Hong Kong-Le bilan de l'incendie s'alourdit à 151 morts, nouvelles arrestations information fournie par Reuters 01/12/2025 à 12:10
par Clare Jim et Jessie Pang
Les autorités de Hong Kong ont annoncé lundi l'arrestation de 13 personnes soupçonnées d'homicide involontaire dans le cadre de l'enquête sur l'incendie qui a embrasé plusieurs tours d'habitation la semaine dernière, faisant au moins 151 morts.
Quarante personnes sont toujours portées disparues. Secours et police ont retrouvé des corps pris au piège dans les cages d'escalier et sur les toits des tours.
"Certains corps sont réduits en cendres, et il est donc possible que nous ne puissions pas retrouver toutes les personnes disparues", a déclaré à la presse Tsung Shuk Yin, responsable de la police.
Les bâtiments restant à fouiller sont "les plus difficiles", a déclaré dimanche à la presse Amy Lam, officier supérieur de la police. La dernière étape des recherches pourrait prendre plusieurs semaines, a-t-elle précisé.
Selon les enquêteurs, les matériaux utilisés pour la rénovation des tours, ceintes d'échafaudages en bambou au moment de l'incendie, n'étaient pas conformes aux normes dans des zones difficiles d'accès, ce qui les rendaient indétectables lors des inspections.
Les tests effectués sur plusieurs échantillons d'un filet vert qui entourait les échafaudages en bambou ne correspondaient pas aux normes d'ignifugation, ont par ailleurs déclaré les responsables de l'enquête lors d'une conférence de presse.
La mousse isolante employée par les entreprises chargées des rénovations a également attisé les flammes, ont expliqué les autorités, soulignant que les alarmes incendie du complexe ne fonctionnaient pas correctement.
Les immeubles d'habitation abritaient plus de 4.000 personnes, selon les données du recensement. Plus de 1.100 personnes ont été transférées des centres d'évacuation vers des logements temporaires, et 680 autres ont été hébergées dans des auberges de jeunesse et des hôtels, selon les autorités.
PÉKIN MET EN GARDE CONTRE TOUTE SÉDITION
Des milliers de personnes sont venues rendre hommage aux victimes, parmi lesquelles figurent au moins neuf employées de maison indonésiennes et une Philippine.
Face à la colère de l'opinion publique, Pékin a prévenu qu'elle réprimerait toute manifestation "anti-Chine".
L'année dernière, les autorités avaient assuré aux résidents du quartier qu'ils étaient exposés à des "risques d'incendie relativement faibles" alors qu'ils s'étaient plaints des risques d'incendie posés par les rénovations, a déclaré le département du travail de la ville.
Un Hongkongais de 24 ans a été arrêté par la police après avoir lancé une pétition demandant une enquête indépendante sur une éventuelle corruption et un réexamen de la surveillance de la construction, ont déclaré deux personnes au fait de l'affaire. Reuters n'a pu confirmer cette information de source indépendante.
Deux autres personnes ont également été arrêtées depuis lors, soupçonnées d'intentions séditieuses, selon le South China Morning Post. La police a refusé de commenter ces arrestations.
Le chef de la sécurité de Hong Kong, Chris Tang, a évoqué lundi sans plus de détails des "mesures coercitives" lors d'une conférence de presse.
"J'ai remarqué que certaines personnes mal intentionnées, visant à nuire à Hong Kong et à la sécurité nationale, ont profité de ce moment douloureux pour la société", a-t-il déclaré. "Par conséquent, nous devons prendre les mesures appropriées, y compris des mesures coercitives."
Samedi, le bureau de la sécurité nationale de la Chine a mis en garde contre toute instrumentalisation de l'incendie pour "replonger Hong Kong dans le chaos" de 2019, lorsque des manifestations massives en faveur de la démocratie avaient défié Pékin et déclenché une crise politique.
"Nous mettons sévèrement en garde les perturbateurs anti-Chine qui tentent de 'perturber Hong Kong par une catastrophe'", a déclaré le bureau dans un communiqué. "Quelles que soient les méthodes que vous utilisez, vous serez tenus pour responsables et strictement punis".
(Reportages Jessie Pang, Nicoco Chan, James Pomfret et Farah Master ; rédigé par John Geddie ; version française Etienne Breban ; édité par Sophie Louet)