"Ici c'est l'enfer": travailler devant un four en plein été saoudien information fournie par AFP 15/08/2025 à 10:48
Dans une boulangerie de Ryad, Aïd Ahmed transpire à grosses goûtes et tente d'éviter le souffle brûlant du four devant lequel il travaille treize heures par jour. Un "enfer" dit-il avec des températures extérieures dépassant 45°C.
Cet Egyptien de 35 ans, porte un masque et une charlotte en plastique, imposés par des règles sanitaires strictes qui accroissent son inconfort.
Pour se rafraîchir, il garde à portée de main une bouteille d'eau glacée et une serviette humide qu'il applique régulièrement sur son visage.
En journée, les rues se vident, et de nombreux travailleurs en plein air bénéficient d'une pause obligatoire entre midi et 15h de mi-juin à septembre, dans un pays qui connaît chaque année des étés suffocants, où les températures flirtent avec 50°C.
Mais M. Ahmed, qui travaille de 11H00 à minuit, poursuit son travail sans répit, comme d'autres employés de restaurants et de boulangeries.
"Dehors, il fait chaud, mais à l'intérieur, c'est la fournaise", dit-il en enfournant une pelle en bois chargée de quatre pâtons qu'il retire quelques instants plus tard, une fois qu'ils se sont transformés en miches brûlantes et fumantes.
Il y a cinq ans, ce père de trois enfants a trouvé un emploi en Arabie saoudite avec un salaire mensuel de 3.000 ryals (environ 750 euros), dont il envoie l'essentiel à sa famille restée en Egypte.
L'ONG Human Rights Watch a appelé les pays du Golfe à mieux protéger les travailleurs migrants contre la chaleur extrême.
Les autorités saoudiennes n'ont pas donné suite aux questions de l'AFP à ce sujet.
- "Même avec 10 climatiseurs" -
"Devant le four, "c'est comme l'enfer" et "à la mi-journée, je suis déjà vidé", affirme M. Ahmed, qui dit s'allonger en fin de journée au moins trente minutes pour récupérer.
Les clients de la boulangerie préfèrent attendre à l'extérieur, à l'ombre, malgré la chaleur.
Parmi eux, Haitham Massad, directeur commercial de 40 ans, pour qui rester ne serait-ce que quelques minutes à l'intérieur de la boulangerie, où "la chaleur dépasse sans doute 50°C", est "difficilement supportable".
"Être exposé une heure à 40°C au soleil équivaut à rester devant un four à 200°C pendant la même durée, cela peut entraîner une déshydratation sévère et mettre les organes vitaux en danger", explique à l'AFP Karim Elgendy, spécialiste du climat au Carboun Institute des Pays-Bas.
Il recommande de s'éloigner régulièrement des fours ou de les éteindre par moments.
Des conseils difficiles à appliquer pour Hani al-Daïssi, un Yéménite de 26 ans qui gère un restaurant à Ryad. Quand sa salle climatisée se remplit aux heures de pointe, dans sa cuisine étroite, la chaleur des grills et marmites rend l'air difficilement respirable.
"Même avec dix climatiseurs, l'air dans la cuisine ne refroidirait pas", lâche-t-il. "J'ai l'impression que dehors, les gens vivent dans un monde, et nous, dans un autre. Ici, c'est l'enfer".