Israël dit avoir effectué une frappe d'avertissement pour défendre les Druzes en Syrie
information fournie par Reuters 30/04/2025 à 16:54

Israël a déclaré mercredi avoir effectué une frappe d'avertissement en Syrie contre un groupe qui se préparait à attaquer des Druzes, un coup de semonce qui donne suite à sa promesse de protéger cette minorité en proie à des attaques près de Damas.

Plus d'une douzaine de personnes ont été tuées mardi dans une ville à majorité druze près de la capitale syrienne, Damas, par des hommes armés sunnites sur fond de tensions religieuses et Israël s'est dit prêt dans la foulée à intervenir dans le pays pour protéger les Druzes.

La violence s'est étendue mercredi à Sahnaya, où 11 personnes ont été tuées selon le ministère syrien de la Santé.

Dans une déclaration commune, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et le ministre de la Défense Israël Katz ont déclaré que la frappe avait touché un "groupe extrémiste" qui s'apprêtait à mener une attaque contre des Druzes à Sahnaya, au sud de Damas.

"Dans le même temps, un message a été transmis au régime syrien : Israël attend de lui qu'il agisse afin d'empêcher que les Druzes ne subissent des dommages", ont-ils déclaré.

Un porte-parole du ministère syrien de l'Intérieur, s'adressant à Reuters depuis Sahnaya, a déclaré qu'il n'avait pas reçu d'information sur une attaque.

Les violences ont été déclenchées par l'enregistrement sonore présumé d'un homme de confession druze maudissant le prophète Mahomet.

Le ministère syrien de l'Intérieur a indiqué mardi qu'il enquêtait sur l'origine de l'enregistrement et a appelé au calme.

La guerre qui sévit en Syrie depuis près de 14 ans a divisé le pays en plusieurs zones d'influence, les Druzes - une minorité arabe qui pratique une religion dérivée de l'islam - s'armant pour défendre leurs villes.

COMBATS INTENSES

Les habitants de Sahnaya ont fait état d'intenses combats de rue tout au long de la journée de mercredi.

"Nous sommes extrêmement paniqués et effrayés par les bombardements aveugles, qui obligent la plupart d'entre nous à rester enfermés", a déclaré Elias Hanna, habitant de la périphérie de Sahnaya.

"Nous craignons que les massacres de la côte ne se répètent près de Sahnaya contre les Druzes", a-t-il ajouté en se référant aux exactions contre des centaines d'alaouites - autre minorité de Syrie - dans l'ouest du pays en mars.

Les craintes des minorités ne cessent de croître en Syrie depuis qu'une coalition islamiste menée par le groupe Hayat Tahrir Al-Cham (HTC) a chassé du pouvoir l'ancien président Bachar al Assad en décembre, mettant en place ses propres gouvernement et forces de sécurité.

Le ministère syrien de l'Intérieur, cité par l'agence de presse d'état, a déclaré qu'il répondrait "d'une main de fer" contre toute personne cherchant à déstabiliser la Syrie.

Les nouveaux dirigeants islamistes de Damas ont exigé de contrôler l'ensemble des armes du pays, mais les combattants druzes ont résisté en affirmant que Damas n'assurait pas leur protection contre des groupes hostiles.

Les Druzes sont également présents par milliers en Israël et sur le plateau du Golan, que l'Etat hébreu occupe depuis qu'il l'a repris à la Syrie lors de la guerre des Six Jours, en 1967.

(Reportage Maayan Lubell à Jérusalem et Maya Gebeily à Beyrouth ; avec la contribution de Kinda Makieh, Khalil Ashawi et Orhan Qereman, rédigé par Ahmed Elimam et Tom Perry ; version française Etienne Breban, édité par Kate Entringer)