Guerre en Ukraine : pourquoi le Donbass est-il au centre des négociations de paix ?
information fournie par Boursorama avec Media Services 22/08/2025 à 16:40

Vladimir Poutine exige qyue l'Ukraine lui cède l'intégralité du Donbass, une région riche et lourdement foritifée. Mais conserver la région "en va de la survie de notre pays", sleon Volodymyr Zelensky.

Un maison détruite par une attaque dans la région de Pokrovsk, en Ukraine, le 22 avril 2025. ( AFP / ROMAN PILIPEY )

C'est une région en guerre depuis 2014 et l'émergence d'un mouvement séparatiste soutenu par Moscou. Le Donbass, vaste région minière et industrielle de l'est de l'Ukraine, est au coeur des combats depuis le début de l'invasion russe. Et elle est désormais au centre des négociations de paix.

La Russie réclame que l'Ukraine lui cède l'intégralité de ce territoire, qui comprend globalement les régions de Donetsk et de Lougansk, bien que l'armée russe ne les contrôle pas entièrement.

Kiev refuse ces revendications car, au-delà des considérations territoriales, il s'agit de la portion la mieux défendue du front , composée d'une ceinture de villes-forteresses et de centaines de kilomètres de tranchées et de champs de mines.

Voici ce qu'il faut savoir sur cette région stratégique :

• Qu'est-ce que le Donbass ?

Le Donbass, appelé ainsi d'après le fleuve Donets et son bassin minier, est une zone plus grande que la Suisse, qui représente 9% du territoire ukrainien. La région est en guerre depuis 2014, début d'une insurrection séparatiste soutenue par la Russie.

D'après un recensement de 2001, six millions de personnes habitaient ce territoire, mais il est désormais très compliqué de déterminer combien d'entre elles se trouvent toujours sur place. Le Donbass est une région traditionnellement russophone , même si de nombreux ukrainophones y vivent aussi.

D'après les données de l'Institut américain pour l'étude de la guerre (ISW), la Russie contrôle 79% de la région de Donetsk, et la quasi-totalité de celle de Lougansk. L'Ukraine assure de son côté que la Russie ne contrôle qu'entre 67 et 69% de la région de Donetsk. Le reste de ce territoire encore sous contrôle ukrainien, et notamment les villes de Kramatorsk et Sloviansk, sont au coeur des revendications de Moscou.

• Ceinture de fortifications

L'avancée des troupes russes a déjà conduit à la chute de plusieurs villes très fortifiées du Donbass telles que Bakhmout en mai 2022, Avdiïvka en février 2024 et Vougledar en octobre 2024. Leur progression menace désormais les forteresses de Kostyantynivka et Droujkivka ou encore le noeud logistique de Pokrovsk .

"L'Ukraine a passé les onze dernières années à investir du temps, de l'argent et des efforts pour renforcer cette ceinture de fortifications", explique l'ISW.

Les troupes russes "n'ont aucun moyen d'encercler ou de pénétrer rapidement" ces fortifications, et il leur faudrait des années pour y parvenir, affirme cet institut.

Depuis le début de l'invasion russe en 2022, Moscou a réussi à conquérir un tiers de la région de Donetsk. De sanglantes batailles opposant l'armée ukrainienne aux forces d'invasion russes ont eu lieu dans la région de Donetsk, notamment à Marioupol, à Bakhmout et à Avdiïvka.

Le Donbass a aussi une signification particulière pour le président ukrainien Volodymyr Zelensky : son grand-père, soldat dans l'armée soviétique, y a combattu contre l'armée allemande en 1943, comme beaucoup d'Ukrainiens.

• Ressources naturelles

Le Donbass est historiquement connu pour ses mines de charbon et son industrie, mais ce sont désormais d'autres ressources qui aiguisent les appétits. La région est riche en minerais bruts, comme le lithium, l'uranium et le titanium , ainsi qu'en terres rares, encore inexploitées dans ces territoires occupés ou ravagés par les combats. En mai, Washington et Kiev ont signé un accord qui autorise les États-Unis à exploiter les gisements de terres rares et autres minéraux en Ukraine.

• Quel avenir pour le Donbass ?

Abandonner le Donbass pourrait s'avérer catastrophique pour la sécurité de l'Ukraine, insistent des experts et responsables ukrainiens. Cela représenterait "une porte ouverte pour une future invasion" du reste de l'Ukraine par la Russie, affirme Andreas Umland, analyste à Kiev au Centre de Stockholm pour les études sur l'Europe de l'Est.

Selon l'ISW, le terrain et le paysage plat à la frontière administrative de la région ne se prêtent guère à la construction de fortifications.

Céder cette zone placerait l'Ukraine dans "une position nettement moins défendable que la ligne (de front) actuelle" , ajoute cet institut, et ouvrirait potentiellement la voie vers les villes de Dnipro et Kharkiv, deux centres urbains importants.

Conserver le Donbass "en va de la survie de notre pays", a résumé Volodymyr Zelensky.