Israël affirme son droit de veto sur une force internationale à Gaza information fournie par AFP 26/10/2025 à 20:01
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a affirmé dimanche son droit de veto sur les membres de la force internationale qui devrait sécuriser l'après-guerre dans la bande de Gaza, que son allié américain tente de mettre en place.
Israël, qui contrôle tous les accès du territoire palestinien, a permis à un convoi égyptien d'y entrer pour aider à retrouver les dépouilles d'otages toujours aux mains du mouvement islamiste palestinien Hamas.
Ce dernier les retient depuis son attaque sans précédent menée contre Israël le 7 octobre 2023, qui avait déclenché la guerre à Gaza.
En vertu du plan du président Donald Trump, sur lequel est basé l'accord de cessez-le-feu, une force internationale de stabilisation, formée principalement de troupes de pays arabes et musulmans, doit se déployer à Gaza à mesure que l'armée israélienne s'en retirera.
"Nous avons (...) clairement indiqué au sujet des forces internationales qu'Israël déciderait quelles forces sont inacceptables pour nous", a déclaré M. Netanyahu, opposé au déploiement de forces de Turquie, pays qui entretient des liens étroits avec le Hamas.
"Nous sommes un Etat indépendant", a-t-il martelé devant ses ministres. "Notre politique de sécurité est entre nos mains."
Vendredi, le secrétaire d'Etat américain Marco Rubio a dit au sujet de cette force qu'il faudrait "que ce soient des personnes ou des pays avec lesquels Israël se sente à l'aise", après qu'une source du ministère turc de la Défense avait fait état de discussions sur une participation turque.
La première phase de l'accord de cessez-le-feu, entré en vigueur le 10 octobre, prévoit, outre le cessez-le-feu, la libération de tous les otages, vivants et morts, des retraits israéliens dans Gaza et l'afflux d'aides humanitaires dans le territoire ravagé par l'offensive israélienne de représailles.
- "Pas d'excuse" -
Le Hamas a libéré au 13 octobre l'ensemble des 20 otages vivants. Il devait aussi rendre à cette date les 28 corps des captifs qu'il retient, mais il n'en a restitué que 15 jusque-là, arguant de difficultés pour trouver les dépouilles.
Dimanche avant l'aube, des véhicules et des camions égyptiens transportant des engins lourds de chantier sont entrés dans Gaza. Shosh Bedrosian, la porte-parole du gouvernement Netanyahu, a confirmé qu'une équipe technique égyptienne avait été autorisée à y entrer "pour rechercher nos otages".
"Nous ne donnerons pas à l'occupation (israélienne) une excuse pour reprendre la guerre. De nouvelles zones seront accessibles pour rechercher certains corps" d'otages, a indiqué samedi le négociateur en chef du Hamas, Khalil al-Hayya.
Dans ses étapes ultérieures, le plan Trump prévoit aussi de nouveaux retraits israéliens dans Gaza, le désarmement du Hamas, ainsi que la reconstruction du territoire notamment.
Le Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007, a jusqu'à présent refusé d'envisager son désarmement et réclame le retrait total des forces israéliennes qui occupent aujourd'hui environ la moitié du territoire palestinien.
"Nos armes sont liées à l'occupation (israélienne). Si l'occupation prend fin, ces armes reviendront à l'Etat. La question des armes fait toujours l'objet de discussions avec les factions (palestiniennes) et les médiateurs, et l'accord n'est qu'à ses débuts", a dit M. Hayya dimanche dans un communiqué.
Jeudi, le vice-président américain JD Vance a déclaré que la force internationale devrait être en première ligne pour assurer le désarmement du Hamas.
"Gaza sera démilitarisée" et cela "se fera de manière facile ou à la dure", a répété Mme Bedrosian en réaffirmant qu'Israël "exercera un contrôle sécuritaire total sur Gaza".
- "Ni eau, ni électricité, ni argent" -
Malgré le cessez-le-feu, les habitants du territoire palestinien assiégé par Israël continuent de vivre dans des conditions très dures.
"La faim est toujours présente" car l'aide humanitaire entrant à Gaza depuis le cessez-le-feu est "insuffisante", selon l'ONU.
Hiam Moqdad, une grand-mère de 62 ans, est retournée à Gaza-ville, où elle a, avec sa famille, installé une tente sur les décombres de leur maison détruite.
"On souffre pour avoir de l'eau", dit-elle, ajoutant n'avoir "ni argent ni revenu", ni "matelas" ni "électricité".
"Les enfants ne disent plus +je veux aller à l'école+, mais plutôt +je veux aller chercher de l'eau ou des colis alimentaires+."
L'attaque du 7-Octobre a entraîné côté israélien la mort de 1.221 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l'AFP à partir de données officielles.
L'offensive israélienne menée en représailles a fait 68.519 morts à Gaza, en majorité des civils, selon les chiffres du ministère de la Santé du Hamas.