Intérêts économiques de l'UE : une série d'initiatives présentées ce mercredi
information fournie par Boursorama avec Media Services 24/01/2024 à 09:19

La commissaire européenne à la Concurrence, Margrethe Vestager, à Bruxelles le 8 janvier 2024. ( AFP / KENZO TRIBOUILLARD )

Parmi les cinq initiatives présentées ce mercredi 24 janvier, le renforcement du mécanisme de contrôle des investissements étrangers en Europe entré en vigueur fin 2020, dont l'action doit être plus coordonnée.

Objectif : mieux protéger les intérêts économiques de l'Union européenne et éviter que ses technologies sensibles ou infrastructures critiques ne tombent entre les mains de rivaux tels que la Chine. Ce mercredi 24 janvier, Bruxelles dévoile une série d'initiatives. Ce paquet sera présenté à la mi-journée par les commissaires européens à la Concurrence, Margrethe Vestager, et au Commerce, Valdis Dombrovskis.

Il contient cinq initiatives, dont le renforcement du mécanisme de contrôle des investissements étrangers en Europe entré en vigueur fin 2020, dont l'action doit être plus coordonnée. "Une part significative des investissements dans l'UE se dirigent vers des États membres qui n'ont toujours pas de mécanisme de contrôle, ce qui crée des vulnérabilités", souligne un document de travail consulté par l'AFP. La Commission va aussi proposer une meilleure coordination des contrôles à l'exportation, des moyens pour promouvoir la recherche et le développement de technologies à double usage civil et militaire, ainsi que des mesures visant à renforcer la sécurité de la recherche.

L'exécutif européen souhaite également examiner les risques des investissements européens vers des pays tiers en matière de fuite des savoirs dans certaines technologies clé afin de déterminer si des mesures d'atténuation sont nécessaires. En octobre, l'UE avait dévoilé une liste de quatre secteurs stratégiques à protéger de façon prioritaire : semi-conducteurs, intelligence artificielle, informatique quantique et biotechnologies.

Un électrochoc

La crise du Covid en 2020 puis la guerre en Ukraine ont provoqué un électrochoc en Europe, la poussant par exemple à se doter d'un nouvel instrument lui permettant de punir tout pays utilisant des sanctions économiques pour faire pression sur un de ses membres, comme l'a fait la Chine contre la Lituanie. La pandémie a révélé les fragilités des chaînes d'approvisionnement victimes de la fermeture des frontières en Chine. Le conflit avec la Russie a montré le risque de la dépendance au gaz russe.

L'UE, longtemps réputée naïve, est en train de mettre en oeuvre des mesures volontaristes pour produire davantage sur son territoire et réduire la dépendance aux importations chinoises dans les puces électroniques, les éoliennes ou les panneaux solaires. "Le changement dans les relations avec la Chine a été la force motrice pour la prise en compte du sujet de la sécurité économique, c'est quelque chose d'extrêmement nouveau pour l'UE", souligne Mathieu Duchâtel, directeur des études internationales à l'Institut Montaigne, un centre de réflexion basé à Paris.

L'Europe cherche un équilibre subtile : muscler son jeu tout en restant un continent ouvert, réduire les risques vis-à-vis de la Chine mais sans renoncer aux relations économiques avec un marché clé pour ses entreprises. Elle veut aussi trouver son propre positionnement à l'égard de Pékin, malgré les pressions exercées par les Etats-Unis en faveur d'une ligne dure.

Les vingt-sept notoirement divisés sur la sécurité économique

Les débats sur la sécurité économique sont toujours intenses au sein même de l'UE. Les vingt-sept restent notoirement divisés entre partisan d'un libre-échangisme à tout crin et défenseurs d'une approche interventionniste au nom de la souveraineté. "Le gros problème est que chaque État membre fait ce qu'il veut dans le domaine de la politique étrangère et la coordination s'avère très difficile", estime Niclas Poitiers, chercheur au centre de réflexion Bruegel.

La Hongrie joue ainsi sa propre propre partition, soignant sa relation avec Pékin quitte à prendre les initiatives de la Commission à contre-pied. "Les idées de dissociation, de réduction des risques, d'isolement des économies orientales et occidentales sont des choses que nous ne soutenons certainement pas", a déclaré mardi le ministre hongrois du Commerce et des Affaires étrangères, Peter Szijjarto, avant une réunion avec ses homologues à Bruxelles.