Intrusion de drones: la Pologne en quête de soutiens saisit le Conseil de sécurité de l'ONU information fournie par AFP 11/09/2025 à 21:27
En quête de soutiens diplomatiques après l'intrusion de drones présumés russes sur son territoire, la Pologne a annoncé jeudi avoir saisi le Conseil de sécurité de l'ONU, qui se réunira en urgence vendredi.
Jugée délibérée par Varsovie et ses alliés mais récusée par Moscou, l'intrusion d'une vingtaine de drones venus du ciel ukrainien et du Bélarus a suscité une vive émotion en Pologne, qui réclame un renforcement sur son sol des capacités militaires de l'UE et de l'Otan.
La saisine du Conseil de sécurité vise à "attirer l'attention du monde entier sur cette attaque sans précédent menée par des drones russes contre un pays membre non seulement de l'ONU, mais aussi de l'Union européenne et de l'Otan", a justifié le chef de la diplomatie polonaise Radoslaw Sikorski à la radio RMF FM.
La présidence sud-coréenne du Conseil de sécurité a indiqué qu'il se réunirait vendredi à 15H00 (19H00 GMT) à New York. Ce conseil est composé de cinq membres permanents disposant du droit de veto, divisés en deux groupes opposés géopolitiquement: d'un côté les Etats-Unis, la France et le Royaume-Uni - pays alliés de la Pologne et de l'Ukraine -, de l'autre la Russie et la Chine.
L'intrusion des drones dans la nuit de mardi à mercredi est survenue dans un contexte déjà très tendu, à la veille de grandes manœuvres militaires communes russo-bélarusses, baptisées Zapad-2025 (Ouest-2025). Programmées de vendredi à mardi prochain, elles ont conduit la Pologne à fermer sa frontière avec le Bélarus à partir de jeudi et limiter le trafic aérien à ses frontières orientales.
La Russie a demandé jeudi à Varsovie de "reconsidérer la décision prise (la fermeture de la frontière bélarusse) dans les plus brefs délais", dénonçant des "mesures de confrontation" et une "politique d'escalade des tensions".
La Lituanie et la Lettonie ont également annoncé des restrictions du trafic aérien à leurs frontières avec la Russie et le Bélarus.
- Pas de preuves -
Selon Varsovie, 19 drones sont entrés dans l'espace aérien polonais, sans faire de blessés. Au moins trois drones, "de fabrication russe", selon M. Sikorski, ont été abattus par l'armée polonaise et ses alliés de l'Otan.
Le ministre polonais de la Défense Wladyslaw Kosiniak-Kamysz affirme que les drones ont décollé des régions russes de Briansk, Koursk, Orel et Krasnodar, et de la Crimée ukrainienne occupée par la Russie.
Les autorités russes ont nié toute implication, reprochant à Varsovie de n'avoir avancé aucune preuve matérielle.
Plusieurs alliés de la Pologne ont promis ou proposé d'envoyer des renforts pour "la police du ciel" de l'Otan.
L'Allemagne a ainsi annoncé prolonger sa mission de protection de l'espace aérien polonais de trois mois et doubler le nombre de ses avions de combat. Les Pays-Bas ont décidé d'accélérer la livraison de deux batteries de missiles Patriot, et de déployer des systèmes de défense antiaérienne et anti-drones, avec 300 militaires.
La République tchèque va déployer trois hélicoptères Mi-17. La France a annoncé la mobilisation de trois chasseurs Rafale tandis que, toujours selon Varsovie, les Britanniques vont engager des Eurofighter. La Suède va elle aussi muscler son effort.
- "Fuite en avant" -
Le président polonais Karol Nawrocki avait convoqué pour jeudi après-midi une réunion d'un Conseil de la sécurité nationale avec le chef du gouvernement Donald Tusk, les ministres compétents en matière de sécurité, des responsables du Parlement et tous les partis représentés au parlement.
A l'issue de la réunion, M. Tusk a dit vouloir "coopérer étroitement avec l'Ukraine (...) pour construire une barrière anti-drones aussi efficace que possible". "Nous avons déjà convenu dans les heures à venir d'avoir des discussions concrètes et un échange d'expériences avec la partie ukrainienne", a-t-il précisé.
L'intrusion des drones a provoqué une avalanche de protestations des alliés de la Pologne, de Berlin à Paris, de Washington à Bruxelles.
Le Conseil de l'Atlantique Nord, principal organe de décision politique de l'Otan, a modifié le format de sa réunion hebdomadaire, pour la tenir dans le cadre de l'article 4 du traité constitutif de cette organisation, dont Varsovie a demandé l'activation.
Cet article stipule que "les parties se consulteront chaque fois que, de l'avis de l'une d'elles, l'intégrité territoriale, l'indépendance politique ou la sécurité de l'une des parties sera menacée".
La Chine a appelé au "dialogue" et à la "consultation", disant espérer que "toutes les parties concernées résoudront de façon appropriée leurs différends", selon Lin Jian, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.
Suède et République tchèque ont indiqué jeudi soir avoir convoqué les ambassadeurs russes en poste sur leurs territoires pour protester.