Israël frappe la banlieue de Beyrouth, affirme avoir visé le chef d'état-major du Hezbollah information fournie par AFP 23/11/2025 à 17:32
Israël a mené une frappe meurtrière dimanche dans la banlieue sud de Beyrouth, affirmant viser le chef d'état-major du Hezbollah pro-iranien, qui n'a pas confirmé si ce haut cadre avait été tué.
Cette attaque, annoncée après que Benjamin Netanyahu a juré de "faire tout le nécessaire" pour empêcher un renforcement du mouvement pro-iranien, a fait cinq morts et 28 blessés, selon le ministère libanais de la Santé.
C'est la cinquième fois qu'Israël frappe la banlieue sud de Beyrouth, un fief du mouvement chiite, depuis le cessez-le-feu conclu en novembre 2024 après un an de conflit au cours duquel l'armée israélienne a tué le chef du Hezbollah et plusieurs de ses responsables militaires.
L'attaque est intervenue une semaine avant la visite du pape Léon XIV, attendu le 30 novembre au Liban.
Dans cette zone densément peuplée, la frappe a touché les troisième et quatrième étages d'un immeuble de neuf étages, et laissé plusieurs voitures calcinées à son pied, a constaté un journaliste de l'AFP.
Il a vu les secouristes évacuer un corps enveloppé dans un sac blanc et au moins six blessés, dont trois femmes, de l'immeuble au rez-de-chaussée duquel s'alignent une pâtisserie, un magasin de jouets et une boutique d'électroménager.
"Je rendais visite à ma mère et j'étais sur le balcon", a raconté à l'AFP un homme qui se trouvait dans un immeuble faisant face au bâtiment touché. "Il y a eu comme un éclair, puis j'ai percuté la balustrade et tout le verre s'est brisé", a ajouté ce quadragénaire en état de choc, qui n'a pas voulu dire son nom.
-"Faire tout le nécessaire" -
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s'était engagé plus tôt dans la matinée à "faire tout le nécessaire" pour empêcher un renforcement du mouvement pro-iranien, ainsi que du Hamas à Gaza, ouvrant une réunion de son cabinet.
Son bureau a annoncé dans la foulée que l'armée israélienne venait d'"attaquer au coeur de Beyrouth, le chef d'état-major du Hezbollah qui a dirigé le renforcement et l'armement de l'organisation terroriste".
M. Netanyahu "a ordonné l'attaque sur recommandation du ministre de la Défense et du chef d'état-major", a ajouté son bureau.
Le Hezbollah a confirmé qu'une "personnalité de la résistance" contre Israël avait été visée, sans préciser son identité ni si elle avait été tuée.
Le président libanais Joseph Aoun a appelé la communauté internationale à "intervenir sérieusement et avec force pour mettre fin aux attaques contre le Liban" menées par Israël, soulignant que le Liban respectait de son côté le cessez-le-feu.
Shosh Bedrosian, porte-parole de M. Netanyahu, a affirmé à la presse ne pas pouvoir "donner le nom de la cible".
"Israël prend ses décisions de manière indépendante", a-t-elle précisée, interrogée pour savoir si les Etats-Unis avaient été tenus au courant de l'attaque.
Washington, qui fait partie avec Paris d'un comité international chargé de surveiller l'application du cessez-le-feu, n'a pas été prévenu à l'avance de l'attaque, a affirmé le correspondant israélien du site d'information Axios, citant deux responsables américains.
- "Ligne rouge" -
Israël a récemment intensifié ses frappes dans les bastions du Hezbollah au sud et à l'est du Liban, où il affirme viser le mouvement chiite qu'il accuse de violer le cessez-le-feu en se réarmant et réactivant ses infrastructures.
Le Hezbollah avait lancé les hostilités en ouvrant un front contre Israël au début de la guerre à Gaza, déclenchée par l'attaque du Hamas sur le sol israélien du 7 octobre 2023. Un cessez-le-feu est en vigueur dans le territoire palestinien depuis le 10 octobre.
"Nous continuerons à agir avec force pour prévenir toute menace contre les habitants du nord et l'Etat d'Israël. Quiconque lèvera la main contre Israël verra sa main coupée", a martelé le ministre israélien de la Défense, Israël Katz.
Le Hezbollah, sorti affaibli du conflit avec Israël, qui a culminé en deux mois de guerre ouverte avant la trêve, assure pour sa part respecter le cessez-le-feu.
Mais un haut responsable de la formation chiite, accouru sur le site frappé dimanche, a accusé Israël d'avoir "franchi une nouvelle ligne rouge".
Pour leur part, les autorités libanaises accusent régulièrement Israël de violer l'accord de cessez-le-feu conclu sous médiation américaine, en poursuivant ses frappes et en continuant d'occuper cinq points stratégiques du sud du territoire libanais.
Les Etats-Unis font dans le même temps pression sur le gouvernement libanais pour qu'il oblige le Hezbollah à rendre ses armes, ce que le groupe a jusqu'à présent refusé de faire.