Israël intensifie ses opérations autour de Gaza-ville, réunion à la Maison Blanche
information fournie par AFP 27/08/2025 à 22:22

Des Palestiniens se bousculent pour recevoir des portions de nourriture d'une organisation de charité locale à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 août 2025 ( AFP / - )

L'armée israélienne a intensifié mercredi ses opérations autour de la ville de Gaza, avant une réunion à la Maison Blanche sous la présidence de Donald Trump consacrée à des plans d'après-guerre pour la bande de Gaza.

La Défense civile gazaouie a fait état de 38 morts dans les bombardements et les tirs israéliens à travers ce territoire assiégé, dévasté et menacé de famine selon l'ONU.

Compte tenu des restrictions imposées aux médias et des difficultés d'accès sur le terrain dans la bande de Gaza, l'AFP n'est pas en mesure de vérifier de manière indépendante les affirmations de la Défense civile.

Le Premier ministre Benjamin Netanyahu est sous pression croissante, tant en Israël qu'à l'étranger, pour mettre fin à l'offensive de son armée dans la bande de Gaza, déclenchée en riposte à une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien Hamas sur le sol israélien le 7 octobre 2023.

Son cabinet de sécurité a approuvé début août un plan pour s'emparer de Gaza-ville, située dans le nord de ce territoire palestinien dont les quelque deux millions d'habitants ont été déplacés plusieurs fois par la guerre.

Mercredi, l'armée israélienne qui contrôle environ 75% de la bande de Gaza, a affirmé que ses soldats opéraient à la périphérie de Gaza-ville pour "démanteler les sites d'infrastructures terroristes".

- "La mort vous suit" -

Elle a jugé "inévitable" l'évacuation de la population de cette ville, qu'elle présente comme le dernier grand bastion du Hamas dans ce territoire et d'où des milliers de personnes ont déjà fui.

Des chars israéliens déployés dans le sud d'Israël, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 27 août 2025 ( AFP / Jack GUEZ )

"Les avions ont bombardé et des drones ont tiré toute la nuit", a déclaré au téléphone à l'AFP Tala al-Khatib, une habitante du quartier Zeitoun à Gaza-ville. "Nous sommes toujours chez nous, certains voisins ont fui. Mais où que vous fuyiez, la mort vous suit !"

L'ONU estime à près d'un million le nombre actuel des habitants gouvernorat de Gaza qui comprend Gaza-ville, le chef-lieu de la bande de Gaza, et ses environs.

Le ministre de la Défense Israël Katz a menacé de détruire cette cité si le Hamas n'acceptait pas d'être désarmé et de libérer tous les otages enlevés pendant l'attaque du 7-Octobre, aux conditions d'Israël.

Mardi, des dizaines de milliers d'Israéliens avaient manifesté afin de réclamer un accord pour libérer les otages et arrêter la guerre.

Des Palestiniens fuient leurs maisons dans le quartier de Saftawy à Jabalia, dan le nord de Gaza, le 26 août 2025 ( AFP / BASHAR TALEB )

Parmi les objectifs d'Israël énumérés le 10 août par M. Netanyahu figuraient notamment, outre la libération des otages et le désarmement du Hamas, "un contrôle de sécurité prépondérant" du territoire par Israël et une "administration civile pacifique non israélienne".

Steve Witkoff, l'émissaire de Donald Trump, a annoncé "une grande réunion à la Maison Blanche" mercredi pour "élaborer un plan très complet sur le jour d'après" dans la bande de Gaza, sans fournir de précisions.

Des manifestants à Tel-Aviv brandissent leurs téléphones portables allumés lors d'une manifestation appelant à un accord en vue d'un cessez-le-feu à Gaza et de la libération des otages, le 26 août 2025 ( AFP / JOHN WESSELS )

Le président américain avait au début de l'année suggéré que les Etats-Unis prennent le contrôle de ce territoire, en évacuent sa population et y réalisent des projets immobiliers.

M. Netanyahu a salué cette proposition, rejetée par plusieurs pays européens et arabes.

- "Agir" -

Des chars israéliens déployés dans le sud d'Israël, près de la frontière avec la bande de Gaza, le 27 août 2025 ( AFP / Jack GUEZ )

Après avoir interdit en mars l'entrée de l'aide humanitaire dans la bande de Gaza, Israël a autorisé en mai son retour, même si elle est jugée largement insuffisante par les agences humanitaires.

Le 22 août, l'ONU a officiellement déclaré la famine dans ce territoire palestinien et en a attribué la responsabilité à Israël, en se fondant sur un rapport du Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC), un organisme mandaté par les Nations unies.

Israël, qui a affirmé qu'il n'y avait "pas de famine à Gaza", a exigé mercredi que "l'IPC retire immédiatement son rapport fabriqué de toutes pièces".

Une photo prise depuis une position à la frontière israélienne avec la bande de Gaza montre des bâtiments détruits dans le territoire palestinien assiégé, le 27 août 2025 ( AFP / Jack GUEZ )

Des images de l'AFP montrent quasiment chaque jour des Palestiniens dont de nombreux enfants tendant des casseroles vides à des organisations caritatives pour obtenir de la nourriture dans plusieurs secteurs de la bande de Gaza.

"Quand il n'y a pas assez à manger, les enfants souffrent de malnutrition sévère, puis ils meurent lentement et douloureusement", a lancé mercredi devant le Conseil de sécurité de l'ONU la patronne de Save de Children, Inger Ashing.

"Nous ne pouvons pas rester les bras croisés et simplement regarder des civils innocents, des travailleurs humanitaires, des journalistes se faire tuer et mourir de faim" dans la bande de Gaza, a dit de son côté la commissaire européenne chargée de l'aide humanitaire Hadja Lahbib. "L'heure est venue pour l'UE d'agir."

Des enfants palestiniens mangent du riz dans des casseroles après avoir obtenu des portions de nourriture auprès d'une oganisation de charité locale à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, le 27 août 2025 ( AFP / - )

L'attaque du 7-Octobre a entraîné la mort de 1.219 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP reposant sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 49 restent retenues dans la bande de Gaza dont au moins 27 sont mortes selon l'armée.

L'offensive de représailles israélienne a fait au moins 62.895 morts dans ce territoire palestinien, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas.