Hôpital : le gouvernement plafonne la rémunération des médecins intérimaires
information fournie par Boursorama avec Media Services 03/04/2023 à 15:09

Le ministre de la Santé se prépare à un printemps difficile : "Les intérimaires vont se mettre en grève ou refuser de travailler, on le sait parfaitement, ça va durer un mois".

( AFP / SEBASTIEN BOZON )

1.390 euros brut pour 24 heures, pas un de plus : à partir de lundi 3 avril, les hôpitaux ne peuvent plus rémunérer les médecins intérimaires comme bon leur semble. Le gouvernement a décidé de faire appliquer un plafonnement qui existe depuis 2016 mais n'avait jamais été mis en œuvre réellement.

Il y a sept ans, la mesure visait les médecins "mercenaires". Mais elle s'est depuis heurtée aux murs.

Quand l'ancienne ministre Agnès Buzyn fixe en 2018 le tarif maximal à 1.400 euros pour 24 heures, les intéressés répliquent par une "liste noire" des hôpitaux à "éviter". Quand le dispositif est renforcé avec une deuxième loi en 2021, alors que le prix de la garde est descendu à 1.170 euros, Olivier Véran suspend in extremis son entrée en vigueur, en pleine vague hivernale de Covid.

Un an et demi plus tard, François Braun promet à son tour d' en finir avec "l'intérim cannibale" et ses "dérives" -jusqu'à 4.000 voire 5.000 euros brut pour 24 heures- "qui signeront à court terme la mort de notre service public hospitalier".

Ce qui ne l'empêche pas de lâcher, une semaine avant la date butoir, une hausse de 20%, à 1.390 euros (brut) pour 24 heures. "Une somme tout à fait acceptable" , estime-t-il.

Risques de grève

Mais en coulisse, le ministre se prépare depuis des mois à un printemps difficile. "Les intérimaires vont se mettre en grève ou refuser de travailler, on le sait parfaitement, ça va durer un mois" , prédisait-il déjà en octobre. Pour "franchir le cap", les agences régionales de santé ont été chargées de faire jouer la "solidarité territoriale" entre hôpitaux dans "toutes les zones à risque". Combien et où ? "La situation évolue chaque jour", esquive-t-on avenue de Ségur.

"Nous travaillons avec les ARS (Agences régionales de santé) et avons des solutions pour les trois premières semaines d'avril. Il n'y a pas de service qui va fermer de façon sèche, grâce à la mobilisation des établissements, des médecins" et à la "solidarité territoriale", a assuré lundi le ministre de la Santé.

Un certain nombre de médecins intérimaires, qui sont cruciaux pour beaucoup d'hôpitaux de petites et moyennes villes, ont assuré qu' ils ne viendraient pas travailler s'ils ne pouvaient plus négocier leurs tarifs. "On suit l'affaire deux fois par jour, les plannings (des hôpitaux) sont remplis", a assuré François Braun. "Je ne doute pas que de nombreux intérimaires reviennent".

"Fermeture imminente"

Dans un pointage en fin de semaine dernière, le Syndicat national des médecins remplaçants hospitaliers (SNMRH) recensait 167 services "menacés de fermeture imminente" dans une centaine d'hôpitaux en France.

Les services menacés de fermeture ou de perturbations de fonctionnement sont souvent des services très sensibles pour les élus locaux et la population , comme les maternités, les urgences ou les blocs opératoires.

"Il y a eu des dérives de l'intérim", a indiqué lundi François Braun. "C'est un système de marchandisation de la santé qu'il faut condamner et c'est contre ça que je me bats".