat azerbaïdjanais, a été préférée ainsi à celles du géant indien de l'acier Jindal Steel et du fonds américain Bedrock Industries.
Baku Steel a soumis la "meilleure offre" pour la reprise de l'aciérie, a annoncé jeudi le ministre italien des Entreprises Adolfo Urso. "S'ouvre alors une nouvelle phase décisive, celle de la négociation" entre Rome et Baku Steel.
Les commissaires en charge de l'ex-Ilva "m'ont annoncé qu'ils enverront aujourd'hui une demande formelle d'autorisation de négocier avec l'entité internationale qui aura fait la meilleure offre", a expliqué le ministre.
Accusant ArcelorMittal, ancien principal actionnaire de l'aciérie avec une part de 62%, de refuser de la renflouer, le gouvernement Meloni l'avait mise en février 2024 sous tutelle de l'Etat pour sauvegarder ses milliers d'emplois.
Le montant de l'offre de Baku Steel n'a pas été communiqué. ArcelorMittal avait déboursé en 2017 la somme de 1,8 milliard d'euros, assortie d'une promesse d'investissements de 2,4 milliards d'euros et d'engagements en matière d'emplois.
- Secteur en crise -
Ce changement de direction à la tête de l'ancienne Ilva survient à un moment crucial pour ce pôle sidérurgique alors que les droits de douane de 25% imposés par Donald Trump sur les importations d'acier aux Etats-Unis risquent de plomber un secteur déjà en crise.
Sur fond de hausse des prix de l'énergie et de baisse de la demande d'acier, moins de 3 millions de tonnes ont été produites en 2023 par l'aciérie de Tarente et à peine 2 millions en 2024. Seuls deux des quatre hauts-fourneaux sont actuellement en activité.
Déclarée insolvable par la justice, l'ex-Ilva, l'une des plus grandes aciéries d'Europe, n'arrivait plus à rémunérer ses fournisseurs ni à régler ses factures de gaz et d'électricité.
Baku Steel, qui est appuyé par l'Etat azerbaïdjanais, gère une aciérie disposant d'une capacité de production de 800.000 tonnes par an.
Son concurrent Jindal Steel a une capacité de production bien supérieure, de 9,6 millions de tonnes. Le groupe indien Vulcan Green Steel, autre filiale du conglomérat Jindal, avait déjà soumis, sans succès, une offre pour Ilva en 2017.
Baku Steel s'est engagé à apporter une unité flottante de regazéification au port de Tarente, ce qui a dû peser dans la balance, malgré des craintes pour l'environnement.
L'Azerbaïdjan est devenu le deuxième fournisseur de gaz pour l'Italie derrière l'Algérie, dans la foulée des efforts de Rome visant à réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie, après l'invasion de l'Ukraine.
- Participation de l'Etat -
Seuls trois candidats se sont présentés en janvier pour reprendre l'intégralité de l'aciérie, alors que sept autres offres portaient sur le rachat de certains actifs.
L'opposition avait critiqué les choix du gouvernement de droite et d'extrême droite de Giorgia Meloni dès que Baku Steel avait été donné favori début février.
Le "gouvernement des patriotes a décidé de se livrer pieds et poings liés" à l'Azerbaïdjan, "profondément influencé par la Russie", s'est ainsi insurgé Mario Turco, vice-président du Mouvement 5 Etoiles.
Les relations entre la Russie et l'Azerbaïdjan, pays historiquement proches, traversent cependant une période de froid depuis le crash d'un avion de ligne d'Azerbaijan Airlines en décembre au Kazakhstan, faisant 38 morts, imputé par Bakou à Moscou.
Adolfo Urso avait indiqué début mars que l'Etat italien pourrait garder "une participation largement minoritaire" dans l'aciérie, répondant ainsi à une demande de certains candidats au rachat.
Une telle participation "nous permettrait de mieux garantir le développement industriel" de l'ancienne Ilva en "évitant les erreurs du passé", avait-il estimé.
Le repreneur devra respecter un cahier des charges strict qui comprend, selon M. Urso, "la décarbonation complète des aciéries de Tarente", "le maintien des niveaux d'emploi" et "les investissements technologiques et financiers nécessaires".