Honduras-Asfura, soutenu par Trump, déclaré vainqueur d'une présidentielle contestée
information fournie par Reuters 25/12/2025 à 02:12

par Laura Garcia et Iñigo Alexander

Le candidat conservateur Nasry Asfura, soutenu par le président américain Donald Trump, a été déclaré mercredi vainqueur de l'élection présidentielle au Honduras, plus de trois semaines après la tenue du scrutin, dont le décompte a été marqué par des retards, des problèmes techniques et des accusations de fraude.

Selon la commission électorale nationale (CNE), Nasry Asfura a remporté 40,3% des suffrages, contre 39,5% pour son rival centriste Salvador Nasralla. La candidate du parti de gauche au pouvoir, Rixi Moncada, a terminé loin derrière.

Nasry Asfura, ancien maire de la capitale Tegucigalpa, a fait campagne avec une plateforme pro-business, déclarant que les investissements privés étaient nécessaires pour faire avancer le pays, tout en érigeant comme priorités politiques l'emploi, l'éducation et la sécurité. Il a également laissé entendre que le Honduras pourrait s'éloigner de la Chine et se rapprocher de Taïwan.

Alors que le décompte a été chaotique, environ 15% des feuilles de pointage - soit des centaines de milliers de votes - contenaient des incohérences et ont dû être réexaminées par la CNE. Le vainqueur a été déterminé par des calculs à la main.

Dans les semaines ayant suivi le scrutin du 30 novembre, la gauche au pouvoir a appelé à manifester contre ce qu'elle a dénoncé comme un "putsch électoral". Cette contestation a perturbé le nouveau décompte des voix, des représentants électoraux n'ayant pu accéder au bâtiment où les feuilles de pointage étaient conservées.

Les résultats annoncés mercredi ont été approuvés par deux membres de la commission électorale nationale et par un adjoint. Symbole des tensions, le troisième membre de la CNE, Marlon Ochoa, n'était pas présent sur la vidéo annonçant le vainqueur.

"AUCUNE VALEUR"

Via le réseau social X, Nasry Asfura a dit être "prêt à gouverner" et a promis "de ne pas décevoir" les Honduriens.

Il doit être investi à la présidence le 27 janvier prochain, pour un mandat de quatre ans.

Salvador Nasralla a rejeté l'annonce de la CNE, reprochant à la commission d'avoir exclu des bulletins selon lui valables, mais exhortant toutefois ses partisans à rester calmes et à s'abstenir de quelconques troubles ou violences.

"C'est le Noël le plus triste pour la population hondurienne", a-t-il dit au cours d'une conférence de presse. "Je n'accepterai pas des résultats basés sur des omissions. La démocratie ne s'arrête pas pour des raisons de fatigue ou parce que nous sommes le 24 décembre", a ajouté celui qui était candidat à la présidentielle pour la troisième fois.

Le président du Congrès, le socialiste Luis Redondo, a écrit sur le réseau social X que les résultats annoncés par la CNE n'avaient "aucune valeur". "C'est complètement hors la loi", a-t-il dit.

Donald Trump a ouvertement apporté son soutien à Nasry Asfura, 67 ans, laissant entendre qu'il pourrait mettre fin aux aides apportées par les Etats-Unis au Honduras en cas de défaite du candidat conservateur. Asfura est "le seul vrai ami de la liberté au Honduras", a-t-il écrit sur son réseau social Truth en amont du scrutin.

Quand le décompte des suffrages a pris du retard, le président américain a dénoncé sans preuve une fraude électorale, prévenant qu'il y aurait de "graves conséquences" si les résultats préliminaires donnant Nasry Asfura vainqueur n'étaient pas confirmés.

En soutenant Nasry Asfura, ont dit des experts, Donald Trump a pour objectif de favoriser le développement d'un bloc conservateur en Amérique latine, avec le Salvador de Nayib Bukele et l'Argentine de Javier Milei.

"Les Etats-Unis félicitent le président-élu Asfura et ont hâte de travailler avec son administration pour faire avancer la prospérité et la sécurité dans notre hémisphère", a déclaré mercredi le secrétaire d'Etat américain, Marco Rubio, sur le réseau social X, appelant tous les partis politiques honduriens à garantir une "transition pacifique".

(Leonel Estrada, Laura Garcia et Iñigo Alexander; version française Jean Terzian)