Les Palestiniens fuient Gaza-ville après un dernier avertissement d'Israël
information fournie par AFP 01/10/2025 à 17:46

Des Palestiniens transportant leurs effets personnels traversent une route côtière au nord-ouest de Nousseirat (centre) après leur fuite de Gaza-ville, le 1er octobre 2025 ( AFP / Bashar TALEB )

A pied, à bord de véhicules surchargés ou des charrettes, des Palestiniens fuient en nombre Gaza-ville après un dernier avertissement d'Israël pour évacuer ce secteur visé mercredi par des bombardements intenses meurtriers.

Alors que le mouvement islamiste palestinien Hamas poursuit l'examen du plan de Donald Trump pour mettre fin à la guerre, la Défense civile a fait état d'au moins 46 morts à travers la bande de Gaza, dont 36 dans la ville éponyme, dans l'offensive israélienne.

Celle-ci a été lancée en riposte à une attaque d'une violence sans précédent menée par le Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. Elle a fait des dizaines de milliers de morts, ravagé le territoire assiégé et provoqué un désastre humanitaire.

"Nous avons appris que la route allait être fermée, nous nous sommes alors dépêchés de prendre un raccourci en direction du sud. La situation à Gaza-ville est effroyable, avec des bombardements et des bombes tout autour de nous", a raconté à Nousseirat (centre), Hassan Dalloul, après sa fuite de Gaza-ville.

Les habitants fuyant Gaza-ville (nord) vers le sud, empruntent la route côtière au nord-ouest du camp de Nousseirat à bord de camionnettes et de charrettes tirées par des ânes, remplies d'effets personnels et transportant souvent des enfants et des vieillards, selon des images de l'AFPTV.

Non loin, le bruit des bombardements résonne, alors qu'un hélicoptère israélien survole le secteur.

Un hélicoptère israélien survole le secteur de Nousseirat emprunté par des Palestiniens pour fuir Gaza-ville en direction du sud du territoire, le 1er octobre 2025 ( AFP / Bashar TALEB )

"Nous vivions dans une tente. La nuit il y a eu des tirs et des obus à proximité. Cela devenait insupportable et nous sommes partis. Même dans notre fuite, des coups de feu ont été même tirés sur le littoral", a déclaré un autre déplacé, Fadi al-Hissi.

- "Comme des terroristes" -

Des Palestiniens transportant leurs effets personnels traversent une route côtière au nord-ouest de Nousseirat (centre) après leur fuite de Gaza-ville, le 1er octobre 2025 ( AFP / Bashar TALEB )

Depuis le début de l'offensive majeure israélienne à Gaza-ville, présentée par l'armée comme un bastion du Hamas, des centaines de milliers de Palestiniens ont fui.

"C'est la dernière occasion pour les habitants de Gaza-ville qui le souhaitent de se déplacer vers le sud", a averti le ministre de la Défense Israël Katz. Les personnes qui restent seraient "considérées comme des terroristes et des partisans du terrorisme", a-t-il ajouté.

L'armée a fermé la dernière route permettant aux habitants du sud de rejoindre le nord du territoire, où les plus de deux millions de Palestiniens ont été déplacés plusieurs fois par la guerre.

Certains habitants ont néanmoins choisi de rester. "Je ne partirai pas, car toutes les zones sont dangereuses, les bombardements sont partout et les déplacements sont terrifiants", a dit Rabah al-Halabi, 60 ans, qui vit sous une tente.

La Croix-Rouge internationale a annoncé suspendre ses activités à Gaza-ville, mais averti que "des dizaines de milliers de personnes" restées sur place faisaient face à des "conditions humanitaires effroyables".

Des fillettes palestiniennes pleurent après qu'une frappe israélienne a touché une tente utilisée de déplacés dans l'enceinte d'un hôpital à Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, le 1er octobre 2025 ( AFP / BASHAR TALEB )

Pendant ce temps, le Hamas poursuit l'examen du plan américain, qui prévoit un cessez-le-feu, la libération dans les 72 heures des otages retenus à Gaza, le désarmement du mouvement palestinien, un retrait israélien progressif du territoire et la mise en place d'une autorité de transition chapeautée par M. Trump.

- "Une capitulation" -

Des déplacés palestiniens arrivent à Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza, le 1er octobre 2025 ( AFP / Bashar TALEB )

Le président américain a fixé mardi au Hamas un ultimatum de "trois ou quatre jours" pour accepter son plan ou de risquer "l'enfer".

Son proche allié, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dit soutenir le plan mais a ensuite affirmé que son armée allait se maintenir dans la majeure partie de la bande de Gaza.

Selon une source proche des négociations en cours à Doha, "il existe deux opinions au sein du Hamas".

"La première soutient l'approbation inconditionnelle, car la priorité est un cessez-le-feu dans le cadre des garanties données par Trump, avec des médiateurs veillant à ce qu'Israël mette en oeuvre le plan", a-t-elle dit. La seconde "rejette le désarmement et les expulsions" des cadres du Hamas et "privilégie une approbation conditionnelle".

Le Hamas, a ajouté la source, veut surtout des "garanties internationales" qu'Israël se retirerait intégralement de la bande de Gaza.

Pour Brian Katulis, chercheur au Middle East Institute, ce plan "ne fait que renforcer la tentative d'Israël d'obtenir une capitulation sans condition. Cela montre que Trump est prêt à signer un chèque encore plus en blanc à Israël si le Hamas ne l'accepte pas".

L'attaque du 7-Octobre a entraîné du côté israélien la mort de 1.219 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles. Sur les 251 personnes enlevées durant l'attaque, 47 sont toujours retenues à Gaza dont 25 sont mortes selon l'armée israélienne.

Des manifestants appellent à un cessez-le-feu à Gaza et à la libération des otages, lors d'un rassemblement devant le siège du parti Likoud de Benjamin Netanyahu à Tel-Aviv, le 30 septembre 2025 ( AFP / Jack GUEZ )

L'offensive de représailles israélienne a fait 66.148 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas, jugés fiables par l'ONU.