Israël lance une vaste attaque contre l'Iran, Téhéran promet de riposter information fournie par Reuters 13/06/2025 à 15:20
par Maayan Lubell et Parisa Hafezi et Steve Holland
JERUSALEM/DUBAI/WASHINGTON (Reuters) -Israël a lancé vendredi une vaste attaque contre l'Iran, visant des sites nucléaires, des usines de missiles balistiques et des chefs militaires, dont le chef d'état-major de l'armée et le commandant du corps d'élite des gardiens de la Révolution, à l'orée d'une campagne destinée à empêcher la République islamique de se doter de l'arme atomique.
L'Iran, qui dément toute ambition d'acquérir l'arme nucléaire, a promis une riposte implacable à cette attaque, à laquelle les Etats-Unis, engagés dans des négociations avec Téhéran sur son programme nucléaire, ont dit ne pas être associés alors que de nombreux pays, dont la France, ont appelé à l'apaisement.
Israël a déclaré qu'il s'employait à intercepter une centaine de drones lancés en représailles contre son territoire. Vers 08h00 GMT, l'ordre donné à la population de rester à proximité des abris a toutefois été levé, ont rapporté les médias israéliens, donnant à penser que la plupart ou tous ces drones avaient été neutralisés.
Les cours du pétrole se sont envolés face à la crainte d'un conflit d'ampleur au Moyen-Orient, avant de refluer un peu. Les grandes compagnies aériennes ont dérouté leurs vols pour éviter l'espace aérien de plusieurs pays de la région.
L'armée israélienne, via un porte-parole francophone, a dit que cette opération avait été conçue pendant des mois, voire des années.
Une source proche des services de sécurité israéliens a rapporté que des commandos du Mossad s'étaient infiltrés en profondeur en territoire iranien avant le déclenchement de l'attaque proprement dite et que des agents du service israélien des opérations extérieures et des militaires avaient mené une série d'actions clandestines contre le système iranien de missiles stratégiques.
Israël est aussi parvenu à installer une base de drones près de Téhéran, selon cette source. L'armée israélienne a dit avoir mené des frappes contre les défenses antiaériennes iraniennes et détruit des "dizaines de radars et de lanceurs de missiles sol-air".
PAS DE HAUSSE DE RADIOACTIVITÉ À NATANZ
Les médias iraniens et des témoins ont signalé dès les premières heures de la journée des explosions, notamment sur le principal site iranien d'enrichissement d'uranium à Natanz.
L'Agence internationale de l'Energie atomique (AIEA), s'appuyant sur des informations transmises par les autorités iraniennes, a déclaré qu'aucune hausse des niveaux de radioactivité n'avait été relevée à Natanz.
Les gardiens de la Révolution ont annoncé la mort de leur commandant en chef, Hossein Salami, tandis que les médias officiels ont rapporté que le quartier général de ce corps paramilitaire d'élite avait été touché à Téhéran. Plusieurs enfants ont été tués dans un bombardement sur un quartier résidentiel de la capitale iranienne, ont rapporté les médias.
"Nous nous trouvons à un moment décisif dans l'histoire d'Israël", a déclaré le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, dans une allocution vidéo enregistrée.
"Israël a lancé il y a quelques instants l'opération 'Lion Dressé', une opération militaire ciblée visant à endiguer la menace iranienne contre la survie même d'Israël. Cette opération se poursuivra autant de jours qu'il sera nécessaire pour éradiquer cette menace."
L'attaque a été menée à l'aide d'environ 200 avions de chasse qui ont frappé plus d'une centaine de cibles en Iran, a dit le général Effie Defrin, porte-parole de l'armée israélienne.
Israël a obtenu confirmation que le chef d'état-major de l'armée iranienne, le commandant des gardiens de la Révolution et d'autres chefs militaires avaient été tués dans ces frappes, a-t-il déclaré.
Six scientifiques impliqués dans le programme nucléaire de l'Iran ont aussi été tués, selon les médias iraniens.
Le guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, a déclaré dans un communiqué qu'Israël avait commis un crime contre l'Iran de sa "main malfaisante et ensanglantée" et qu'il subirait un "sort amer".
TRUMP DIT ESPÉRER LA POURSUITE DES DISCUSSIONS AVEC L'IRAN
Le chef d'état-major israélien Eyal Zamir a déclaré que des dizaines de milliers de soldats avaient été appelés et se tenaient prêts à toutes les frontières.
"Il s'agit d'une campagne historique qui ne ressemble à aucune autre. Il s'agit d'une opération cruciale afin de prévenir une menace existentielle posée par un ennemi déterminé à nous détruire", a-t-il dit.
Israël a déjà affaibli les capacités de représailles de l'Iran depuis l'attaque du Hamas contre son territoire le 7 octobre 2023, en décapitant le mouvement palestinien et le Hezbollah libanais, deux alliés de Téhéran.
L'armée israélienne a dit avoir été obligée d'agir en raison de nouveaux renseignements montrant que l'Iran approchait du "point de non-retour" dans le développement d'une arme nucléaire.
"Ce programme a considérablement accéléré ces derniers mois, ce qui a permis au régime de s'approcher significativement de l'obtention d'une arme nucléaire", a-t-elle dit dans un communiqué, sans toutefois fournir de preuve.
Une source proche des services de renseignement américains a déclaré que l'évaluation des Etats-Unis, selon laquelle l'Iran ne développait pas d'arme nucléaire et que l'ayatollah Ali Khamenei n'avait pas autorisé la reprise du programme d'armement nucléaire, n'avait pas changé récemment.
Le conseil des gouverneurs de l'AIEA a déclaré jeudi, pour la première fois en près de 20 ans, que l'Iran violait ses engagements en termes de non-prolifération.
Dans une interview à Fox News après le début de l'attaque israélienne, le président américain Donald Trump a répété qu'il était hors de question pour les Etats-Unis que l'Iran se dote de l'arme nucléaire. Il a ajouté que les Etats-Unis espéraient retourner à la table des négociations, alors qu'un nouveau cycle de pourparlers avec Téhéran est prévu dimanche à Oman.
Ces discussions visent à aboutir à un nouveau compromis se substituant à l'accord multilatéral de 2015, dont Donald Trump a retiré les Etats-Unis trois ans plus tard, qui encadrait les activités nucléaires de Téhéran en échange de la levée de sanctions internationales.
L'Iran dément toute intention de se doter de l'arme nucléaire et affirme mener des projets énergétiques et civils.
Pour suivre le déroulement en direct de la journée :
VOIR AUSSI:
ENCADRE-Les officiers et scientifiques iraniens éliminés par l'armée israélienne
ENCADRE-Principales réactions aux frappes israéliennes contre l'Iran
(Bureaux de Reuters, rédigé par Stephen Coates et Michael Georgy, version française Camille Raynaud, Kate Entringer et Bertrand Boucey, édité par Blandine Hénault)